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mardi 10 septembre 2024

LE PRISONNIER 1967/1968

 





Synopsis :

Un homme roule dans Londres dans sa voiture de sport. 
Il passe devant Westminster et se gare dans le parking souterrain du palais.
L'homme progresse d'un pas décidé dans un corridor sombre et déboule dans un bureau.
Il enguirlande le gars assis derrière et dépose ce qui ressemble à une lettre de démission.
L'homme rentre chez lui et fait ses bagages.
Un croque-mort sortant d'un corbillard qui suivait notre homme injecte un gaz par la serrure de la porte. L'homme s'évanouit.
Il se réveille dans la même pièce que précédemment sauf qu'en fait il se trouve dans un lieu inconnu ressemblant à un village méditerranéen.
Nous ne connaitrons jamais son nom, dans le village, il est le numéro 6 et est prisonnier...









"Le Prisonnier" est l'œuvre de son acteur principal, Patrick McGoohan, aidé de l'écrivain George Markstein.
Le style de la série, ou devrais-je dire dystopie, de 17 épisodes est un mélange de fantastique, science-fiction et espionnage, traité avec une audace inédite à l'époque, avec l'influence alors contemporaine du "Swinging London".
Les premiers épisodes sont très impressionnants : Le cadre du "Village", une ville côtière du Pays De Galles à l'architecture italienne fait déjà de l'œuvre quelque chose d'inoubliable mais si on ajoute le style nerveux de la réalisation, un éclairage psychédélique, des personnages très loin d'être manichéens (nous ne sommes pas à Hollywood), une légère pincée de philosophie et de symbolisme et surtout un constant désir et devoir de dérouter le spectateur.
La mécanique du "Prisonnier" consiste à chambouler l'histoire présentée et apprendre au spectateur à ne pas croire dans se qu'il voit et entend, à ne faire confiance ni au script, ni aux personnages, une leçon de vie en bref.
"Le Prisonnier" est en cela telle une partie d'échec, d'ailleurs sujet d'un des épisodes, ou les personnages sont des pions mouvants en des possibilités presque infinies.
McGoohan est un comédien hors norme, il fera de certains épisodes de "Colombo" des moments inoubliables, il incarne un des meilleurs rebelles de l'histoire, en cela il me fait penser à Steve McQueen.

Ceci dit, en considérant que la série ne devait durer que quelques épisodes, certains de ceux-ci au milieu de la saison sont clairement destinés à faire du remplissage, l'histoire ne progresse plus et on a droit à numéro 6 au Far West, numéro 6 en James Bond traquant un scientifique se prenant pour Napoléon et même numéro 6 dans un corps différent de retour à Londres.
De plus, une fois qu'on a compris comment fonctionnait cette fameuse mécanique, au bout de quelques épisodes, on a tendance à être moins concentré sur l'histoire car on sait qu'à la fin, on aura droit à un retournement final qui bazardera tout le script.
Les deux derniers épisodes, écrits et dirigés par McGoohan, reviennent au fondamentaux et présentent un final à la porte très ouverte, sans vraiment d'explication autre que dans chaque homme se mélangent le bien et le mal, noir et blanc comme le masque des personnes dans le dernier acte.

Cette série, malgré ses défauts, est largement au-dessus de la mêlée, "Chapeau Melon" sera influencée par elle, comme on décèle une influence de "La Quatrième Dimension" (l'homme arrivant dans un village étrange, surnaturel, désert au début) dans "Le prisonnier".
Je vois personnellement l'influence de cette série dans "Orange Mécanique" de Kubrick et dans les films de David Lynch.

Pour finir, "Le Prisonnier" ne s'adresse pas à tout le monde.
Les amateurs de sitcoms, de série d'après-midi pour ménagère ou amateurs de films d'actions pas compliqués ont peu de chance de tenir quelques épisodes, "Le prisonnier" est une œuvre exigeante, un marqueur du siècle dernier, à l'époque où l'Angleterre dominait culturellement le monde.


















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