Synopsis :
Quelques nuits et parfois de jours dans la vie de Jep, mondain de profession, critique d'art et auteur d'un roman il y a quarante ans.
Le décor : Rome, la ville éternelle.
Certains films nous invitent à penser, celui-ci nous invite à ressentir.
Le plat est servi, le vin aussi, il n'y a plus qu'à s'y laisser prendre…
Bien souvent quand on découvre une œuvre, on finit par avoir la même sensation que quand une paire de témoins de jehovah vient sonner à notre porte alors qu'on était tranquille : l'impression de s'être fait avoir, embusqué, braqué notre précieux temps, prisonnier d'une coercition sans préavis, un prosélytisme débridé toujours de la même couleur.
"La Grande Bellezza" est une œuvre au sens noble du terme, où il est question avant tout de sens et de sensations au lieu d'un tract électoral.
On pense à un croisement entre "La Dolce Vita" et "Huit Et Demi" (la vie mondaine et nocturne dans un Rome de carte postale, un burlesque et une poésie de chaque instant) ainsi un peu à "La Nuit" d'Antonioni et on remarque un style légèrement plus sobre, éthéré du virtuose qu'est Sorrentino.
"La Grande Bellezza", c'est aussi à Toni Servillo ce que les films de Fellini précités furent à Mastroianni : une carte de visite, une récompense absolue pour un acteur hors-norme. Jep et Marcellosont en fait les mêmes, des alter égocentriques.
Ce film est tout ce que j'attend d'un métrage italien, la musique de la langue, les couleurs épicées, les personnages plus grands que la vie.
Céline, Proust et Flaubert sont cités. Le "Voyage Au Bout De La Nu(vie)it" est cité car cette "Grande Beauté" est tout ce dont il s'agit finalement.
Le film sera récompensé de nombreuses fois, une rareté pour une œuvre apolitique, d'Art pur à l'ancienne dans cette triste époque de médiocrité, de tartuffes, de jocrisses.
Dans les années 2010 (et même un peu avant), le cinéma italien était enfin sorti de son coma dans lequel la télévision l'avait plongé.
La trattoria est de nouveau ouverte et nous avions faim.
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