PARIS DE CEDRIC KLAPISCH 2008

 

Synopsis :

Un danseur apprend que son cœur est malade et qu'une transplantation est nécessaire. Sa soeur ainée et célibataire emménage chez lui avec ses trois enfants. Des vendeurs de marché s'amusent, s'engueulent, se quittent et se réconcilient. Un professeur d'histoire à la Sorbonne tombe amoureux d'une de ses élèves (qui habite en face du danseur). Une boulangère acariâtre a des réticences à embaucher une beurette comme aide. Quatre mannequins décident  de faire une virée à Rungis (où elles rencontreront la bande des vendeurs). Un africain quitte son village et tente de rejoindre la France où il a comme contact une des mannequins.

Klapisch nous sert ce qu'il sait cuisiner de mieux : le film choral ("Riens Du Tout", "Chacun Cherche Son Chat" et "l'Auberge Espagnole" dans une moindre mesure).

La distribution est à l'avenant, mêlant têtes d'affiches et débutants (Julie Ferrier est particulièrement marquante).

On est rarement déçu avec le genre choral, sorte de film à sketches tout en un et quand en plus les histoires de la plupart des personnages sont travaillées comme c'est le cas ici…

Paris est plus joli au cinéma qu'en vrai (ça marche d'ailleurs avec presque tout sauf peut-être pour le sexe et la nourriture) et ça c'est encore dégradé depuis alors faites le touriste et visitez le "Paris" de Klapisch, d'autant qu'on y trouve de vrais morceaux de Baudelaire à l'intérieur.

NI POUR, NI CONTRE (BIEN AU CONTRAIRE) DE CEDRIC KLAPISCH 2003

 

Synopsis :

Caty est cadreuse et galère pour joindre les deux bouts.

Elle est repérée par une escort-girl qui la met en relation avec Jean, un braqueur qui cherche une personne pour filmer son prochain coup.

Jean et sa bande font leur affaire sans problèmes et Caty ramasse un paquet de fric, se liant avec les voyous et passant ensuite du temps avec eux.

Jean, en confiance, décide de faire participer Caty pour son prochain coup de plusieurs dizaines de milliers d'euros…

Après "L'auberge Espagnole", Klapisch s'essaie au cinéma de genre et au polar en particulier.

Vincent Elbaz est de retour dans la bande, le fidèle Soualem est là et la magnifique Marie Gillain joue l'héroïne affamée autour de laquelle l'histoire tourne.

Ce film est plutôt un travail efficace et de bonne qualité mais le style de Klapisch (filmer ses personnages comme une bande de copains dans une fête) et Elbaz qui a tellement joué les déconneurs-dragueurs qu'il n'est pas crédible du tout en caïd, plus certaines invraisemblances (pas de caméras dans les bijouteries, des braquages à tête nue, une confiance trop facilement donnée à la nouvelle) font finalement un métrage loin, très très loin des chefs-d'œuvre de Melville, Corneau, Verneuil ou Marchal.

HABEMUS PAPAM DE NANNI MORETTI 2011

 

Synopsis :

Au Vatican, le conclave se réuni pour élire un nouveau pape. Après de nombreux scrutins, le cardinal Melville est élu à la surprise de tout le monde et surtout de l'intéressé en question.

Au moment de l'apparition au balcon, plus rien, plus personne, le blocage, l'incident.

Les cardinaux essaient tant bien que mal de noyer le poisson en disant que le pape s'est retiré pour méditer et prier, allant même jusqu'à appeler un psychologue de gauche et athée.

Au bout de quelques jours, le pape réussi à se faire la malle et déambule, hagard et en civil, dans Rome…

 

Moretti continue son excellent travail, après "La Chambre Du Fils" et "Le Caïman" avec cet "Habemus" qui traite d'un sujet assez rare au cinéma : le Vatican et l'élection du pape (on se souvient de "l'Audience" de Ferreri en 1972 s'y passant dans ce même lieu).

Piccoli, dans un de ces derniers rôle, est prodigieux dans le rôle du cardinal qui perd tout ses repères et se bloque, terrorisé par le poids de la charge qui vient de lui tomber dessus.

Moretti joue le rôle du psychologue, sorte d'éléphant dans un magasin de porcelaine et apporte l'élément comique dans le récit.

La rareté du sujet et le secret général entourant tout ce qui se passe au Vatican font que le spectateur est vite pris dans ce monde décalé et suranné qui nous est présenté.

Une réussite du cinéma italien contemporain, et elles sont rares.

 

LA CHAMBRE DU FILS DE NANNI MORETTI 2001

 

Synopsis :

Giovanni est un psychanalyste marié à Paola et le couple a deux enfants, Irene la cadette et l'ainé, Andrea qui a quelques problèmes de comportement à l'école.

Un dimanche, celui-ci meurt dans un accident de plongée, dès lors la famille et les certitudes de Giovanni vont imploser…

Enfin, Moretti nous livre un film à la hauteur des lauriers qu'on lui avait tressé un peu vite auparavant, il est vrai qu'il est difficile de passer après Rossellini, De Sica, Visconti, Antonioni, Fellini, Risi, Bolognini, Scola, Monicelli, Pasolini, Petri, Rosi ou les frères Taviani mais quand même…

Le cinéaste choisi le drame intimiste et le sujet toujours fructueux de la perte d'un proche en étudiant un psychanalyste en perte de repères (un peu comme le curé de "La Messe Est Finie") et le cadre de la famille bourgeoise et progressiste confronté au réel.

Morante joue le contrepoint de Moretti et Jasmine Trinca (qu'on retrouvera dans "Le Caïman" tient un peu le rôle du liant dans le récit.

Une Palme d'Or méritée pour ce mélodrame familial qui constitue l'œuvre mature et adulte du cinéaste (à presque 50 ans il était temps).

APRILE DE NANNI MORETTI 1998

 

Synopsis :

Nanni Moretti raconte la période entre la victoire de Berlusconi en mars 1994 (le grand croque-mitaine du cinéaste) jusqu'à la victoire de la gauche en 1996 en passant par la naissance de son fils.

On reparle aussi du projet de comédie musicale d'un pâtissier trotskiste dans les années 1950, qui avait été évoqué dans le film précédent.

 

On a un peu peur au début de se taper une sorte de "Journal Intime 2"  avec un Moretti à côté de sa mère, fumant un joint tellement désespéré de la victoire du cavaliere (d'ailleurs la vespa et le casque sont de retour).

En fait "Aprile" est un docu-fiction scénarisé en grande partie où le cinéaste se met en scène dans le personnage qu'on lui connait : le maniéré angoissé et psychotique, ici en prise à l'angoisse d'être père et de n'arriver à rien faire dont cette fameuse comédie musicale.

Ce personnage, sorte de Woody Allen ou monsieur Hulot italien commence ici à prendre forme.

Silvio Orlando et sa bouille de compétition est encore excellent dans le rôle de l'acteur un peu roublard.

On sent un commencement de maîtrise chez Moretti, un réalisateur alors surestimé, qui se révèlera enfin avec son film suivant.

JOURNAL INTIME DE NANNI MORETTI 1993

 

Synopsis :

Moretti nous raconte son Italie (Rome, Ostie et les îles éoliennes) dans les deux premières séquences, puis son calvaire médical dans la dernière, le tout dans la bonne humeur et la musique…

C'est presqu'un film à sketches que nous livre le cinéaste avec ses trois parties où Moretti nous présente une banlieue de Rome de carte postale (des routes visiblement fermées pour le tournage, des HLM déserts et leur habitants accueillants...on pensera à Guédiguian et son Estaque…, Ostie où on a droit à un hommage à Pasolini puis les îles éoliennes dans une section un peu plus fictive encore sur les insulaires.

La dernière partie est l'occasion de brocarder le monde médical où les médecins savent parler mais pas écouter (ça marche aussi avec les italiens, voire les gens en général).

On pense un agréable moment dans l'ensemble, quand à savoir si c'est une œuvre qu'on va revoir, c'est une autre histoire.

LE CAÏMAN DE NANNI MORETTI 2006

 

Synopsis :

Un producteur de cinéma bis italien est au bord de la faillite et si ça ne suffisait pas, son couple se désagrège.

Une jeune réalisatrice lui donne un scénario qu'elle a écrit : "Le Caïman".

Le producteur pense d'abord qu'il s'agit d'un film d'action mais se rend compte ensuite que le sujet concerne une dénonciation des magouilles et des mensonges de Berlusconi…

"Le Caïman", qui arrive après le triomphe de "La Chambre Du Fils" nous propose un parfait dosage de comédie et de politique où Moretti au sommet de son art, offre à l'acteur Silvio Orlando un rôle à la mesure de son talent comique.

Le message politique, toujours simpliste quand elle vient de la gauche,  s'attaque à Berlusconi avec raison par ailleurs tant la stupidité et la malhonnêteté du personnage n'est plus à prouver.

L'interprétation est impeccable et outre Silvio Orlando, il faut noter celle de Moretti qui joue son propre rôle ainsi que celui de Berlusconi à la fin du récit, servie par une admirable réalisation.

Un film de premier ordre qui a redonné une vigueur au cinéma Italien qu'on aime tant.

PALOMBELLA ROSSA DE NANNI MORETTI 1989

 

Synopsis :

Une homme a un accident avec sa voiture. On retrouve ensuite ce quidam, qui s'appelle Michele comme dans "Bianca", s'apprêtant à jouer un match de water-polo avec une équipe.

Pendant le match en question, plutôt mal engagé lors de la première mi-temps, il aura la visite de ses amis, de sa fille...entre autres.

Michele connaît beaucoup de monde mais son problème est que lui ne se connait pas car il est amnésique au moment du récit...

Ce "Pigeon Rouge" (un lob au Water-polo mais aussi employée là de manière métaphorique) est typiquement le genre de film fait pour plaire aux critiques et surtout pour se la raconter.

Un récit mélangeant surréalisme, des expérimentations à la Godard, du burlesque à la Moretti (qui incarne son personnage de psychotique maniéré) et surtout une propagande et un manifeste communiste avec tout ce que cela implique de putassier car il faut le rappeler encore et toujours : le socialisme est la plus grande escroquerie inventée par l'homme depuis celles de dieu, du paradis et de l'enfer et la meilleure excuse pour se permettre les pires saloperies.

Dans les bons points on peut néanmoins citer une certaine inspiration, une œuvre qui se bonifie au fur et à mesure qu'elle progresse (la dernière demi-heure est la meilleure) et l'unité de lieu assez inédite ici car il s'agit d'un match de water-polo.

LA MESSE EST FINIE DE NANNI MORETTI 1985

 

Synopsis :

Giulio, jeune prêtre en mission sur une île, revient vers sa famille pour reprendre une paroisse abandonnée par ses fidèles, dans la banlieue de Rome.

Que ce soit ses parents, sa soeur, ses amis et quelques fidèles du lot, dont l'ancien curé qui s'est marié, Giulio se rend vite compte que le monde et les mœurs ont changés et qu'il ne peut rien y faire...

Cette chronique qui fait penser à du Bernanos (la crise mystique du prêtre étant un des sujets du film) est aussi l'occasion d'étudier les mœurs de certains Italiens dans la Rome des années 1980.

Le genre est propre à Moretti, c'est-à-dire que l'auteur/réalisateur/interprète projette sa propre personnalité dans le rôle pour ainsi illustrer son propos.

Le névrosé en proie au doute erre sans résultat dans sa paroisse alors que sa famille même se décompose sous ses yeux.

Un film plus maîtrisé globalement que "Bianca", plus retenu et légèrement plus dramatique, qui est aussi la première vraie réussite consacrée du cinéaste.

BIANCA DE NANNI MORETTI 1983

 

Synopsis :

Michele est un professeur de mathématiques dans une école de surdoués, qui sont d'ailleurs meilleurs que lui.

Il est maniaque, hygiéniste à mort, se mêle de la vie de chaque personne qu'l rencontre et rédige des fiches de ses proches et voisins.

Il remarque la belle Bianca, une collègue, et après quelques péripéties, entame une relation avec elle.

Pendant ce temps, les voisins de Michele, puis un couple d'amis proches sont retrouvés assassinés…

Ce quatrième Moretti est assez étrange : une comédie noire dans laquelle Moretti incarne un névrosé psychotique, le genre casse-bonbons de compétition qui rappelle parfois Woody Allen en encore plus maniéré et surtout moins drôle.

Le personnage de Michele est assez antipathique au début mais progressivement une certaine poésie et désespoir s'en dégage au fur et à mesure que le sens du film se dévoile.

On en ressort un peu bizarre, sans trop quoi penser et c'est peut-être en cela que l'œuvre est intéressante.

 

CAOS CALMO DE ANTONELLO GRIMALDI 2008

 

Synopsis :

Pietro et son frère cadet Carlo, sauvent deux femmes de la noyade, dans l'indifférence des sauvées et de leur proches.

En rentrant, Pietro trouve sa femme morte.

Quelques semaines après, Pietro et sa fille Claudia ne ressentent aucune peine mais le père commence à se détacher de son travail, tellement même qu'il finit par passer ses journées devant l'école de Claudia...

Un drame co-écrit et interprété par Nanni Moretti qui est presque de chaque plan, ce film rappelle d'ailleurs un peu le sujet de sa " Chambre Du Fils" de 2001.

"Caos Calmo" nous offre un casting international avec 3 acteurs français, Roman Polanski et aussi Alessandro Gassman ainsi que Valeria Golino pour les transalpins.

Le thème de la perte d'un proche, de la reconstruction qui doit s'effectuer ensuite et peut-être de l'opportunité de changer de vie sont donc développés ici d'une manière que je qualifierait de tiède.

De bons moments parfois mais on a l'impression d'un gâchis tant les personnages restent un peu trop à la surface des choses, ainsi que des sentiments, de plus certaines situations arrivent sans vraiment de développement comme la scène de sexe entre une des femmes et son sauveur.

 

LA PORTE DU PARADIS DE MICHAEL CIMINO 1980

 

Synopsis :

Evocation de la guerre du comté de Johnson, épisode méconnu de l'histoire des Etats-Unis par le prisme du personnage de James Averill :

1870 : Averill et son ami Billy Irvine sont diplômés à Harvard, la fête de remise des diplômes bat son plein devant un bataillons de jeunes femmes ravies. Les deux jeunes hommes sont alors pleins d'espoir et tout leur semble possible. 

1890 : Averill est le shériff du comté de Johnson où des immigrants européen se sont installé, ayant acheté des lopins de terre non officialisés. Les propriétaires du cru ont formé une milice de mercenaires pour éliminer ces gueux étrangers, selon une liste de 125 individus. Billy Irvine fait parti du syndicat des propriétaires et l'un des mercenaires est Nate Champion qu'on voit exécuter un immigrant au début de cette partie. Emma Watson tient le bordel du comté et est courtisée autant par Averill que Champion.

La tension va monter jusqu'à l'affrontement final qui va se terminer en un massacre sanglant.

1903 : On retrouve Averill sur un bateau, amer et vieilli…

Ce troisième Cimino, après le chef-d'œuvre "Voyage Au Bout De l'Enfer" a la réputation sulfureuse, ayant été un naufrage comme le sera "Les Amants Du Pont Neuf" pour le cinéma français.

Je ne connais que la version finale, dite de 2012, à la narration linéaire et épurée et c'est donc celle-ci que je vais critiquer.

Ce western lyrique de plus de 3 heures et demi évoque Peckinpah et Arthur Penn dans son traitement sans concession de la violence et des messages humanistes typiques du Nouvel Hollywood (dont c'est peut-être le dernier grand film).

Un casting prestigieux (Joseph Cotten, Kristofferson, Jeff Bridges, John Hurt, Christopher Walken, Isabelle Huppert plus Mickey Rourke, Brad Dourif, Geoffrey Lewis et même Willem Dafoe dans une courte apparition de figurant).

Cette "Porte Du Paradis", dans la version visionnée, est plutôt un grand film, qui rappelle "Little Big Man", "Missouri Breaks", "La Horde Sauvage" ou les westerns d'Eastwood, même si la première et surtout troisième partie n'étaient peut-être pas indispensables dans le récit.

Les personnages sont, pour la plupart gris c'est-à-dire ni vraiment mauvais ni vraiment bon, le Nouvel Hollywood en somme.

Cimino est un poète dans l'âme, avec une sensibilité qui lui est propre et qui s'était sublimé dans "Voyage Au Bout De l'Enfer" (dont le traitement, la narration et le découpage y sont très similaire d'ailleurs).

En conclusion je dirais qu'il faut absolument voir ce monument qui doit être réhabilité au plus vite.

PARLONS FEMMES DE ETTORE SCOLA 1964

 

Synopsis :

Un grand frère doit laver l'honneur de sa soeur, un client de prostitué se rend contre que celle-ci est mariée avec un ami, un pouilleux se fait inviter chez une bourgeoise, un obsédé n'arrive pas à conclure avec une femme plutôt compliquée...c'est entre autres le pitch de plusieurs histoires interprétées par Gassman…

Scola choisit le terrain balisé du film à sketchs pour son premier long, où Gassman s'en donne à cœur joie en nous montrant toute la palette de ses capacités.

La plupart des segments sont bons, ce qui est assez rare généralement dans cet exercice de style et certains sont mêmes remarquables comme l'histoire du client de prostitué traité avec un cynisme réjouissant ou la dernière mettant en scène un pouilleux ne pensant qu'à manger et voler devant un jolie bourgeoise qui s'offre à lui.

Un très bon début pour celui qui deviendra un des derniers maîtres du cinéma Italien et qui donnera le meilleur de lui-même dans la décennie suivante.