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lundi 1 décembre 2025

UNE SEMAINE DE VACANCES DE BERTRAND TAVERNIER 1980

 





Synopsis :

Laurence habite dans le quartier Saint-Paul dans le Vieux Lyon, traboules et bouchons, et est professeur dans un collège.
Elle a une vue idéaliste de son métier mais est en plein doute sur son utilité a construire des élèves. En plein burnout, comme on ne disait pas à l'époque, elle se met au caduche pour une semaine afin de faire le point.
Elle en profite pour rendre visite à son père malade, sympathiser avec un parent d'élève turbulent et rencontrer un collègue Michel Descombes du film de Tavernier "L'horloger De Saint-Paul"...








Tavernier retourne dans son quartier pour nous narrer ce récit sociétal particulièrement bien écrit sur le grand bouleversement qui s'opérait alors dans l'éducation nationale, j'en sais quelque chose j'avais 8 ans à l'époque et était scolarisé à 30 km des lieux du tournage : la fin de l'école des années 60 et 70 et le début des conneries et du naufrage.
Les dialogues sont admirables et admirablement joués par le quatuor Baye, Galabru, Lanvin et Noiret qui apporte une humanité qui fait du bien.
Lyon, qui était à l'époque une ville dans laquelle on pouvait vivre et flâner en toute sécurité, est filmée avec les yeux amoureux du réalisateur et pour moi, c'est un peu l'équivalent de tourner les pages d'un vieil album de photos de famille.
"Les villes changent plus vite que les gens" dit la mère de l'héroïne dans le film, tout est dit.
















samedi 29 novembre 2025

LA MACHINE À TUER LES MECHANTS DE ROBERTO ROSSELLINI 1952

 





Synopsis : 

Dans un petit village de pécheur, au sud de Naples,

Des américains débarquent pour transformer le cimetière du village en un hôtel luxueux, ils renversent sur leur chemin un vieux pouilleux qui disparaît subitement, comme s'il n'avait jamais existé.
Lors de la fête du saint local, le vieux réapparaît chez Célestino, le photographe du village. Il lui montre comment "tuer les méchants (vaste programme)" avec son appareil photo.
Célestino va alors appliquer sa propre justice, entre les riches qui vivent en haut et les loqueteux qui vivent en bas qui sont tous autant jaloux dès qu'un malheureux lire est en jeu...








Rossellini tourne cette rare comédie dans son style néoréaliste, c'est-à-dire documentaire, naturaliste, avec des habitants du coin dans leur jus.
Une petite touche de fantastique et quelques bonnes idées : le fasciste mort le bras en l'air et enterré dans un cercueil adapté ou l'américaine qui rend les males du coin zinzins.
Il manque peut-être un Alberto Sordi ou un Vittorio Gassman pour que ce film devienne un peu plus mémorable, la Comédie À l'Italienne en était à son balbutiement, mais le gars qui joue Célestino est assez bon.















jeudi 27 novembre 2025

ANTOINE ET SEBASTIEN DE JEAN-MARIE PERIER 1974

 





Synopsis :

Antoine, ancien pilote, tient un aérodrome de vieux coucous. Il a une fille franco-italienne, Nathalie et une aversion pour les américains.
Il est également le tuteur de Sébastien, actuellement à l'armée, qu'il considère comme son fils.
Nathalie s'entiche d'un bel étranger qui a le malheur d'être américain.
Antoine décide de lui casser la baraque, comme on disait à l'époque, et de mettre Nathalie dans les bras de Sébastien...








Le portraitiste des idoles a décidé à l'époque de passer de l'image fixe à celles en action et comme on est jamais mieux entre proches, engage le papounet adoptif et le pote qui était le compagnon de son ancienne amoureuse.
Dutronc donc, dont c'est le premier film et dont le talent inné d'acteur crève les mirettes joue un jeune anar qu'il était alors.
Nathalie est jouée par la belle multilingue Ottavia Piccolo qui retrouvera Dutronc dans "Madot" de Sautet.
François Périer est ici en roue libre, interprétant un Antoine un peu ébréché du ciboulot, apportant une sorte de burlesque surréaliste au récit.
Marie Dubois, une des légendes de la nouvelles vague, interprète l'amante de passage de Sébastien, avec son charme naturel toujours bouleversant.
Keith Carradine, qui a fait une carrière modeste par rapport à son frère et son père, on se souvient de "John McCabe" de Robert Altman et des "Duellistes" de Ridley Scott, incarne l'amerloque sur lequel s'abat les lazzi.

Un bon petit film, qui plaira aux nostalgiques des années 70 où tout était permis, le Jean-Marie n'étant pas un manchot.
















samedi 22 novembre 2025

VERMIGLIO OU LA MARIEE DES MONTAGNES DE MAURA DELPERO 2024

 





Synopsis :

À Vermiglio dans le Trentin vers la fin de la seconde guerre mondiale,

Un soldat sicilien et un habitant du village, tous les deux en fuite, arrive à Vermiglio. Le sicilien, Pietro se cache dans une cabane dans la montagne.
L'instituteur du village a neuf enfants dont trois filles : Lucia, Ada et Flavia. Lucia est l'ainée et plutôt réservée, Ada a des fulgurances religieuses mais doit faire face a une certaine propension au péché et a la culpabilité qui en découle et enfin la cadette, douée intellectuellement et curieuse.
Lucia tombe amoureuse du sicilien qui parle à peine italien et est analphabète. Le péché de chair est consommé, Lucia tombe enceinte et les deux doivent se marier.
La guerre s'arrête et Pietro doit retourner quelques temps en Sicile.
Il ne reviendra jamais...







 
La réalisatrice filme son scénario qui est avant tout une histoire de femmes, du poids de la religion et des traditions bien ancrées même dans les Alpes italiennes, du sort des femmes et pour ce qui est du personnage de Lucia, la naissance d'une femme et d'une mère.
Une œuvre qui prend son temps, souvent contemplative, les personnages des sœurs sont très bien écrits et celui de Ada me rappelle un peu le personnage de la "sorcière" dans "La Source" de Bergman.
Ce film européen (italien, français et belge) sera couronné à Venise (à une centaine de kilomètres de Vermiglio). 
Une réalisatrice à suivre définitivement.





 











lundi 17 novembre 2025

L ' ETROIT MOUSQUETAIRE DE MAX LINDER 1922

 






Synopsis :

Lindertagnant rêve de devenir mousquetaire et c'est pour ça qu'il décide de monter à la capitale, afin de faire ses preuves.
À Paris règne le serrurier Louis XIII, qui porte malheur, mais en fait c'est le terrible cardinal Pauvrelieu qui tire les ficelles et parfois les cheveux.
Lindertagnant, après quelques péripéties, se verra confier une mission : récupérer les pierres semi-précieuses que la reine Ananas d'Autriche a donné à son amant rosbif, le duc de Bouc-qui-gagne...







C'était l'époque où les américains demandaient aux français de réaliser des burlesqueries car nous avions inventé le cinéma, l'avons développé avec Georges Méliès et enfin fignolé avec Maximilien Leuvielle dit Linder, le tout pendant les 20 premières années de l'art  septième.
Max Linder était comme tous les génies, complètement siphonné et ce moyen métrage nous en donne constamment la preuve.
Un gag toutes les dix secondes, des anachronismes historiques (on a peut-être ici la naissance du nonsense que les Pythons sublimeront) tels les mousquetaires qui communiquent par téléphone ou Ananas d'Autriche qui écrit sa lettre sur une machine à écrire font de ce film un classique du burlesque, qui en a influencé beaucoup : Harold Lloyd, Buster Keaton et un certain Chaplin.
Ce "Three Must-Get-Theres" est un des derniers Linder qui se suicidera en 1925 à 41 ans de retour en France.












Le film en intégralité :





dimanche 16 novembre 2025

STORIE DI VITA E MALAVITA DE CARLO LIZZANI 1975

 





Synopsis :

À Milan, quelques histoires ayant pour thèmes la prostitution des mineures :

Une jeune sarde arrive pour travailler au noir, se fait séduire par un homme qui s'avère être un proxénète.
Une adolescente enceinte de son père se voit martyrisée par ses maquereaux car elle a perdu de sa valeur.
Une encore vierge jouvencelle voit sa valeur monter et est alors convoitée par de plus en plus riches hommes.
Une bourgeoise cherche à se venger de ses parents hypocrites.
Une adolescente qui déteste les hommes verra son protecteur canin massacré ce qui la poussera à un geste fatal.
Enfin une histoire qui ouvre et clos le métrage : une tante prostitue sa jeune nièce à des routiers pour nourrir sa très nombreuse famille de loqueteux habitant dans une ruine en banlieue de Milan. Poursuivie par des maquereaux qui mettront le feu à leur logement de misère, elle réussi à en attraper un et à le massacrer à coup de pelle.








Carlo Pisani avait réalisé le segment censuré du film à sketches "L'amour à la ville" en 1953, ce film est un peu la version longue actualisée en adaptant de véritables histoires du destin d'adolescentes se faisant exploiter pour quelques lires.
Le traitement est un mélange de Néoréalisme, les interprètes sont pratiquement tous des amateurs, de film à sketches mais en fait plutôt choral, le tout avec un soupçon de comédie noire et même un peu de bis italien avec ses cinq dernières minutes plutôt violentes.
Les hommes passent tous pour des porcs et certaines femmes également, le moins que l'on puisse dire c'est que le propos est peu nuancé et on pourrait aussi reprocher au réalisateur de profiter de ce qu'il dénonce avec ses nombreux plans sur les seins et les fesses des jeunes interprètes : on a parfois l'impression de voir une comédie érotique.
Le Maestro Morricone se fait discret ici mais sa contribution est toujours appréciable.
Il n'en reste que ces deux heures sont assez marquantes de part la gravité du sujet et le talent certain du cinéaste responsable de ce film assez rare.















samedi 15 novembre 2025

MONSIEUR HIRE DE PATRICE LECONTE 1989

 





Synopsis : 

Une jeune femme vient de se faire tuer.
La police fait une enquête de voisinage et un certain monsieur Hire est interrogé.
Hire n'est aimé de personne et leur rend bien, il vit seul et son seul plaisir est de "mater" sa voisine, Alice, en face de chez lui.
La blonde finit par s'en rendre compte, d'abord choquée elle va ensuite séduire le célibataire qui est d'ailleurs fou d'elle.
La garce a en fait un dessein bien particulier, elle et son fiancé qui n'est pas étranger au crime commis...








S'attaquer à Simenon et le classique que Duvivier nous a offert avec "Panique" et l'excellent genevois Michel Simon, c'est le défit auquel s'est soumis Leconte qui venait de nous éblouir avec "Tandem".
Si le film de Duvivier prenait le parti pris de la critique sociale, de la dénonciation de la rumeur, ce "Hire" version 80 se concentre surtout sur l'histoire d'amour, une des plus belles jamais filmée entre la belle et la bête qui ne l'est pas.
Dès les premières images du film, on sent que ça va être bon : l'atmosphère fait penser à du David Lynch et la photographie fait penser à du Jeunet.
Michel Blanc casse définitivement son image de JCD en trouvant son rôle à la "Tchao Pantin", peignant sur son visage la désolation et le désespoir de son extrême solitude.
Leconte était alors dans sa période "état de grâce" : "Tandem", celui-ci, "Le Mari De La Coiffeuse", autant de derniers spasmes d'un cinéma français qui vivait ses dernières années.
Un siècle, s'est déjà une vie honorable...