Deuxième titre de l'album "In The Court Of The Crimson King", à la célèbre pochette, plus doux que l'agressif et barré "21st Century Schizoid Man" qui commence le disque.
King Crimson, c'est un peu comme Frank Zappa, ça ne ressemble à rien de connu, ça zigzague tout le temps et suit sa propre route telle un astre égaré.
Dans un milieu très huppé et légèrement suranné, Simon vit avec sa grand-mère et quelques domestiques.
On le voit au début suivre une femme qui s'avèrera être sa bonne amie, Ariane, héroïne de l'histoire et objet d'un véritable fétichisme de la part du jeune homme (qui ne semble prendre son pied que quand elle est endormie).
Ariane est plutôt soumise et répond aux incessantes questions de Simon sur son emploi du temps, ses désirs et préférences.
Le couple va petit à petit se déliter...
Adaptation très libre de "La Prisonnière", un des volumes de "La Recherche" de Proust sorti après sa mort et non retravaillé par le maître (paradoxalement un des plus aisés à aborder car un des moins "proustien").
Adapter Proust est très compliqué, pour parler gentiment, et quand c'est la belge Akerman qui s'y colle avec sa folie toute particulière ça donne cet ovni qu'est cette "Captive".
Akerman oblige, on a droit à deux mouvements de caméra : travelling et fixe tout cela plongé dans une esthétique très 1990 avec des touches de Belle Epoque.
La lyonnaise Sylvie Testud trouve ici un de ses rôles les plus marquant, ainsi que Stanislas Méhar et on a droit à quelques "débuts" de Bérénice Béjo et Anna Mouglalis dans le rôle d'un couple de lesbiennes interrogé en mode "garde à vue" par le personnage de Simon ainsi que de Olivia Bonamy dans le rôle de la bonne amie de l'héroïne.
"La Captive" est le récit d'une obsession, d'un fétichisme et d'un absolu qu'on pourrait résumer par l'expression "amour à mort", un travail qui, comme souvent avec ceux de la cinéaste, est sauvé par l'interprétation des comédiens.
Une œuvre clivante, inspirée d'une œuvre clivante par une réalisatrice qui l'est autant.
Elle est divorcée, a deux enfants, 30 ans et a une relation assez amicale avec ses élèves, sortant dans les bars avec eux.
Petit à petit, elle se rapproche de Gérard, 17 ans et très mâture et entament une relation.
Pendant Mai 1968, les deux manifestent et distribuent des tracts fabriqués par le père de Gérard qui est un communiste pur et dur.
Le paternel, quand il apprend la relation entre son fils et sa professeur va tout faire pour les séparer, allant jusqu'à faire enfermer son fiston et porter plainte contre Danielle...
L'affaire Gabrielle Russier est entrée dans notre histoire.
On en a reparlé en 2017 avec Brigitte et son mari pas marrant et beaucoup moins mâture que le personnage de Gérard.
Le film est passionnant, le suspense constant malgré la fin connue et révélée dès le début.
Notre Annie nationale, alors la petite quarantaine, y trouve ici un de ses rôles les plus marquant, passant de l'amour fou au désespoir absolu.
Le père communiste et réactionnaire (ce qui était le cas dans l'affaire) est joué par le fiston Simon qui a la même voix que son monument de père et qui est plutôt excellent.
Le propos de l'œuvre est assez intéressant, déconstruisant Mai 1968 qui a commencé comme "Germinal" pour finir en "Illusions Perdues", les révolutionnaires d'alors ayant depuis mal tournés.
"Mourir d'Aimer" est un mélodrame social sans aspérité et un solide travail qui a rencontré un succès mérité.
Alexandre à la vingtaine et sa profession est de ne pas en avoir.
Il vit avec Marie, un peu plus âgée que lui : elle est à la fois comme une mère et une amante et en plus elle lui donne de l'argent.
Il demande à une ancienne amoureuse, Gilberte, de l'épouser mais celle-ci refuse, préférant la sécurité d'un mari qui a de quoi l'entretenir.
Aux Deux Magots, il remarque une jeune femme qui s'avèrera être une franco-polonaise plutôt libre question mœurs.
Alexandre va être fasciné par cette fille, Veronika, et va s'engager dans une relation toxique entre la "Maman" et la libertine...
Ce film d'auteur (littéralement Eustache s'est occupé de la réalisation, du scénario et du montage) est un des maîtres étalons du cinéma d'art et essai.
3h30, des moments où il ne se passe rien, des dialogues où on utilise le vouvoiement (Saint-Germain-des Prés oblige), la caméra près des acteurs, des plans séquences en gros plan où les comédiens jouent des partitions en soliste et surtout un propos résolument anarchiste.
Dans la "Maman" on tape sur le féminisme, Sartre (sacrilège et blasphème absolu dans le monde parisien), les films politiques italiens, mai 68 et j'en passe et des meilleurs.
Le film a été considéré par certain comme antiféministe alors que j'en ai l'impression inverse, voir la dernière séquence et surtout le personnage de Veronika qui représente ce que devrait être une femme libérée, patronne de ses fesses de son cœur mais sans misandrie, dominant le personnage d'Alexandre qui s'avère faible et assez pitoyable, se voulant dominant mais étant dominé par le phénix venu de l'est.
Alexandre est joué par Jean-Pierre Doinel qui joue à peu près tout comme Antoine Léaud et inversement mais Léaud est un univers à lui tout seul et c'est déjà fascinant en soi.
Le personnage de Marie est joué par Bernadette Lafont, alors qu'elle aurait plutôt été prédestinée à jouer le rôle de Veronika, mais ce contre-emploi s'avère être payant, voir la fin du film : Bernadette est définitivement plus qu'un corps parfait, elle est une grande comédienne.
Françoise Lebrun, que je ne connais pas plus que ça est la révélation du métrage, son plan séquence d'une dizaine de minutes vers la fin dans lequel elle s'immole est magistral.
Ce classique m'a énormément plu car anarchiste et pas donneur de leçon comme beaucoup de films de la Nouvelle Vague où on a l'impression de lire le petit livre rouge (n'est-ce-pas Godard ?), on peut se faire son propre avis librement et s'approprier l'œuvre pour en faire sienne.
Dans ce road-movie ferroviaire entre la RFA, Bruxelles et Paris, nous suivons les rencontres (et pas rendez-vous) d'Anna, une jeune réalisatrice en promotion de son film.
Elle y rencontre successivement un instituteur amoureux d'elle, la mère de son ami d'enfance, amoureux d'elle également, un voyageur paumé dans le train, sa mère italienne qu'elle n'a pas vue depuis 3 ans et enfin son amant à Paris qui tombe malade juste avant de lui faire l'amour.
Trois villes, trois chambres d'hôtel et autant de monologues.
La première chose que l'on remarque, c'est que Chantal Akerman a découvert le traveling, la caméra bouge de temps en temps mais globalement on reste sur du plan fixe.
La deuxième chose, c'est une sorte de gimmick qui semble revenir dans ses films, un plan sur une femme de dos qui regarde au travers d'une fenêtre, nue ou habillée.
Le récit est ponctué de monologues filmés en plan-séquence de Helmut Griem, Magalie Noel, du voyageur du train, de l'héroïne jouée par l'excellente Aurore Clément puis enfin de Jean-Pierre Cassel. Ces moments constituent le principal intérêt du film avec la séquence où Aurore Clément chante accapella "Les Amants D'un Jour" de la môme.
Sans le talent des actrices surtout, puis des acteurs, ce film pourrait être pénible mais comme avec le "Jeanne Dielman" précédent de la réalisatrice avec Delphine Seyrig, on est fini par être conquis par le talent de l'interprétation, dans son élément brut, mise à nue.
La vie sur trois jours de Jeanne Dielman, femme belge (la Belgique, c'est Baudelaire qui en parle le mieux et d'ailleurs il est ici cité).
Mère célibataire d'un grand dadais niais, pas très dégourdi, au profil de futur tueur en série, qui se prostitue chez elle pour vivre dignement (un client par après-midi).
Ses journées sont réglées comme du papier à lettre : le matin elle prépare le petit-déjeuner pour son fils, puis va à la poste, faire les courses, elle rentre pour se faire un sandwich et garder le môme de la voisine puis vient l'après-midi où elle sort faire les magasins et prendre un café dans un bar puis la préparation du diner du soir en attendant le client qui paie en sortant, elle prend ensuite un bain puis nettoie sa baignoire, puis l'attente du fils qui rentre de l'école et le diner (de la soupe, de viande accompagnées de patate et un verre de Jupiter pour faire passer le tout) et enfin une balade ensemble on ne sait où puis un peu de radio avant le dodo.
Ces journées aliénantes vont pourtant se dérégler, les fissures apparaître, jusqu'à ....
Filmé presque en temps réel sur trois heures et quart et interprété par notre Delphine Seyrig et sa voix de sirène et heureusement parce que si ça avait été la réalisatrice ça aurait été pénible (voir son film précédent).
J'ai pensé à "Amour" de Haneke pour les longues scènes quotidiennes dans l'appartement, au Dogme 95 pour le dépouillement ainsi qu'à la radicalité dans l'hyperréalisme (ici on est beaucoup plus loin que dans du naturalisme) et enfin à la Mabel de Cassavetes pour ce portrait de femme qui va peu à peu s'étioler ou pour reprendre un accessoire très présent dans le film : déborder telle une bouilloire.
C'est très long et il ne faut pas avoir sommeil : dès le deuxième jour on peut remarquer que la caméra, toujours fixe, change de perspective dans une même scène de la veille et on est témoin des premières fausses notes dans la petite musique-rengaine de Delphine.
La fin est assez prévisible, tel un train que l'on voit arriver sur le spectateur.
Delphine Seyrig est une actrice prodigieuse qui arrive à rendre captivante une scène d'épluchage de patates, malaxage de viande hachée, ménage dans la salle de bain ou pire encore une scène où elle ne fait rien pendant plusieurs minutes.
Ce deuxième film de la Chantal est plus maîtrisé (encore merci Delphine), réservé aux cinéphiles aguerris encore une fois néanmoins.
Disponible en ce moment, gratuitement sur la chaîne digitale de Arte, canal 77 sur la TNT, ou sur la chaîne Youtube de la même Arte.
Elle vide tout les meubles en ne gardant qu'un matelas, qu'elle change de place au gré de sa folie.
Elle passe son temps à écrire des lettres, à la personne qui partage sa vie mais on ne sais pas qui, en se nourrissant de sucre en poudre (bonjour le diabète) et sinon à ne rien faire mais en nous le racontant en voix-off (elle ne parle pas et ne dira que trois phrases de tout le métrage).
Au bout de plusieurs semaines, elle sort de chez elle (son sac de sucre étant consommé, elle commençait à avoir faim) et se fait prendre en stop par un routier.
Le gars est plutôt sympa et lui au moins, il cause.
Au bout de dix minute, j'ai reconnu Niels Arestrup qui vient de claquer hier.
Les deux ont l'air de s'apprécier et entament une sorte de relation durant leur périple routier.
Finalement la jeune femme arrive chez une amie qui s'avère aussi sa petite.
Son amie lui dit qu'elle ne peut pas rester mais la jeune femme qui ne veut pas partir, déclame qu'elle a faim, puis qu'elle a soif et puis finalement elle ne serait pas contre un câlin entre femmes...
Ce premier jet de la Chantal, joli prénom, qui est proposé par Arte dans le cadre d'une rétrospective de la cinéaste belge qui s'est foutue en l'air en 2015 nous met tout de suite dans le bain, celui du cinéma d'art et d'essai proche du dépouillement d'un Bresson, Ozu ou d'un Bergman.
Pas de problème pour moi qui aime ce genre de film, par ailleurs moins casse bonbon qu'un Warhol du genre "Sleep" ou "Empire".
Le récit est divisé en trois partie : le huis-clos dans le logement où le personnage, joué par la réalisatrice nous déclame ses états d'âmes, vidant la pièce dans laquelle elle vit comme vidant sa tête de ses démons.
On bouge enfin dans une partie road-movie ou on assiste à un long plan séquence dans lequel Arestrup fait un monologue sur la vie de famille, les enfants et la virilité.
La dernière partie ressemble à un manifeste lesbien avec cette fameuse scène de frotti-frotta, de caresses qui ressemblent plus à de la lutte et pour finir une gâterie buccale.
Je n'ai rien contre les scènes de sexes, ici soft il faut le dire, dans les films traditionnels mais j'ai quand même l'impression qu'on nous prend parfois en otage et de plus, elles sont souvent mal faites.
Ce premier essai me laisse quand même une bonne impression dans l'ensemble, on a à faire à un exercice plutôt décalé, assez caractéristique de cinéma belge, voire scandinave.
Un film qui ne laisse pas indifférent et c'est déjà ça.
En Belgique, Mathias est professeur de linguistique en université, il est en couple avec Anne, une française qui est décoratrice de théâtre.
Des manifestations contre les flamands ont cours, ainsi que des grèves, ce qui empêche Mathias d'enseigner.
Le couple est en crise, en proie à un manque de communication et le mal du pays (le notre) d' Anne.
Mathias doit prendre le train pour une conférence et le couple se dispute durant une promenade juste auparavant.
Anne rejoint finalement Mathias dans sa cabine et le couple semble se réconcilier.
Mathias s'endort,
quand il se réveille, le train s'est arrêté
dans un paysage désertique
et silencieux
...et Anne a disparu
Dès les premières secondes du film, on est plongé dans une étrangeté coupée de malaise, d'autant plus que la présence du charnel méditerranéen Montand fait un peu tache dans ces décors d'outre-Quiévrain qui donnent envie surtout de se tirer une balle dans la tête ou de se souler à mort mais on comprendra plus tard pourquoi.
La Belgique, c'est la France en pire, ou à notre époque ce serait plutôt la France dans 10 ans. La Belgique, c'est Baudelaire qui en parle le mieux.
Mais la Belgique au cinéma, c'est André Delvaux qui a fait rentrer l'Art ultime dans la modernité de l'époque dans ces années 1960 révolutionnaires.
On pense à Antonioni (l'Avventura pour la femme qui disparait, l'Eclipse pour l'étrangeté et l'incommunicabilité et le Désert rouge pour le décors de mort), à Fellini également et tout le côté burlesque, décalé des belges.
Je n'ai pas accroché tout de suite à cette œuvre, c'est à partir de la montée dans le train que je dirais que le sport commence.
À partir du moment où Montand se réveille, on devine assez vite (quand on a vu un certain nombre de films) qu'il est soit en train de rêver, soit qu'il est mort lors que le spectateur est plongé dans un paysage silencieux, désertique, blanc et que les évènements les plus étranges se présentent, s'enfilent telles des perles d'un collier mortuaire.
La froide beauté d'Anouk Aimée, beauté parfaite comme le sont toutes les juives et qui était alors à son sommet, sert ici d'opposé à cette fameuse chaleur charnelle de Ivo Livi, l'esprit contre la chair d'où incommunicabilité.
Cette œuvre devient de plus en plus intéressante au fur et à mesure que celle-ci plonge dans le fantastique et le surréalisme et que certains passages ressuscitent les meilleurs moments de l'Expressionisme des Années Folles.
Mouzon sort d'une réunion informelle sur une transaction sur des armes de guerre. Il dépasse une voiture puis a un accident.
Le conducteur de la voiture dépassée s'arrête et lui porte secours en l'emmenant à l'hôpital.
Le bon samaritain s'appelle Gerfaut, joueur de poker, et s'en va sans demander son reste.
Mouzon s'avérera avoir pris deux balles dans le buffet, ce qui causera sa mort.
Gerfaut, lors d'un weekend à Trouville avec sa bonne amie italienne, se fait agresser par deux hommes qui tentent de le noyer dans la Manche.
Notre héros va alors être traqué, apparemment il est un témoin gênant...
Delon produit ce Deray et fait du Bébel en nous proposant un polar d'action avec jean, veste en cuir, gros pétard et poursuite de voitures.
La fille est jouée par Dalila Di Lazzaro, qui, à l'époque était la fille à la mode avec Ornela Muti et Clio Goldsmith, ici elle parle français et est plutôt convaincante.
Le trafiquant d'armes en chef est joué par Pierre Dux, ancien professeur du conservatoire et qui ressemble au grand Charles, mais qui serait compressé par César.
Le suspens est constant dans ce polar vraiment bien foutu et à l'intrigue pas compliquée, dirigé par l'orfèvre qu'est Deray qui s'approche ici de la maestria d'un Corneau.
Dans la confusion de l'immédiate après-guerre (lire "Uranus" de Marcel Aymé pour en saisir l'atmosphère d'alors), un gang de malfrats s'appelant le gang des tractions avant, tel la bande à Bonnot 30 ans auparavant, enchaînait braquage sur braquage.
Composé d'anciens résistants ou collaborateurs, leur chef était Pierre Loutrel, dit "Pierrot le Fou".
Cette adaptation du roman de Roger Borniche, ancien policier, nous propose une évocation façon "Borsalino" des exploits du gang.
Ce film de Deray qui adapte donc encore un roman de Borniche avec son aide et celle de Jean-Claude Carrière et ce, après "Flic Story", est presque plus connu pour la fameuse perruque de Delon que d'autres raisons diverses.
Production franco-italienne, la distribution nous gratifie de la magnifique Laura Betti (la bonne de "Théorème" de Pasolini), doublée ici alors qu'elle sait parler français et de Adalberto Maria Merli en français heureusement.
L'histoire s'inspire du gang des tractions avant sans que ce soit un "biopic" et Delon joue une évocation du célèbre truand et s'appelle d'ailleurs ici "Robert".
Le film contient quelques invraisemblances ci et là comme le fait que le fameux Robert ne se déguise jamais alors qu'il avait son portrait affiché partout (Mesrine ne fera ensuite pas la même erreur), qu'il revient sur les lieux d'un braquage avorté pour terminer le travail, et que certains employés ne le reconnaissent même pas et enfin le siège de l'auberge qui se règle de façon peu croyable (Robert qui téléphone au gendarmes pour que ceux-ci tirent sur les policiers).
Nicole Calfan est très convaincante parmi ce groupe de males
"Le Gang" n'en reste pas moins un excellent spectacle, à voir en complément de "Borsalino" du même Deray produit par le même Delon et pour ce Delon déguisé en Carlos Santana.
Evocation de la dernière partie de la vie de Talleyrand, de 1808 à la Monarchie De Juillet de Louis-Philippe dans cette période d'instabilité qu'a connue la France de 1789 à 1870.
Retors, malin comme un singe, manipulateur, servant toute les causes pour d'abord servir la sienne, Guitry interprète un des personnages les plus importants du début du XIXème avec Chateaubriand et Napoléon.
L'auteur nous propose cette adaptation de sa pièce et nous replonge dans le film en costume comme "Les Perles De La Couronne" 11 ans auparavant.
Talleyrand est le modèle de tout les ambassadeurs et hommes politiques qui suivront, lui-même étant une sorte de Richelieu de son temps, murmurant à l'oreille des rois ou empereurs.
Les bons mots sont là quoique moins présent, Napoléon en prend pour son grade, ensuite viennent les rois successifs, Louis XVIII, Charles X, Louis Philippe.
L'épouse d'alors, Lana Marconi occupe une partie de la première heure, on peut apercevoir Robert Hossein lors de la séquence de la fête espagnole et Howard Vernon joue un lord lors de la partie finale en Angleterre.
Un Guitry de bonne facture, réservé quand même avant tout aux fans de l'auteur ainsi qu'aux historiens.
Lucien Guitry fut le Frédérick Lemaître de la Belle Epoque, seule la Sarah Bernhardt pouvait alors lui contester le trône du théâtre.
Ce film est l'adaptation de la pièce de son fils Sacha, évoquant de manière fictionnelle le maître à l'œuvre et ses réflexions sur l'Art Théâtral et la vie en général.
Guitry fils joue ici le rôle de son père et de lui-même dans la dernière partie en un tour de schizophrénie qui résume à lui seul le principe de l'art du comédien.
Il s'agit bien ici d'une fiction et pas d'un biopic, le scénario est au service d'une illustration de la personnalité de Lucien Guitry, de son goût pour les femmes, qu'elles soient admiratrices ou collègues de planches, et ses vues sur la technique de l'interprétation qui pourrait ressembler à celle du jongleur comme il est dit dans le métrage.
Le terme mise en abyme sied parfaitement au propos développé dans "Le Comédien", porté par quelques bons mots typiques du Sacha, quoique pas aussi flamboyant que dans les classiques des années 1930 ou "La Poison" 3 ans après.
Un Guitry mineur mais qui reste un bon travail de Sacha au service de la légende que fut Lucien.
Cinq truands parisiens réunissent une somme d'argent pour ramener de la drogue de Marseille. C'est Moreau qui se charge du transport par un voyage en train de nuit.
L'un des comparses, Jabeke, décide de voler la valise d'argent en se fabriquant un alibi avec un séjour à Bruxelles.
Le vol se passe mal et Jabeke est obligé de tuer Moreau et de balancer son corps par la fenêtre du train.
Bon an mal an, il réussit son coup et planque la valise mais ce qu'il ne sait pas c'est que celle-ci contient des faux billets que l'un des associés, Clavet a fourni pendant la mise de fond parce qu'il était à sec question artiche.
Les soupçons vont tomber sur chacun des quatre survivants et le jeu de massacre va commencer...
Ce troisième film de Deray est tiré d'un roman de Reynaud-Fourton, adapté par Deray, Giovanni et Sautet, excusez du peu !
Rochefort, ici avec la lèvre supérieure glabre sauf quand il est déguisé, a le rôle le plus important dans celui de Jabeke, moteur de l'intrigue.
Voir Rochefort, qui m'a toujours fait penser à un paon mutique, dans un rôle ambigu est dépaysant.
Le reste du casting est dominé par Charles Vanel qui joue le chef du groupe de truands, on retrouve Giovanni dans le rôle de Moreau, la première victime et enfin Claude Dauphin et Michel Auclair.
L'actrice Daniela Rocca joue la maîtresse de Rochefort, elle est surtout connue pour avoir joué la femme moustachue de Marcello Mastroianni dans le classique "Divorce À l'Italienne" de Pietro Germi.
Michelle Mercier a un rôle assez effacé mais qui sera important à la toute fin.
L'atmosphère et la photographie fait penser au "Doulos" de Melville et l'histoire fait penser aux premiers Kubrick ("Le Baiser Du Tueur" et "L'ultime Razzia") et enfin le traitement ressemble à du Bresson, un certain dépouillement, voir ascétisme et une approche documentaire dans la partie Lyon/Bruxelles/train de nuit.
Cette symphonie se savoure sans ennui, le suspense est constant et on se demande si le personnage joué par Rochefort va s'en sortir (la fin ressemble à celle de la "Baie Sanglante" de Mario Bava).
Deray prouvait ici qu'il était voué à de beaux lendemains.
Merci à la chaîne Répliques Cultes sur YouTube pour m'avoir fait découvrir ce métrage.