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samedi 29 novembre 2025

LA MACHINE À TUER LES MECHANTS DE ROBERTO ROSSELLINI 1952

 





Synopsis : 

Dans un petit village de pécheur, au sud de Naples,

Des américains débarquent pour transformer le cimetière du village en un hôtel luxueux, ils renversent sur leur chemin un vieux pouilleux qui disparaît subitement, comme s'il n'avait jamais existé.
Lors de la fête du saint local, le vieux réapparaît chez Célestino, le photographe du village. Il lui montre comment "tuer les méchants (vaste programme)" avec son appareil photo.
Célestino va alors appliquer sa propre justice, entre les riches qui vivent en haut et les loqueteux qui vivent en bas qui sont tous autant jaloux dès qu'un malheureux lire est en jeu...








Rossellini tourne cette rare comédie dans son style néoréaliste, c'est-à-dire documentaire, naturaliste, avec des habitants du coin dans leur jus.
Une petite touche de fantastique et quelques bonnes idées : le fasciste mort le bras en l'air et enterré dans un cercueil adapté ou l'américaine qui rend les males du coin zinzins.
Il manque peut-être un Alberto Sordi ou un Vittorio Gassman pour que ce film devienne un peu plus mémorable, la Comédie À l'Italienne en était à son balbutiement, mais le gars qui joue Célestino est assez bon.















jeudi 27 novembre 2025

ANTOINE ET SEBASTIEN DE JEAN-MARIE PERIER 1974

 





Synopsis :

Antoine, ancien pilote, tient un aérodrome de vieux coucous. Il a une fille franco-italienne, Nathalie et une aversion pour les américains.
Il est également le tuteur de Sébastien, actuellement à l'armée, qu'il considère comme son fils.
Nathalie s'entiche d'un bel étranger qui a le malheur d'être américain.
Antoine décide de lui casser la baraque, comme on disait à l'époque, et de mettre Nathalie dans les bras de Sébastien...








Le portraitiste des idoles a décidé à l'époque de passer de l'image fixe à celles en action et comme on est jamais mieux entre proches, engage le papounet adoptif et le pote qui était le compagnon de son ancienne amoureuse.
Dutronc donc, dont c'est le premier film et dont le talent inné d'acteur crève les mirettes joue un jeune anar qu'il était alors.
Nathalie est jouée par la belle multilingue Ottavia Piccolo qui retrouvera Dutronc dans "Madot" de Sautet.
François Périer est ici en roue libre, interprétant un Antoine un peu ébréché du ciboulot, apportant une sorte de burlesque surréaliste au récit.
Marie Dubois, une des légendes de la nouvelles vague, interprète l'amante de passage de Sébastien, avec son charme naturel toujours bouleversant.
Keith Carradine, qui a fait une carrière modeste par rapport à son frère et son père, on se souvient de "John McCabe" de Robert Altman et des "Duellistes" de Ridley Scott, incarne l'amerloque sur lequel s'abat les lazzi.

Un bon petit film, qui plaira aux nostalgiques des années 70 où tout était permis, le Jean-Marie n'étant pas un manchot.
















samedi 22 novembre 2025

VERMIGLIO OU LA MARIEE DES MONTAGNES DE MAURA DELPERO 2024

 





Synopsis :

À Vermiglio dans le Trentin vers la fin de la seconde guerre mondiale,

Un soldat sicilien et un habitant du village, tous les deux en fuite, arrive à Vermiglio. Le sicilien, Pietro se cache dans une cabane dans la montagne.
L'instituteur du village a neuf enfants dont trois filles : Lucia, Ada et Flavia. Lucia est l'ainée et plutôt réservée, Ada a des fulgurances religieuses mais doit faire face a une certaine propension au péché et a la culpabilité qui en découle et enfin la cadette, douée intellectuellement et curieuse.
Lucia tombe amoureuse du sicilien qui parle à peine italien et est analphabète. Le péché de chair est consommé, Lucia tombe enceinte et les deux doivent se marier.
La guerre s'arrête et Pietro doit retourner quelques temps en Sicile.
Il ne reviendra jamais...







 
La réalisatrice filme son scénario qui est avant tout une histoire de femmes, du poids de la religion et des traditions bien ancrées même dans les Alpes italiennes, du sort des femmes et pour ce qui est du personnage de Lucia, la naissance d'une femme et d'une mère.
Une œuvre qui prend son temps, souvent contemplative, les personnages des sœurs sont très bien écrits et celui de Ada me rappelle un peu le personnage de la "sorcière" dans "La Source" de Bergman.
Ce film européen (italien, français et belge) sera couronné à Venise (à une centaine de kilomètres de Vermiglio). 
Une réalisatrice à suivre définitivement.





 











lundi 17 novembre 2025

L ' ETROIT MOUSQUETAIRE DE MAX LINDER 1922

 






Synopsis :

Lindertagnant rêve de devenir mousquetaire et c'est pour ça qu'il décide de monter à la capitale, afin de faire ses preuves.
À Paris règne le serrurier Louis XIII, qui porte malheur, mais en fait c'est le terrible cardinal Pauvrelieu qui tire les ficelles et parfois les cheveux.
Lindertagnant, après quelques péripéties, se verra confier une mission : récupérer les pierres semi-précieuses que la reine Ananas d'Autriche a donné à son amant rosbif, le duc de Bouc-qui-gagne...







C'était l'époque où les américains demandaient aux français de réaliser des burlesqueries car nous avions inventé le cinéma, l'avons développé avec Georges Méliès et enfin fignolé avec Maximilien Leuvielle dit Linder, le tout pendant les 20 premières années de l'art  septième.
Max Linder était comme tous les génies, complètement siphonné et ce moyen métrage nous en donne constamment la preuve.
Un gag toutes les dix secondes, des anachronismes historiques (on a peut-être ici la naissance du nonsense que les Pythons sublimeront) tels les mousquetaires qui communiquent par téléphone ou Ananas d'Autriche qui écrit sa lettre sur une machine à écrire font de ce film un classique du burlesque, qui en a influencé beaucoup : Harold Lloyd, Buster Keaton et un certain Chaplin.
Ce "Three Must-Get-Theres" est un des derniers Linder qui se suicidera en 1925 à 41 ans de retour en France.












Le film en intégralité :





dimanche 16 novembre 2025

STORIE DI VITA E MALAVITA DE CARLO LIZZANI 1975

 





Synopsis :

À Milan, quelques histoires ayant pour thèmes la prostitution des mineures :

Une jeune sarde arrive pour travailler au noir, se fait séduire par un homme qui s'avère être un proxénète.
Une adolescente enceinte de son père se voit martyrisée par ses maquereaux car elle a perdu de sa valeur.
Une encore vierge jouvencelle voit sa valeur monter et est alors convoitée par de plus en plus riches hommes.
Une bourgeoise cherche à se venger de ses parents hypocrites.
Une adolescente qui déteste les hommes verra son protecteur canin massacré ce qui la poussera à un geste fatal.
Enfin une histoire qui ouvre et clos le métrage : une tante prostitue sa jeune nièce à des routiers pour nourrir sa très nombreuse famille de loqueteux habitant dans une ruine en banlieue de Milan. Poursuivie par des maquereaux qui mettront le feu à leur logement de misère, elle réussi à en attraper un et à le massacrer à coup de pelle.








Carlo Pisani avait réalisé le segment censuré du film à sketches "L'amour à la ville" en 1953, ce film est un peu la version longue actualisée en adaptant de véritables histoires du destin d'adolescentes se faisant exploiter pour quelques lires.
Le traitement est un mélange de Néoréalisme, les interprètes sont pratiquement tous des amateurs, de film à sketches mais en fait plutôt choral, le tout avec un soupçon de comédie noire et même un peu de bis italien avec ses cinq dernières minutes plutôt violentes.
Les hommes passent tous pour des porcs et certaines femmes également, le moins que l'on puisse dire c'est que le propos est peu nuancé et on pourrait aussi reprocher au réalisateur de profiter de ce qu'il dénonce avec ses nombreux plans sur les seins et les fesses des jeunes interprètes : on a parfois l'impression de voir une comédie érotique.
Le Maestro Morricone se fait discret ici mais sa contribution est toujours appréciable.
Il n'en reste que ces deux heures sont assez marquantes de part la gravité du sujet et le talent certain du cinéaste responsable de ce film assez rare.















samedi 15 novembre 2025

MONSIEUR HIRE DE PATRICE LECONTE 1989

 





Synopsis : 

Une jeune femme vient de se faire tuer.
La police fait une enquête de voisinage et un certain monsieur Hire est interrogé.
Hire n'est aimé de personne et leur rend bien, il vit seul et son seul plaisir est de "mater" sa voisine, Alice, en face de chez lui.
La blonde finit par s'en rendre compte, d'abord choquée elle va ensuite séduire le célibataire qui est d'ailleurs fou d'elle.
La garce a en fait un dessein bien particulier, elle et son fiancé qui n'est pas étranger au crime commis...








S'attaquer à Simenon et le classique que Duvivier nous a offert avec "Panique" et l'excellent genevois Michel Simon, c'est le défit auquel s'est soumis Leconte qui venait de nous éblouir avec "Tandem".
Si le film de Duvivier prenait le parti pris de la critique sociale, de la dénonciation de la rumeur, ce "Hire" version 80 se concentre surtout sur l'histoire d'amour, une des plus belles jamais filmée entre la belle et la bête qui ne l'est pas.
Dès les premières images du film, on sent que ça va être bon : l'atmosphère fait penser à du David Lynch et la photographie fait penser à du Jeunet.
Michel Blanc casse définitivement son image de JCD en trouvant son rôle à la "Tchao Pantin", peignant sur son visage la désolation et le désespoir de son extrême solitude.
Leconte était alors dans sa période "état de grâce" : "Tandem", celui-ci, "Le Mari De La Coiffeuse", autant de derniers spasmes d'un cinéma français qui vivait ses dernières années.
Un siècle, s'est déjà une vie honorable...
















dimanche 9 novembre 2025

L ' AN UN DE ROBERTO ROSSELLINI 1974

 





Synopsis :

L'histoire du début de la Démocratie Chrétienne, de 1944 à 1954, et plus largement de la reconstruction de l'Italie après la libération, en suivant le destin de Alcide De Gasperi...







Rossellini nous offre ce film d'arrière saison, qui n'a d'autres qualités que didactique, documentaire sur la naissance de la démocratie en Italie, après une longue période monarchiste puis fasciste.
On pense à ce que fera en 2008 Paolo Sorentino avec "Il Divo" qui s'occupe de Giulio Andreotti ou Marco Bellocchio avec "Buongiorno Notte" sur Aldo Moro.
Rossellini revient à ses chefs-d'œuvre des années 40, la trilogie "Rome Ville Ouverte", "Allemagne Année Zéro" et "Païsa" mais se place ici d'un point de vue moins populaire et plus politique, en parlant de la bourgeoisie qui constitue chaque parti politique en ce monde.
En synthèse, cet "An Un" s'adresse uniquement aux étudiants en politique italienne et est aussi passionnant et entrainant qu'un discours de politicien.










samedi 8 novembre 2025

LA PEUR DE ROBERTO ROSSELLINI 1954

 





Synopsis :

En Allemagne, au début des années 50,

Irène est une cheffe d'entreprise dirigeant un laboratoire, elle est mariée et a deux enfants.
Elle a une liaison avec un musicien tout en se sentant un peu coupable.
Un soir, de retour chez elle après avoir ramené son amant, une femme l'aborde, se présentant comme l'ancienne compagne de l'amant et menace de tout raconter à son mari.
Le chantage se fait de plus en plus pressant, la femme demandant de plus en plus d'argent.
Pour Irène, le poids de ses mensonges commencent à la dévorer de plus en plus...







Rossellini adapte "La Peur" de Stefan Sweig en filmant son Ingrid Bergman qui est de pratiquement tous les plans.
L'histoire est originale du fait de la confrontation entre deux femmes dont une épouse qui a réussi et se permet une vie plutôt libérée et une autre manipulatrice/manipulée.
On est en présence d'un très bon thriller agrémenté de fulgurances sur certains plans, Hitchcock n'est pas loin, le suspense est alimenté par la caméra au plus près du visage inquiet de la belle suédoise qui est parfaite comme toujours.
Le seul truc qui m'a dérangé est le coup de théâtre qui arrive un peu tôt (la révélation aurait eu plus de force par la maîtresse chanteuse de mon point de vue) mais les dix dernières minutes constituent un grand moment de cinéma grâce à Ingrid.
Ce dernier Rossellini/Bergman est à l'image des précédents, un classique, du travail d'orfèvre pour gourmets.
















lundi 3 novembre 2025

LE CONSEILLER DE ALBERTO DE MARTINO 1973

 





Synopsis :

À San Francisco, la famille Macaluso contrôle le port et ses alentours. Don Macaluso est de plus en plus contesté, notamment par Garofalo qui voudrait bien prendre sa place.
Le filleul du don, le consigliore et avocat Thomas, sort de prison et est accueilli chaleureusement par le parrain.
Les choses se compliquent quand Thomas lui confie qu'il voudrait se retirer et vivre une vie honnête.
Don Macaluso, d'abord réticent finit par accepter mais Garofalo en profite pour lancer une attaque sur lui car "on ne quitte la Cosa Nostra que les pieds devant"...







Alberto De Martino n'est pas le plus connu des artisans du Bis Italien, ayant comme ses collègues touché à tout les genres, Westerns Spaghetti, Giallo, Péplum, Comédie Polissonne, Espionnage (c'est lui qui a commis "Opération Frère Cadet" avec...le frère cadet de Sean Connery) ou comme ici le Poliziottescho avec quelques têtes bien connues de l'époque comme l'américain Martin Basalm qui trouvait alors une deuxième jeunesse en Italie, l'espagnol Francesco Rabal dans le rôle du méchant mafioso et le cultissime Tomas Milian dans un rare rôle de "gentil", ici le consigliore du titre.
Riz Ortolani, qui constitue avec le Maestro Morricone et Nino Rota la sainte trinité des compositeurs du cinéma italien nous délivre une délicate partition, comme souvent avec lui.
San Francisco oblige, on pense parfois à "Bullitt" pendant les deux poursuites de bagnoles dans les rues pentues de la ville.
La dernière demi-heure se passe en Sicile dans la région de Palerme.

Le tout est assez bien fichu, avec le Bis Italien, c'est souvent la surprise : navet, nanar, ou pépite comme ici. On sent que le film a été fait avec un certain sérieux et professionnalisme, ce qui fait qu'on passe 100 bonnes minutes.















dimanche 2 novembre 2025

BLIND MOUNTAIN DE LI YANG 2007

 





Synopsis :

Au début des années 90 en Chine du nord, Bai est une étudiante cherchant à se faire de l'argent pour rembourser les études de son frère.
Elle trouve un boulot dans un village reculé dans la montagne, soit disant vendre des herbes médicinales. En fait elle a été vendue contre son gré à une famille du village comme épouse du fils.
Elle se révolte assez vite mais est enchaînée dans une pièce, à la merci du fils qui la viole régulièrement.
Les mois passent, elle fait appel à un professeur amoureux d'elle, puis à un gamin. Elle écrit des lettres qu'elle donne au facteur qui les redonne à son "mari" car tout le monde est complice est corruptible dans ce coin reculé. Plusieurs tentatives d'évasion se concluent toutes par un échec.
Bai finit par tomber enceinte...








On a ici affaire à un drame social, qu'on pourrait décrire comme un film de redneck à la chinoise, dénonçant certaines coutumes arriérées des fermiers chinois en cours il y a encore trente ans.
La distribution est composée d'amateurs et de gens du crû, dans leur jus (certaines femmes étant apparemment de réelles filles achetées), sauf pour le rôle titre extraordinairement interprété par une jeune actrice qui s'immole pour l'occasion.
Le gouvernement chinois a grandement charcuté le film pour l'exploitation nationale, coupant notamment la fin abrupte de la version internationale. 
Un mélodrame bien ficelé, malgré un certain manque de suspense, on a la sensation assez vite que l'héroïne ne va pas s'en tirer, filmé par un réalisateur qui a du courage.
















samedi 1 novembre 2025

HARMONIUM DE KOJI FUKADA 2016

 






Synopsis :

Toshio a un petit atelier de mécanique dans son garage, il est marié et a une fille de 8 ans.
Un jour apparait Yasaka, un vieil ami de Toshio qui vient de sortir de prison. Toshio embauche Yasaka qui loge bien vite chez lui.
La femme de Toshio, d'abord méfiante, finit par être séduit par la politesse, gentillesse et discrétion du nouvel habitant de la maison qui est constamment habillé de blanc.
Yasaka va même jusqu'à devenir le professeur d'harmonium de la fille de Toshio.
Mais le lourd secret qui lie les deux hommes va bientôt devenir trop encombrant...





 


Ce thriller intimiste virant au mélodrame dans sa deuxième heure permet à Tadanobu Asano, un des meilleurs acteurs japonais de ces trente dernières années de délivrer son personnage habituel : trouble, gris, inquiétant...une sorte de Marlon Brando sans le cabotinage.
"Harmonium" est un film de premier ordre, une des raisons pour lesquelles j'aime le cinéma asiatique et ici japonais : des histoires qu'on ne voit nulle part ailleurs, ici écrit par le réalisateur, une place toujours laissée à l'interprétation du spectateur, ici la fin ouverte, et une évasion de tout les instants.
Le cinéma asiatique, sud-coréen, taïwanais et japonais surtout, est peut-être le dernier encore vivant de nos jours, authentique,  regardez "Harmonium" et vous comprendrez...