FILM D'AMOUR ET D'ANARCHIE DE LINA WERTMÜLLER 1973

 

Synopsis :

Années 1930, un paysan débarque à Rome pour assassiner Mussolini.

Il loge dans une pension et son contact est Salomé, prostituée de profession et anarchiste convaincue.

Le paysan tombe amoureux d'une collègue de Salomé, Tripolina et plus le jour J va approcher, plus le héros du peuple va être pris de doute…

 

Après "Mimi Metallo", Lina Wertmüller retrouve ses acteurs fétiches pour ce portrait d'un héros qui n'est qu'un homme parmi d'autres, qui a peur de mourir comme (presque) tout le monde.

Le début fait un peu penser à du Pasolini, en particulier la première séquence au bordel.

Le trait est un peu forcé en ce qui concerne les fascistes (c'était des hommes aussi) mais le talent de la réalisatrice, ainsi que de Giancarlo Giannini, Mariangela Melato ainsi que la débutante Lina Polito dans le rôle de "Tripolina" font de ce film d'époque une autre réussite à voir.

MIMI METALLO BLESSE DANS SON HONNEUR DE LINA WERTMÜLLER 1972

 

Synopsis :

Mimi a trois défauts : il est sicilien, marié et communiste.

Refusant de voter pour le candidat adoubé par la mafia locale, il est obligé de s'exiler dans le nord, à Turin où il trouve un boulot grâce...à la mafia.

Il tombe amoureux d'une anarchiste de gauche et lui fait un enfant.

La mafia le rapatrie en Sicile car sa femme légitime a osée le tromper avec un douanier qui l'a mise en cloque.

Mimi débarque avec maîtresse et enfant, bien décidé à se venger comme tout sicilien qui se respecte…

Lina Wertmüller a deux défauts : elle est une femme et a un nom allemand.

Son sixième film va la révéler au monde entier, commençant comme un récit politique et progressivement tombant dans le burlesque débridé et imaginatif.

La dernière partie est la meilleure, celle de la vendetta très particulière qu'aura choisie notre héros interprété par l'excellent Giancarlo Giannini (cet acteur est une pépite).

"Mimi Metallo" est sans doute une des meilleures comédies italiennes des années 1970, brocardant la mafia, les gens du sud et leur mœurs préhistoriques ainsi que le machisme, entre autres choses.

Le film révèlera aussi Mariangela Melato et surtout Elena Fiore dans le rôle de la femme du douanier et ses manies à la Anna Magnani.

SOLEIL VERT DE RICHARD FLEISCHER 1973

 

Synopsis :

New-York, 2022 :

La canicule est présente toute l'année, les denrées alimentaires ne sont plus disponibles sauf un aliment industriel appelé "Soylent Green".

Les habitants vivent dans la misère et les jeunes femmes employées comme "mobilier" chez les riches de la caste supérieure.

Un des leur se fait assassiner, justement, et c'est à Frank Thorn, policier désabusé et un peu chapardeur, que l'enquête est donnée.

Thorn et le vieux sage (qui a connu le monde d'avant)chez qui il loge vont aller de surprises en désillusions…

Cette adaptation du roman d'anticipation de Harry Harrison est devenue un des grands classiques de la SF, avec "Phase IV", "Mondwest", "La Planète Des Singes", "Abattoir 5", "Solaris" entre autres.

Voir ce film en 2023 peut prêter à sourire, pas d'internet, de smartphone, du mobilier et des coiffures seventies de plus le scénario prend parfois les spectateurs pour des demeurés ou des américains moyens (typique du cinéma Hollywoodien) quand on nous présente le personnage du policier (40/50 ans) comme n'ayant pas connu l'ancien monde de l'abondance, l'eau fraîche et des petits oiseaux.

Ceci dit, si on ne tient pas compte de certains faits inexpliqués sur les 90 minutes que durent le métrage (on est souvent mis devant le fait accompli) cette dystopie tient quand même la route par son pessimisme, Edward G. Robinson dans un rare rôle (qui sera son dernier) de gentil, Heston qui fait le boulot comme d'habitude, la scène de l'émeute ainsi que de la mort du sage et enfin le savoir faire de Fleischer.

SUPER TEMOIN DE FRANCO GIRALDI 1971

 

Synopsis :

Une prostituée est retrouvée morte dans sa voiture plongée au fond du Tibre.

Son souteneur, avec qui elle vivait est vite soupçonné et quand un témoin confirme les soupçons, Marino se retrouve condamné à 20 ans.

Le témoin, une femme frigide, vieille fille, commence à avoir des doutes sur ce qu'elle a vue et finalement Marino n'écope que de quatre ans.

Isolina va souvent voir Marino, et petit à petit deviennent amis puis amoureux et finalement mari et femme.

Le mariage ne pouvant pas être consommé dû à l'emprisonnement de Marino, celui-ci demande à la vieille fille de poser dans des tenues et positions polissonnes…

C'est le premier film que Giraldi fera avec Monica Vitti, au summum de sa beauté qui joue Isolina, une vieille fille qui va se dévergonder et s'encanailler de plus en plus devant le maquereau cynique joué par Tognazi.

Un récit parfois étrange que cette comédie coquine qui a parfois des coups de moins bien comme on dit en sport mais le talent du trio (il faut rajouter le rôle du gardien de prison magouilleur joué par Orazio Orlando) emporte les suffrages à la fin, même si celle-ci reste assez  prévisible.

 

STANLEY TURRENTINE : DON'T MESS WITH MISTER T. 1973

 

Premier titre de l'album éponyme du saxophoniste, le dernier sorti sur le label CTI.

Il s'agit d'une reprise du morceau de Marvin Gaye figurant sur la BO du film "Trouble Man" de 1972.

SWIMMING POOL DE FRANCOIS OZON 2003

 

Synopsis :

Sarah Morton, autrice de romans policiers à succès rend visite à son éditeur à Londres pour parler de son prochain roman.

L'éditeur lui propose de passer un séjour dans sa villa du Lubéron pour pouvoir y travailler tranquille, dans un cadre bucolique.

La très coincée voire acariâtre Sarah y trouve vite l'inspiration et se met à la tache.

Apparaît une nuit une jeune fille qui se présente comme la fille de son éditeur, venue passer quelques jours et profiter de la piscine.

Le vie débridée de la belle, enchaînant les coups d'un soir, les joints et la musique à tue-tête vont vite  perturber l'écrivaine dans son paradis…

 

"Swimming Pool" est, à l'instar de "Harry, Un Ami" de Dominik Moll, un modèle de thriller français particulièrement réussi, d'ailleurs la fin et le rebondissement final rappellent ce dernier film de 2000.

Nous somme entre Hitchcock, David Lynch, Clouzot voire même Deray pour les allusions évidentes à sa "Piscine" de 1969.

On est pris dans cette atmosphère étrange distillée par le personnage inquiétant de Sarah Morton, jouée de manière virtuose par Charlotte Rampling qui nous avait bouleversée dans "Sous Le Sable" du même Ozon.

En face d'elle, Ludivine Sagnier jouant son némésis et le rôle de sa vie en même temps, je n'en dirais pas plus pour ne pas spolier.

La fin est donc ouverte, au moins deux interprétations possibles, comme dans la plupart des films de Lynch et est le climax de de cette réussite qui aurait dû être plus récompensée.

STANLEY TURRENTINE : SUGAR 1971

 

Premier morceau de l'album éponyme du saxophoniste américain, sorti sur l'excellent label CTI qui a publié peut-être les meilleurs disques de George Benson.

George Benson que l'on retrouve d'ailleurs à la guitare sur ce titre fort recommandable.

BELFAGOR LE MAGNIFIQUE DE ETTORE SCOLA 1966

 

Synopsis :

En 1486, rien ne va plus, Innocent VI et Laurent de Médicis signent la paix entre Florence et Rome.

En enfer, où on sait que la guerre ça rend beau, on ne l'entend pas de cette oreille et le taulier et ange déchu mondialement célèbre sous le nom de Satan décide d'envoyer Belfagor régler la question et ressemer la zizanie chez les Macaronis…

Cette comédie fantastique de cape et d'épée est l'occasion pour Gassman de nous livrer un festival de cabotinage et de scènes physiques, le tout avec un humour très british rempli de nonsense et donc légèrement cynique.

Mickey Rooney, entre deux mariages, est plus qu'un faire valoir dans le rôle de l'adjoint de l'archange maléfique qu'est Gassman.

On passe 100 minutes assez plaisantes avec cette douceur que l'on reverrait avec ravissement.

FANTÔMES À ROME DE ANTONIO PIETRANGELI 1961

 

Synopsis :

Un vieil homme vit seul dans son palais, seul vestige de ses ancêtres qui d'ailleurs hantent les lieux et veillent sur lui.

Des promoteurs le harcellent pour qu'il vende la demeure et ainsi construire un ensemble immobilier mais le vieux résiste coûte que coûte.

Il finit néanmoins par mourir et son héritier, lui, ne se fait pas prier pour vouloir vendre la ruine.

Les fantômes vont tout mettre en œuvre pour que l'opération échoue…

Cette comédie fantastique familiale vaut surtout pour sa distribution et notamment le couple Mastroianni/Gassman qui s'amuse comme des fous.

L'histoire n'est pas intéressante et sans le talent des interprètes, ce film n'aurait aucun intérêt à part à être diffusé en fin d'année à la télé entre le fromage et la bûche.

Le passage Gassman est le plus intéressant, Mastroianni hérite d'un triple rôle et Sandra Milo, révélée chez Fellini, a un rôle consistant.

Une curiosité tout au plus.

LES ORDRES SONT LES ORDRES DE FRANCO GIRALDI 1972

 

Synopsis :

Giorgia est mariée à Amedeo, employé de banque qui la méprise cordialement.

Elle se met à entendre une voix qui lui ordonne des actions assez déroutantes : écraser sa cigarette dans l'œuf qu'elle vient de préparer pour son mari, rayer sa voiture, le pousser dans l'eau et même le tromper avec le premier venu, ce qu'elle fait sans broncher.

Giorgia se fait virer du domicile conjugal et peut enfin être elle-même…

Cette comédie féministe est créée comme un festival à la délurée Monica Vitti qui a l'air de bien s'amuser.

Assez drôle même si parfois décousu et parsemé de baisses de rythme, ce film tient la route (pas comme le bolide à la fin) et offre un spectacle plaisant.

LE CHANT DE LA VIE DE CARMINE GALLONE 1945

 

Synopsis :

Pendant l'occupation allemande de l'Italie en 1944 :

Giovanna est employée dans une exploitation agricole tenue par le riche Cesare et son fils, le seul ayant survécu à la guerre.

Les allemands faisant des rafles d'hommes pour les envoyer en Allemagne, le père cache son fils dans une grotte, Giovanna étant chargée de ravitailler le jeune homme.

Une nuit, la belle et le fils, fiancée à une femme de son rang ont une relation.

Le danger passé, le fils revient et prépare son mariage, Giovanna se retrouve enceinte et est priée de rentrer chez elle moyennant argent.

Le fils nait et quelques mois après, elle est invitée à revenir chez Cesare qui vient d'apprendre que sa bru est stérile…

Carmine Gallone était un des plus grands cinéastes de la période 1920/1945 en Italie, avant que Rossellini, De Sica et Visconti ne changent ensuite la donne.

Ce film qu'on pourrait classer dans le genre néoréalisme optimiste a pour vedette la grande Alida Valli, au sommet de son art et de sa beauté.

Un drame social saupoudré de moments comiques (les paysans et les personnes âgées) qui tient assez bien la route, assez court avec ses 70 minutes, qui est tombé dans l'oubli en grande partie à cause de la réputation du réalisateur qui a collaboré avec le régime fasciste.

EN CORPS DE CEDRIC KLAPISCH 2022

 

Synopsis :

Elise est danseuse classique et a 26 ans. Elle se blesse assez gravement lors d'une représentation d'un ballet.

On lui dit qu'elle ne pourra plus jamais redanser mais lors d'un séjour dans une sorte d'auberge d'artistes en Bretagne, elle fait la connaissance d'une troupe de danse contemporaine venue pour répéter au calme…

Le dernier Klapisch impressionne d'entrée par la séquence du ballet à la photographie recherchée et aux multiples idées éblouissantes de mise en scène et de montage (on pense d'ailleurs à "Suspiria" de Dario Argento pour les couleurs ainsi que le sujet et à Gaspar Noé pour le style).

L'œuvre repose en grande partie sur les épaules de la danseuse Marion Barbeau qui hérite du rôle principal et abat un boulot considérable et admirable.

On retrouve Pio Marmaï et François Civil devenus des habitués du cinéaste.

La danse, qu'elle soit classique ou contemporaine, n'a jamais été mon truc mais le talent général de l'œuvre m'a globalement séduit.

Comme disait l'autre : merci pour ce moment.

VENUS BEAUTE (INSTITUT) DE TONIE MARSHALL 1999

 

Synopsis :

La vie d'un salon esthétique, et plus particulièrement de celle d'Angèle, quadra désabusée de l'amour qui ne cherche que des relations éphémères et physiques.

Antoine la remarquable dans une gare, un jour comme ça et va l'aimer malgré elle, l'aimer quand m'aime…

On est frappé immédiatement par les dialogues (la scène dans la gare où Nathalie Baye fait un monologue à un gars qui s'en fiche), on dirait du Blier junior, c'est en fait du Audiard junior.

L'histoire et les dialogues sont aux petits oignons, les personnages sont intéressants et la prestation de Baye (qui fait donc penser à "Notre Histoire") est en grande partie responsable du succès du film, les bonnes idées de Tonie Marshall faisant le reste.

La comédie révèlera Audrey Tautou et finira de révéler Mathilde Seigner et Samuel Le Bihan.

MELODY DE SERGE GAINSBOURG 1971

 

Rip Melody/Jane.

LE COMMISSAIRE PEPE DE ETTORE SCOLA 1969

 

Synopsis : 

Le commissaire d'une ville est chargé d'enquêter sur les mœurs des habitants, s'aidant de nombreuses lettres anonymes et d'un mutilé de guerre misanthrope qui connait tout sur tout le monde…

Ce film très ancré dans son époque de révolution culturelle et révolution tout court a un propos qui vise à dénoncer l'hypocrisie des bourgeois remplis de vices comme le faisait Luis Buñuel au même moment.

Le rythme est lent (le flic découvre les perversions au rythme d'un Derrick avant l'heure mais au final rien ne se passe), le métrage aurait mérité d'être 20 minutes plus court tant le propos est rabâché sans vraiment de développement.

Quelques moments cocasses de ci de là et ce personnage de misanthrope typique du cinéma italien, assez réussi. 

Scola réalisera "Drame De La Jalousie" en 1970, son premier chef-d'œuvre, inédit en DVD vostfr, ce qui est une honte.

TRE PIANI DE NANNI MORETTI 2021

 

Synopsis :

Un immeuble, 3 familles sur une période de 10 ans :

Au rez-de-chaussée habite un jeune couple et leur fille de 7 ans que leur voisins de dessus, âgés, gardent de temps en temps.

Au premier étage habite Monica, enceinte puis ensuite mère d'un bébé, son mari étant toujours absent pour le travail, elle voit régulièrement un corbeau apparaître chez elle.

Au second habite un couple quinquagénaire avec un fils de vingt ans assez turbulent qui aura un accident de voiture au tout début de l'histoire, tuant une femme et s'encastrant chez la famille du rez-de-chaussée.

3 familles, 3 destins et autant de vies dysfonctionnelles…

Ce Moretti est sans doute le plus sombre, plus que "La Chambre Du Fils" mais aussi le plus abouti et le meilleur.

Adaptation d'un roman israélien, ce film choral où on retrouve certains habitués du cinéaste et d'autres visages traditionnels du cinéma contemporain italien tels que Scarmacio, Giannini fils, Alba Rohrwacher (bouleversante comme souvent) et Margherita Buy entre autres.

De ces trois histoires qui vont se croiser parfois, un thème ressort, celui de la figure paternelle dysfonctionnelle comme le personnage joué par Moretti franchement antipathique et le pire des trois pères de loin.

Le spectateur est tout de suite pris par le récit et les personnages en s'identifiant forcément à certains dû à la variété psychologique de ceux-ci.

Le récit est sinistre mais la fin est plutôt optimiste, et finalement on ressort de ces deux heures en ayant l'impression d'être plus riche qu'avant ce qui devrait être le but de chaque film d'auteur par ailleurs.

MON FRERE EST FILS UNIQUE DE DANIELE LUCHETTI 2008

 

Synopsis :

Années 1960, une famille pauvre et deux fils : l'un échoue au séminaire, revient à la maison et devient fasciste tandis que l'autre épouse les thèses marxistes.

Le fils rouge rencontre la belle Francesca, communiste également et ce qui devait arriver arriva, le méchant tombe amoureux de la copine de son gentil frère, la preuve il a pour modèle Staline, Mao et Castro, que des gentils on vous dit…

Luchetti adapte le roman d'Antonio Pennacchi pour nous livrer cette fresque aux légères réminiscence de néoréalisme mélangé aux films politiques des années de plomb, dont le récit nous décrit d'ailleurs les débuts.

L'histoire se concentre principalement sur le fasciste, qui ne le sera pas longtemps d'ailleurs et finira même par épouser partiellement les causes de son frère en partie par amour pour Francesca et parce que c'est plus pratique et confortable de commettre des crimes pour la cause du peuple car cela permet d'être plus souvent pardonné (on appelle cela la violence légitime dont les gauchistes sont très friands).

Ceci dit…

Le film est assez bon, bien interprété, vif et bien monté par ailleurs, soutenant la comparaison avec les classiques italiens des années 1970.