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mercredi 1 mai 2024

MULHOLLAND DRIVE DE DAVID LYNCH 2001

 






Synopsis :

Une femme brune est emmenée par deux hommes dans une voiture roulant sur Mulholland Drive sur les collines d'Hollywood, ils s'arrêtent pour la tuer mais le véhicule se fait percuter par des jeunes, les tuants.
La femme s'en sort indemne mais blessée à la tête.
Elle erre dans la nuit pour s'écrouler devant une pension pour acteurs comme il y en a à Hollywood.
Une actrice débutante, blonde, débarque à la citée des anges pour emménager dans le même appartement où s'est réfugiée la femme brune blessée.
Celle-ci est amnésique suite à l'accident, l'actrice va alors se prendre de compassion pour la brune et l'aider à recomposer son passé, tout en essayant de percer au cinéma...

Comme dans presque tous les films de Lynch, ce synopsis n'engage que celui qui le lit.




Il a pas encore finit de nous embrouiller celui-là !
   







Après la pause de "Une Histoire Vraie", étonnamment traditionnel et en même temps poignant, Lynch retrouve ses vieilles habitudes avec ce qui est considéré comme l'Apex de son Art, la somme des différents éléments que constituent ses œuvres hors normes.
Dans "Mulholland Drive", on retrouve les marottes du réalisateur : le plan sur une ligne routière la nuit, les années 1950 distillées dans l'époque contemporaine, les personnages étranges tout droit sorti d'un cauchemar et les fameux rideaux rouges.
Quelques "indices" parsèment le métrage, sensés servir à la compréhension de l'histoire qui à un moment donné va laisser le spectateur au milieu d'un labyrinthe ce que les fans de Lynch auxquels je fait partie raffolent.
La première fois que j'ai vu ce film, c'était au cinéma en 2001, puis un an après à l'achat du DVD, puis il y a une heure pour faire cette chronique.
À l'époque, je n'ai pas bien saisi un moindre sens à cette œuvre quoique charmé par la beauté photographique de l'ensemble, la maestria du maestro qui fait de chaque image une peinture envoutante et certaines scènes Tarantinesques (une nouveauté ici) comme la fameuse scène de l'assassinat qui tourne mal telle une scène de "Pulp Fiction".
Aujourd'hui, le film me parait assez clair quand à sa cohésion, pas très compliqué à comprendre à la fin même si le but d'un métrage de Lynch n'est pas d'avaler du tout préparé mais de se faire sa propre œuvre comme je l'ai dit dans mes précédentes chroniques de ses films précédents.
Laura Harring, inconnue des cinéphiles à l'époque, ancienne miss crève l'écran comme Naomi Watts qui tournera après "21 Grammes" d'Inàrritu.
Justin Theroux est excellent dans le rôle d'un réalisateur qui va être une clé de l'énigme.
"Mullholand Drive" est parfois connu pour ses deux scènes d'amour entre les deux héroïnes, très sensuelles et réussies sur le plan photographique.
On est en présence d'un film hors normes, un authentique classique, et il n'y en a pas tant que ça depuis presque 25 ans qu'à commencé ce siècle de merde qui verra heureusement notre mort.
L'année d'avant, le cinéma américain nous avait offert un autre monument, "Requiem For A Dream" de Aronofsky, qu'il faut voir absolument.
Lynch fera un autre film, "Inland Empire", que je n'ai toujours pas vu à l'heure où j'écris ces lignes, il a depuis arrêté les longs métrages pour se lancer dans la musique et réaliser la troisième saison de "Twin Peaks" entre autres choses.










 


 












   

dimanche 28 avril 2024

UN COEUR AILLEURS DE PUPI AVATI 2003

 






Synopsis :

Début des années 1920 (avant l'arrivée de Mussolini) à Bologne.
Nello est un professeur de latin et de grec dans une école catholique.
Il est timide, un peu gauche, a 35 ans et n'a aucune expérience avec les femmes.
Son colocataire lui présente une vieille fille aveugle mais la rencontre tourne court (la femme avait tendance à postillonner) mais tout de suite après il rencontre une autre aveugle, belle au delà de ses rêves.
Celle-ci va se servir de Nello pour se venger de son ancien amant mais notre héros, fou amoureux, va s'accrocher...









Pupi Avati est un réalisateur très apprécié des cinéphiles, même si il est relativement méconnu par rapport à certains autres réalisateurs de sa génération comme Ettore Scola ou Elio Petri.
Il est surtout connu à l'international pour son film fantastique "La Maison Aux Fenêtres Qui Rient" de 1976.
Le père du héros est joué par Giancarlo Giannini, excellent acteur de la comédie italienne qui a percé grâce aux films de Lina Wertmüller et "Drame De La Jalousie" de Ettore Scola.
Neri Marcorè joue le protagoniste d'une manière admirable, de telle sorte qu'on prend fait et cause pour ce dadet un peu concon qui se fait manipuler par une femme. La scène d'amour (mot qui prend tout son sens dans celle-ci) est une des meilleurs et des plus émouvantes que j'ai vu.
Un mannequin italiano/espagnole joue le rôle de la garce et elle arrive à s'élever au niveau de Marcorè pour danser ce passionnant  tango qu'est ce film malgré que son apparence (costume et coiffure) détonnent un peu par rapport à l'époque où est censé se passer le film.
Je n'attendais pas grand chose de ce drame romantique et en fait j'ai été conquis par l'émotion qui se dégage de l'histoire, soulignée d'ailleurs par la musique de Riz Ortolani.
Le film fut en compétition à Cannes à l'époque et je dois dire que Neri Marcorè aurait mérité d'être récompensé, ainsi que Avati.






 











mercredi 17 avril 2024

MOTHER'S FINEST : DIS GO DIS WAY, DIS GO DAT WAY 1977

 


Mother's Finest est un des premiers groupe de fonk, ce style mélangeant le rock (et même souvent le Hard Rock) et le funk comme avec Sly And The Familly Stone un peu avant.
Tiré de leur album le plus connu, "Another Mother Further", ce titre voit le groupe d'Atlanta s'essayer à une sorte de disco un peu étrange mais dont la dynamique est convaincante.

Mother's Finest restera un groupe au succès modeste, car comme ils le diront dans leur album de 1992, "Black Radio Won't Play This Record", ils étaient trop funk pour les radios rock et trop rock pour les radios blacks.







lundi 15 avril 2024

TERRY CALLIER : AS LONG AS WE'RE IN LOVE ET YOU DON'T CARE 1972

 


Peut-être l'album le plus connu de Terry Callier, un artiste dont je connaissait le nom depuis les années 1990, ayant collaboré avec certains artistes que j'apprécie comme le collectif de Drum'N'Bass "4 Hero".
J'ai découvert très récemment ce disque, "What Color Is Love",  mélangeant Soul, Folk et Jazz et j'apprécie beaucoup.
Quand à la question posée sur le titre du disque (de quelle couleur est l'amour ?), je dirais rouge pivoine en regardant la pochette.













dimanche 7 avril 2024

RICK JAMES : FIRE AND DESIRE 1981

 


Très jolie ballade du disque le plus connu, "Street Songs", de Rick James.
James est en duo ici avec Teena Marie, sa collègue dont il a écrit les albums.
Curieusement, ce titre n'est jamais sorti en single alors qu'il est sublime.







MILLIE JACKSON : ALL THE WAY LOVER 1977

 


Titre d'ouverture de son disque le plus connu, "Feelin' Bitchy".
Millie Jackson est une poétesse, chanteuse, d'abord de Soul, puis de Funk.
Sa particularité est dans ses paroles qui parlent de sexe sans filtre et certaines de ses pochettes d'album, surtout dans les années 1980,  proche du trash et du mauvais gout comme celle de "Back to The Shit".
"All The Way Lover" signifie, un coup endurant qui tient jusqu'à la jouissance du partenaire.






samedi 6 avril 2024

LOST HIGHWAY DE DAVID LYNCH 1997

 





Synopsis :

Fred Madisson est un saxophoniste qui vit dans une villa à Hollywood avec sa femme Renée.
Ils reçoivent régulièrement une cassette vidéo avec d'abord l'extérieur de leur villa, puis l'intérieur, puis finalement une scène où Fred est à côté du corps ensanglanté de Renée. 
Fred est arrêté, jugé et condamné à mort.
Fred est ensuite remplacé dans sa cellule par un autre gars, Pete Dayton, plus jeune.
Pete est libéré mais surveillé. Dans le garage où il travaille il rencontre Dick Laurent, un gangster, et bientôt sa compagne Alice, qui est le sosie de Renée mais en blonde et les deux ont une liaison.
Alice se sent soupçonnée et menacée par Laurent et demande alors à Pete de voler un producteur de porno pour pouvoir s'enfuir.
Et le lien avec tout ça est un homme mystère incarné par Robert Blake qui est le gars sur la photo ci-dessous...





Bonne journée/nuit !



"Lost Highway" est le premier des trois derniers films (à ce jour) de Lynch sur Hollywood et aussi où le réalisateur fiche en l'air son histoire en plein milieu, laissant le spectateur au milieu d'un labyrinthe.
La première scène est un plan nocturne sur une route dévalée à toute vitesse, un marqueur du réalisateur avec les rideaux rouges qui se trouveront dans la villa du saxophoniste, et ce sera aussi la dernière en une narration circulaire.
Lynch abandonne ici sa manie de mélanger les années 1950 et l'époque contemporaine pour finalement inscrire son œuvre dans l'époque moderne (ici la deuxième moitié des années 1990 et d'ailleurs la coiffure et les vêtements font de "Lost Highway" un film un peu daté de ce point de vue).
Le point commun de l'histoire, qui est avant tout celle du spectateur, est ce fameux homme mystère et le thème de la schizophrénie qui est un indice pour aider le spectateur qui doit avant tout se faire son propre film donc et finalement son propre avis.
"Lost Highway" est une œuvre nihiliste, fantastique, cyberpunk, pornographique, le tout abandonnée dans les mains d'un artiste à l'état pur, qui n'en n'a rien à foutre de la politique, des messages, qui retourne à l'origine de l'Art qui est esthétique, voyage dans l'inconscience, une danse des sens dont l'Art est l'essence.
"Lost Highway", c'est vous qui en avez la clé.





















lundi 1 avril 2024

SAILOR ET LULA DE DAVID LYNCH 1990

 





Synopsis :

Sailor et Lula s'aiment passionnément, au désespoir de la mère de la femme qui cherche à tuer le prétendant pour une véritable raison que l'on découvrira plus tard dans le film.
Après une peine de prison pour s'être défendu contre une tentative d'assassinat, Sailor s'enfuie avec sa belle dans un road movie frénétique...











À peu près au même moment que son projet "Twin Peaks", Lynch nous propose ce road movie romantique, humoristique et violent qui sonnera le top départ d'un genre typique des années 1990 qui donneront des œuvres comme "Reservoir Dogs", "Pulp Fiction", "Bad Lieutenant", "True Romance", "The Big Lebowski" ou "Tueurs Nés" par exemple. On peut même rajouter "C'est Arrivé Près De Chez Vous" de nos voisins belges dans une certaine mesure.
Une partie de la distribution de "Twin Peaks" se retrouve dans ce film dont certaines scènes ou certains personnages, plus rare dans l'histoire du cinéma, deviendront cultes (Bobby Peru et Perdita Durango surtout).
La première heure et demie est assez réussie, des disgressions hallucinées typiques de Lynch  se mélangent avec cette histoire d'amour qui rappelle celle de "Bonnie Et Clyde".
La narration est linéaire, on a affaire à une œuvre un peu plus abordable que "Blue Velvet" ou "Eraserhead" ce qui a contribué au succès du film.
Lynch deviendra ensuite plus radical avec "Lost Highway" et "Mullholand Drive" en embrouillant le spectateur dans des énigmes jouissives, dadaïstes, surréalistes.
La fin est un peu décevante de mon point de vue, à part l'apparition de "Laura Palmer", pardon Sheryl Lee devenue culte également.
On remarquera ce qui fait un des marqueur du style de Lynch : les années 1950 se télescopant avec l'époque dans laquelle s'est tournée le film : ici Elvis et un groupe de Thrash Metal.
En conclusion, "Sailor Et Lula" est globalement détesté par les adorateurs de Lynch, et adoré par les autres, le public traditionnel et pas compliqué, le tout-venant comme dirait Audiard, une œuvre clivante dont la réussite stylistique est indéniable.


















samedi 30 mars 2024

BLUE VELVET DE DAVID LYNCH 1986

 





Synopsis :

Dans une petite ville américaine bloquée dans les années 1950, Jeffrey Beaumont découvre une oreille coupée dans un pré.
Il amène sa trouvaille aux sheriff local mais décide de mener lui-même l'enquête avec l'aide de la fille du policier, Sandy.
Il fera la rencontre d'une chanteuse de cabaret masochiste, un pervers sadique et meurtrier, un tenancier de maison close efféminé et en général du monde adulte…








Après l'échec de "Dune", que j'ai tenté de voir il y a longtemps avant de décrocher au bout de cinq minutes, Lynch décide de tourner un de ses vieux scénarios et surtout d'installer tout ce qui fera le style qui le rendra ensuite célèbre : les années 1950 transposées à l'époque actuelle, les rideaux rouges, les personnages déviants, un humour étrange (qui n'est pas pour tout le monde), des lieux étranges, une atmosphère onirique et une narration débridée, non linéaire qui oblige le spectateur à se faire son œuvre propre.
La narration est ici assez linéaire, à part la dernière scène assez intrigante, on a affaire ici à une sorte de thriller tordu dans ce qui sera ensuite le décor de "Twin Peaks" avec une sorte de jeune "Dale Cooper".
Dennis Hopper trouve ici un de ces rôles les plus marquant dans celui du méchant "Frank" qui est en plein trip "Œdipien" avec une Isabella Rosselini dans un rôle difficile, exigeant et plutôt fort.
La photographie est superbe, originale, ça rappelle un peu Kubrick dans une certaine utilisation de l'espace et une certaine sobriété.
Un peu comme Sautet avec "Les Choses De La Vie", Lynch devient avec "Blue Velvet" ce gars un peu dérangé qui nous fait voyager, un  vrai artiste au sens noble du terme.







 





 






samedi 23 mars 2024

L' ADVERSAIRE DE NICOLE GARCIA 2002

 







Synopsis :

Début des années 1990 :
Jean-Marc Faure vient d'assassiner sa femme et ses deux enfants, ainsi que ses parents et tenter d'assassiner sa maîtresse.
Il a passé ces quinze dernières années à mentir à tout le monde, s'inventant une profession, un salaire, un niveau social qu'il maintenait par des soi-disant placements juteux auxquels il aurait fait bénéficier ses parents, ses amis, des connaissances.
Prisonnier de ses mensonges, toujours plus gros, qui ont finit par le piéger, alors que sa femme allait découvrir le pot-au-rose, il n'avait plus le choix d'autant plus que ça fait bien longtemps qu'il a cessé de vivre…








Un an après "L'emploi Du Temps" de Laurent Cantet, une nouvelle adaptation du roman éponyme d'Emanuel Carrère voit le jour avec ce film de Nicole Garcia, plus fidèle avec la véritable histoire de Jean-Claude Romand qui a mit le point final à ses mensonges en début d'année 1993.
"L'adversaire" est une œuvre beaucoup plus sombre, radicale et violente que le film de Cantet, qui s'attardait plus sur le côté financier du récit et dont le personnage finissait par abandonner sa famille et ainsi l'épargnant.
Auteuil incarne cet homme inadapté, angoissé, à la détresse constante, ce personnage qui se sait condamné et que ses mensonges prendront fin un jour, un homme en sursis, déjà un peu mort au fond.
Auteuil nous livre une de ses plus belles prestations, servant les nombreuses bonnes idées de Nicole Garcia dans ce thriller de tout premier ordre.
L'histoire de Jean-Claude Romand, qui a depuis été libéré, vivant sous un autre nom et travaillant pour de vrai cette fois-ci, est fascinante et je soupçonne même Xavier Dupont De Ligonnès de s'en être inspiré en 2011 pour commettre ses méfaits.
Un grand film qui aurait mérité des récompenses pour sa réalisatrice et Daniel Auteuil sans compter le bon travail de Géraldine Pailhas, Emmanuelle Devos dans sa période bimbo et François Cluzet.

















jeudi 21 mars 2024

LES DEUX CROCODILES DE JOEL SERIA 1987

 





Synopsis :

René, chauffeur de taxi le jour et tenancier d'un bouiboui de femmes légères la nuit rencontre dans le train Emile dont on ne sait pas trop ce qu'il fait à part que son pognon travaille tout seul grâce à la bourse.
René repère le pigeon et cherche à s'emparer de l'artiche d'Emile mais au fur et à mesure, nos deux héros vont se découvrir des affinités…









Ce Séria d'arrière saison fait un peu la synthèse des œuvres précédentes de son auteur : l'humour très grivois qui fait passer le film comme tabou à notre triste époque, l'obsession de la chair, des formes féminines rebondies et généreuses, la transgression, les gens de peu d'origine parfois consanguine et le grand duc Marielle, dans le rôle de magouilleur charmeur qui a fait sa gloire.
Ici notre Jean-Pierre préféré a le bénéfice d'être rejoint par Carmet, le bon vivant personnifié et autant le dire tout de suite, l'osmose est là et ça fonctionne.
Sans le talent des deux interprètes et de quelques autres, ainsi que les dialogues de Séria qui donneraient des crises d'apoplexie à certaines harpies écologistes et LFIstes, ce film (qui ressemble parfois à un western sous prozac) n'aurait aucun intérêt avec sa maigre intrigue et sa technique terne digne d'un téléfilm de milieu de journée mais n'est pas Séria qui veut, ombre d'une époque bénie avec Bertrand Blier ou on pouvait franchir un tant soit peu la ligne.
Pour les esprits ouverts à la gaudriole, qui ne se prennent pas au sérieux.
De plus, la fin est surprenante.























samedi 16 mars 2024

L 'EMPLOI DU TEMPS DE LAURENT CANTET 2001

 





Synopsis :

Vincent passe ses journées dans sa voiture et parfois ses nuits, mange dans des relais routiers et lit divers journaux pour passer le temps.
En fait Vincent occupe ses journées à ne rien faire et en dehors de ça il a trois enfants, une femme, une jolie maison et un train de vie respectable.
Pour maintenir ce train de vie, car sans emploi depuis quelques mois, il invente une affaire fictive de placement pyramidal dont il fait bénéficier ses proches.
Son épouse Muriel, ainsi que ses parents s'imaginent que Vincent travaille à Genève dans une OMS, mais au fur et à mesure que Vincent doit inventer de plus en plus de mensonges et finit par s'y enfermer, tissant son propre piège…








Début 1993 dans le Pays de Gex, département de l'Ain, Jean-Claude Romand assassine sa femme, ses enfants et ses parents qui habitaient dans le Jura.
Pendant des années, il a fait croire à sa famille qu'il travaillait dans une grande organisation internationale à Genève dans le domaine de la recherche alors qu'il n'avait pas passé son diplôme de médecin et n'avait jamais travaillé.
Pendant des années, Romand a berné tout le monde, s'inventant une vie rêvée.

En 2002, Nicole Garcia réalise "L'Adversaire" avec Auteuil dans le rôle principal de ce film qui collera plus à la réalité meurtrière de ce  fait divers rentré dans la légende qui peut rappeler l'affaire Dupont De Ligonnès.

Laurent Cantet nous propose ici une autre approche, une vision par le prisme du drame social et de l'emprise du paraître.
Aurélien Recoing incarne cet être fantomatique qui n'a guère que son bagout comme bouée de sauvetage alors que la houle de ses mensonges finira forcément par amener l'irrémédiable.
Karine Viard est excellente comme d'habitude dans le rôle de l'épouse.
L'histoire est proprement fascinante, bouleversante et marquera forcément le spectateur car elle parlera à beaucoup.
Le personnage de Vincent peut également faire penser un peu à celui du "Bartleby" de Maurice Ronet et Herman Melville pour le côté inadapté à la société.
Le film bénéficie de la présence de l'acteur et gueule Serge Livrozet dans un rôle d'escroc et receleur fait pour lui car ayant fait lui-même de la prison (on pense à José Giovanni en le voyant).

J'ai habité l'Ain de 1975 à 2000, et beaucoup de lieux présentés dans ce film me sont familiers ce qui me fait apprécier encore plus cette œuvre hautement recommandable.



















vendredi 15 mars 2024

MARIE-POUPEE DE JOEL SERIA 1976

 






Synopsis :

Marie est une jeune fille aux grands yeux noirs et à la bouche cerise.
Elle rentre un jour dans une échoppe de poupée, le propriétaire la remarque, en tombe amoureux et quelques temps après nos héros se marient.
Marie ne connait rien à la vie, elle toute contente d'avoir trouvé un prince charmant qui porte beau, qui a de quoi et lui couvre de cadeaux.
Dès le premier soir, Claude lui fait jouer un jeun étrange, elle doit se comporter comme une poupée : immobile, ne parlant pas, d'une docilité extrême.
Les jours passent, Claude est de plus en plus absent et n'a toujours pas consommé le mariage, les époux faisant chambre à part malgré l'amour qui les unissent.
Marie s'ennuie et sa chair a faim…








"Marie-Poupée" aborde des sujets typiques des œuvres de Séria : les jeunes femmes, les voluptés de la chair traitées de manière débridée bref le genre de film qui est devenu complètement tabou au XXIème siècle.
Une scène, au trois-quarts du métrage, plaide encore moins à une réhabilitation, celle où le personnage de Claude se retrouve à jouer à ses jeux de poupée avec une petite fille.
Jeanne Goupil, alors au sommet de sa beauté de femme-enfant, donne de sa personne dans un rôle pas facile, probablement un de ses plus mémorables.
André Dussollier n'a pas un rôle facile dans celui d'un gars qui n'a pas la lumière à tout les étages comme on dit.
Depuis que Séria engage des acteurs professionnels, ici sa meilleure distribution (Dussollier, Goupil, François Perrot, Andréa Ferréol dans son rôle habituel de nymphomane pulpeuse, Bernard Fresson dans son rôle habituel de brute ici nuancée) grâce au succès des "Galettes", la qualité est là et on est pris dans l'étrangeté du récit enrobé dans cet esprit incomparable des années 1970.
"Marie-Poupée" est peut-être le meilleur film "sérieux" de Séria  (allitération), déviant, choquant, qui fait parfois penser à du Buñuel, du Marco Ferreri ou du Pasolini.























jeudi 14 mars 2024

MAIS NE NOUS DELIVREZ PAS DU MAL DE JOEL SERIA 1971

 





Synopsis :

Anne et Lore sont deux amies adolescentes, pensionnaires dans une école religieuse.
Elles ont décidé de consacrer leur vie au péché, notamment celui de la chair.
Elles volent des hosties à la messe, tuent des oiseaux, lisent des écrits érotiques et provoquent les hommes.
Un de leur jeux va pourtant mal tourner…









Pour son premier film, Joël Séria décide de marquer les esprits avec ce drame typique des œuvres des années post 68 où tout était permis.
On découvre la brune Jeanne Goupil, qui deviendra la compagne du réalisateur et la blonde Catherine Wagener qui restera dans les comédies polissonnes avant de disparaître de la circulation.
"Mais Ne Nous Délivrez Pas Du Mal" est une sorte de comédie érotique (mais quand même léger), anarchiste et hérétique, se voulant dénoncer le puritanisme de la bourgeoisie et l'hypocrisie du catholicisme.
Il est marrant de constater que ce sont les mêmes aujourd'hui qui distillent un puritanisme encore plus brutal sous fond de néo féminisme et de wokisme.
Certains acteurs sont assez médiocres, pour être gentil, comme celui qui joue le père de l'héroïne principale, certains dialogues ne dépareraient pas dans un film porno de l'époque Claudine Beccarie/ Brigitte Lahaie en moins drôle et certaines scènes peuvent faire penser à du Jean Rollin en moins poétique.
La séquence finale est une des plus mémorable (et choquante) et en plus on y récite du Baudelaire, ce qui est toujours appréciable.

On est en présence d'un film choc, séduisant malgré ses nombreux défauts, qui marque les esprits comme il se doit pour une entrée en scène.
Séria changera sensiblement de braquet ensuite avec "Charlie Et Ses Deux Nénettes", et surtout "Les Galettes De Pont-Aven" qui sera son plus gros succès, ainsi que "Comme La Lune", ces trois œuvres devant beaucoup au grand duc Marielle.
Pour public avisé.









 








lundi 11 mars 2024

AELITA DE IAKOV PROTAZANOV 1924

 






Synopsis :

En 1921, en Union Des Républiques (LOL) Socialistes Soviétiques qui n'existait pas encore, l'ingénieur Los reçoit un message venu de l'espace, provenant de Mars, dite la planète rouge et ça tombe bien dites donc.
Los a des problèmes avec son épouse Natasha, qui se fait séduire par des nantis, donc des méchants, ce qui le rend jaloux.
L'ingénieur et son assistant commencent à construire un engin pour aller sur la planète communiste pour soulever les martiens exploités par le grand capital interplanétaire et ainsi installer la dictature du prolétariat...







Le film est sorti l'année de la mort de Lénine, à l'époque la révolution avait 7 ans et l'U.R.S.S. était toute jeune.
"Aelita" est une adaptation de Tolstoï, écrivain qui a presque autant de rues en France que Victor Hugo et comme tout les films de l'époque soviétique, celui-ci est une œuvre de propagande.
La science fiction supposée de l'histoire, sauvée uniquement par les décors, les costumes et l'impressionnisme de l'époque est un prétexte à marteler des poncifs manichéens qui à l'époque pouvaient encore faire illusion.
Comme tout film muet, pour ceux qui ont survécus, le maquillage est forcé, les expressions du visage également, ce qui donne ce charme de ces œuvres d'avant 1930, et cette photographie éthérée et poétique qui s'est perdue avec le parlant.
Sur la forme, il n'y a rien à dire, c'est du très bon travail (pas au niveau de "L'homme à la caméra" néanmoins), mais sur le fond, l'histoire a fait son ouvrage et n'est qu'un moyen de répandre cette idéologie nauséabonde (comme dit la gauche à propos de la droite) qu'est le communisme, qui n'a jamais eut son Nuremberg et est encore admiré malgré le passage de Lenine, Staline, Khrouchtchev (à vos souhaits), Brejnev, Andropov, Mao, Den Xiao Ping, Castro, La famille Kim en Corée Du Nord, Pol Pot, les communistes au Viet Nam, Laos, Cambodge et les 100 millions de morts qui ne posent aucun problème dans les consciences de nos élites dirigeantes.
À voir en étant prévenu.