À Busan, Hae-joon est un flic insomniaque qui ne voit sa femme que le weekend pour cause de distance.
Il enquête sur la mort suspecte d'un sexagénaire qui semble un suicide de prime abord mais qui pourrait être un meurtre au vu du comportement de sa jeune épouse chinoise, aide soignante chez des personnes âgées.
À force de fréquenter la veuve, il finit par en tomber amoureux et même de dissimuler les preuves de plus en plus évidentes de la culpabilité de la belle...
Ce policier du réalisateur de "Old Boy" qui en fait est une fable romantique et poétique traitée de manière surréaliste, un peu comme les films de Kim Ki-duk à l'époque est surtout remarquable par un montage original dispersé façon puzzle où chaque plan est très recherché.
C'est du cinéma asiatique, et ici coréen par le plus grand de son époque, c'est-à-dire de l'Art, de l'esthétisme et pas un tract de propagande comme le cinéma européen l'est bien souvent.
Un film exigeant, pour cinéphiles et amateurs gourmets de cinéma asiatique qui veulent s'évader pendant deux heures.
La vie de fiction du vrai comique de stand-up Jerry Seinfeld.
Dans cette sitcom, on peut suivre les aventures de l'humoriste et de ses amis :
Le petit, rondouillard, dégarni et insécure George.
L'ex petite amie Elaine, sexy, un peu fofolle et ambitieuse.
Le voisin Kramer, grand maladroit qui fait tout tomber même lui-même et qui passe ses journées à bouffer ce qu'il y a dans le frigo de Jerry.
La sitcom est écrite principalement par Seinfeld et Larry David qui partira au bout de la septième saison qui tombera alors dans quelque chose de plus surréaliste.
J'ai décidé il y a quelques temps de regarder enfin cette sitcom légendaire qui a révolutionné ce genre un peu idiot qui sert surtout généralement de bouche-trou et d'aspirateur à réclames dans les programmes de télévision.
Jerry Seinfeld est tout autant un excellent auteur et humoriste qu'il est mauvais acteur, jouant tout de la même manière, avec un sourire benêt. C'est d'ailleurs tout à son honneur de ne pas avoir cherché à faire carrière au cinéma et d'être retourné ensuite à ses spectacles.
Au contraire du héros, les trois autres rôles principaux sont incarnés par des épées, comme aurait dit Audiard père, dont surtout les excellents Jason Alexander (George) et la demi-française Julia Louis Dreyfus (Elaine) qui subliment l'excellent matériel écrit par Seinfeld et David.
L'œil acéré des deux auteurs, qui s'inspirent de leur vécu, fait pour la plupart du temps mouche en un humour très "Saturday Night Live", ironique et irrévérencieux qui fait du bien dans cette époque sinistre dans laquelle nous vivons.
La première saison est en fait une sorte de grand pilote de deux heures et cinq épisodes servant à introduire les personnages, leurs caractéristiques et surtout leurs névroses.
À partir de la deuxième saison et jusqu'au départ de Larry David à la fin de la septième, on serait bien en mal à trouver de mauvais épisodes, on se régale la plupart du temps.
Les deux dernières saisons voient la sitcom virer dans quelque chose de plus surréaliste, avec des histoires qui n'ont souvent aucun sens, peut-être plus clivant, moins familial.
Le dernier épisode voit le retour de Larry David qui décidera de choquer les fans avec un biais assez radical, vu à l'époque comme moraliste.
"Seinfeld" reste, plus de trente ans après très impressionnant, influençant les sitcoms qui suivront comme bien sûr "Friends" ou "How I Met Your Mother" qui se passent également à New York (mais tournées en Californie).
En France à l'époque, on avait les Nuls qui étaient dans la même veine mais qui n'écrivaient que peu leur sketchs au contraire des deux auteurs américains.
La série a été peu diffusée chez nous, au contraire des "Amis", ce qui participe au culte entourant la sitcom.
À Narbonne, ville d'enfance de Jean Eustache, Daniel rêve de se payer un duffle coat mais est plutôt du genre à avoir un poil à la main.
Ses journées consistent à glander et draguer des filles.
Comme c'est la période de Noël, un photographe lui propose de se grimer en père Noël pour poser avec des enfants ou des femmes.
Ce moyen métrage de Noël marxiste (se revendiquer d'une classe sociale qu'en fait on déteste car appartenant à celle qui lui est supérieure, c'est-à-dire celle de la bourgeoisie), il en faut, donne l'occasion à Jean-Pierre Doinel de proposer une variation du personnage d'Antoine Léaud et inversement.
Notre Léaud national incarne ici une sorte de Jean-Claude Dusse occitan mais sans l'"assent" dans ce film typique de la Nouvelle Vague qui parle donc de la jeunesse, de la fête et des pépées comme dans la moitié des films des réalisateurs fétiches des Cahiers du Cinéma.
C'est du bon travail dans l'ensemble mais inférieur aux premiers Chabrol, on sent quand-même que Eustache est l'homme d'un film, celui qu'il fera avec le même Léaud, plus une maman et une putain également.
"Rabbits" est présenté en de courts épisodes de durée variable se passant en décor unique, un salon, et traité à la manière d'un sitcom, si on peut dire ainsi.
Trois personnages de léporidés humanoïdes (Naomi Watts, Laura Elena Harring et Scott Coffey dans des costumes de lapin) dialoguent de manière décousue (répondant à une question posée par un personnage en ayant au préalable parlé d'autre chose sans relation directe) puis arrive une sorte d'identité démoniaque éructant des paroles incompréhensibles ainsi qu'un appel téléphonique tout aussi inquiétant par la suite.
Certains épisodes présentent un des trois protagonistes récitant une sorte de mantra parlant de chien, de sourire maléfique et d'autres réjouissances.
Le personnage joué par Laura Harring est doublé pendant son monologue par la chanteuse Rebekah Del Rio.
Le récit se termine par l'arrivé d'un personnage invisible (un homme en costume vert) et les trois personnages se blottissant dans le canapé.
Lynch, dont ceci constitue un hommage à l'un des derniers vrais artistes du cinéma, a présenté ces épisodes, neuf en tout, sur son site internet.
"Rabbits" est du Lynch, donc le seul sens qu'on peut trouver à cet OVNI se trouve uniquement en chacun de nous.
Expérimenter du Lynch, c'est un peu comme prendre de l'acide, le cinéaste prend son pied à bousiller notre inconscient et la musique d'ambiance de Badalamenti rythmée à d'inquiétantes sirènes de bateau (et pas de locomotives comme le disent ces crétins de WOKIpédia) n'arrangent rien à l'affaire.
Le cinéaste invente le sitcom d'horreur : une sorte de public riant à certains dialogues alors qu'il n'y a pas de quoi et applaudissant à chaque entrée de personnages, le personnage joué par Naomi Watts (la ménagère en robe de chambre qui repasse le linge) semblant faire partie du problème maléfique selon moi.
Si vous n'avez jamais vu de Lynch, ces "Lapins" ne sont peut-être pas conseillés, il vaut mieux commencer par "Une Histoire Vraie" ou "Sailor Et Lula" parce que ça risque de vous faire bizarre.
On est plus ici dans le ton d'un "Eraserhead" ou de l'épisode 8 ("Gotta Light ?") de la troisième saison de Twin Peaks, à la rigueur de certains moments de "Lost Highway" ou "Mulholland Drive".
Merci monsieur Lynch pour avoir été le serrurier de nos consciences.
La "série" est disponible, pour l'instant, sur Youtube avec les épisodes réunis en un moyen métrage en VO :
En Calabre, région de la 'Ndrangheta, la famille Guerassio fête les 18 ans de leur fille ainée Giulia.
Plus tard dans la soirée, la voiture du père explose et celui-ci disparaît.
Chiara 15 ans, sportive et rebelle, va chercher à découvrir pourquoi son père est en fuite. Elle découvre un bunker sous sa maison, un téléphone portable qui va la mener vers cette fameuse 'Ndrangheta...
Troisième film du réalisateur américain d'origine italienne Jonas Carpignano sur cette région de la Calabre, coincée entre la Campanie et la Sicile et donc entre la Camorra et la Cosa Nostra.
Le réalisateur engage une famille entière, les Rotolo, pour jouer cette famille dont le père travaille pour la 'Ndrangheta et choisi donc un style inspiré du Néoréalisme et du Naturalisme.
La caméra est près du corps du personnage de Chiara et le récit est traité de manière circulaire : on commence par Chiara qui court sur un tapis de course, puis on passe à la fête d'anniversaire de sa soeur alors que le film se termine par l'anniversaire de Chiara puis un entrainement de sprint avec l'héroïne qui disparait au loin.
Le début est d'ailleurs assez pénible, la vie de la génération Z avec leur réseaux sociaux, leur musique autotunée et leur connerie me donne des boutons mais à partir de l'explosion de la voiture qui installe le drame et l'angoisse qui monte alors de manière progressive, le récit commence à happer le spectateur en devenant intéressant.
L'inexpérimentée Swamy Rotolo est une découverte, étant pratiquement de chaque plan et devant donc illustrer le récit par son visage et ses jolis yeux.
Un film assez réussi au final, qui mérite le coup d'œil, sur ce sujet de la troisième mafia italienne en terme d'importance qu'est la 'Ndrangheta, un peu moins traitée que la Camorra et la Cosa Nostra.
Daniel vit avec sa grand-mère dans un village de Gironde.
Il sort de l'école primaire et entre dans le secondaire et bien sûr à son âge commence à se poser certaines questions, les hormones se réveillant petit à petit.
Pendant les grandes vacances, sa mère le reprend et l'emmène vivre avec elle et son nouveau compagnon à Narbonne.
Elle décide de ne pas le scolariser et le fait entrer comme commis dans un atelier de mécanique.
Gagnant ainsi quelques sous, Daniel va découvrir très timidement les câlins et tout ce qui s'en suit...
Pour son deuxième et dernier long de cinéma (Eustache, le Jean Vigo des années 1970 ?), le cinéaste nous narre son enfance en filmant quelques adolescents dans le sud-ouest.
Au début on pense au futur "Argent De Poche" de Truffaut : les vieilles bagnoles, les filles en jupe qui peuvent se promener sans se faire insulter, les cheveux longs, la belle musique, les gens qui clopent sans se faire casser les bonbons, la vie pas chère et en général l'insouciance de ces années-là.
Ensuite, les dialogues arrivent et là ce n'est plus la même chose ; entendre des provinciaux s'exprimer comme des germanopratins, dans un ton neutre comme si on lisait un texte, ça fait quand même bizarre.
Dans "La Maman Et La Putain", quand c'est Jean-Pierre Léaud qui s'y colle, ça passe encore mais ici, ça finit par n'être qu'une symphonie dissonante.
L'interprétation désastreuse mise à part, ce film a pourtant des qualités : les spectateurs qui ont été enfant dans ces années-là comme c'est mon cas arrivent à s'y retrouver, on retourne au temps où on pensait que le soleil ne brillait que pour nous, le cinéaste utilise la durée et l'espace pour poser une atmosphère de langueur qui arrive à agir, qui distille un certain charme.
On sort de la vision de ces "Amoureuses" un peu groggy, avec d'autres interprètes (un mélange de casting sauvage de non-professionnels dont le frère de Caroline Loeb dans le rôle principal et d'acteurs plus aguerris, ici même le court dialogue de Pialat tombe à plat), le film aurait eu peut-être un autre impact et assurer une carrière plus glorieuse à Eustache qui se suicidera en 1981.
Ce que j'ai préféré dans ces deux heures, c'est la courte apparition de la sublime Caroline Loeb, 20 ans alors, un vrai délice pour les yeux.
En 1941, pendant la guerre entre la Grèce et l'Italie fasciste, des femmes sont recrutées pour le confort des soldats italiens sur le front albanais.
Le jeune lieutenant Martino, idéaliste et désabusé est missionné pour diriger le transport d'une dizaine de jeunes femmes vers leur lieu "de travail".
Parmi les recrues grecques se trouvent la revêche Eftichia, la résignée Toula, la volontaire Elenitza et Ebe, seule italienne du lot.
Le convoi devra faire face aux aléas de la bureaucratie, des envies pressantes des soldats, de l'instabilité d'un officier chemise noire et de l'attaque des partisans...
Ce film de Zurlini commence doucement, on pense ensuite à "Un Taxi Pour Tobrouk" ou au "Salaire De La peur" sauf qu'en fait de dynamite, le convoi est constitué de malheureuses.
Le réalisateur convoque ensuite Rossellini quand le drame, le tragique s'installe avec l'exposition des fêlures de différents protagonistes et que la réalité de la guerre se rappelle brutalement au spectateur.
Le héros est joué par le cubain Tomas Milian qui débutait ici sa carrière italienne, dans un rôle de gentil donc, ce qui sera assez rare par la suite, préférant incarner des personnages instables.
Léa Massari a un rôle assez effacé dans celui de Toula, au contraire de Anna Karina et Marie Laforêt qui incarnent respectivement Elenitza et Eftichia ainsi que Valeria Moriconi qui joue Elbe.
Moriconi est celle qui m'a fait fait la plus forte impression avec Anna Karina.
L'histoire, inspiré d'un roman de Ugo Pirro, dénonce la cruauté de la guerre, le fascisme et la traite des femmes sur ce théâtre peu connu du front albanais.
Un assez bon film, politique mais nuancé, laissant au spectateur le loisir de se faire sa propre opinion.
En Allemagne, entre 1913 et 1914, d'étranges évènements ont lieu dans un village où une sorte de féodalité a toujours cours et la religion fait office de loi.
Pour commencer, le médecin du village est victime d'une chute de cheval provoqué par un câble tendu intentionnellement, ensuite une femme meurt dans une chute, puis c'est le fils du baron qui est enlevé et violement fouetté.
On ne sait pas qui est à l'origine de ces faits sordides :
Les adultes qui sont autant de tartuffes déviants ou les enfants brimés par leur géniteur voire pire ?
Le très original et clivant Haneke nous propose cette histoire écrite par lui-même, filmé d'une manière qui rappelle Bergman et Bresson.
Au fur et à mesure du film, on pense au "Village Des Damnés" pour les enfants bizarres, à "Breaking The Waves" pour la religion aliénante et obscurantiste, "L'arbre Aux Sabots" et encore à certains Bergman.
La propension du réalisateur à la déviance et aux sujets tabous est ici encore de mise : la morale immorale, l'inceste, la religion vecteur de bien de perversions.
Dans ce récit, peu de personnages sont préservés du funeste destin que leur promet leur éducation : l'instituteur/narrateur et sa promise, la baronne, le fils handicapé qui sera une des victimes mais c'est à peu près tout ; la plupart sont pourris jusqu'à la moelle.
Un bon Haneke, réservé à un public averti comme la plupart de ses œuvres, et qui est la Palme d'Or 2009.
Antonio retourne dans son village, près de Naples, après avoir fait son service militaire.
Orphelin de père, il a une vieille mère, deux sœurs célibataires et pas un sou.
Une fille d'artificier, Carmela, s'entiche de lui mais Antonio ne trouvant que des boulots précaires, il ne peut prétendre avoir l'accord du père de la belle.
Une de ses sœurs se fait déshonorer par un vieux voisin et doit ensuite se marier pour sauver l'honneur.
Antonio descend à Naples, travaillant d'abord pour le PCI puis pour un cinéma pour payer la dot de sa soeur et se faire une situation pour mériter Carmela...
Ce film du réalisateur du "Sous Le Soleil de Rome" avec Alberto Sordi est un croisement entre le Néoréalisme (sujet et acteurs non professionnels) et la Comédie à l'italienne comme le sont certains classiques de De Sica ou alors "Pauvres Mais Beaux" de Risi.
C'est assez bien fichu, un bon rythme, quelques bonnes idées (le mariage de la sœur en noir par exemple), une chaleur humaine et un portrait d'une certaine fraternité d'après-guerre.
Le duo principal d'acteurs est assez convainquant, ainsi que les rôles plus secondaires, preuve d'une certaine science du casting, parmi les villageois jouant avec leur nippes trouées, leur moustache pour les femmes et leur dents de traviole quand ils ont la chance d'en avoir.
Cette comédie remportera même la Palme d'Or en 1952, à l'époque où Cannes récompensait les œuvres d'art et non des documentaires de propagande comme maintenant.