Madeleine est à la tête d'une maison de haute couture, est célibataire, libérée, a des liaisons avec des jeunes et en ce moment c'est Antoine qui en profite.
Son amie Claire est plus jeune, mariée avec deux enfants en bas âge et s'ennuie dans son ménage.
Lors d'un défilé organisé par Madeleine, elle rencontre Antoine.
Les deux jeunes entament une liaison et finissent par tomber amoureux mais Madeleine finit par découvrir la forfaiture et décide de se venger en invitant Claire, son mari et Antoine à une soirée...
De Broca, alors encore vert, filme ce vaudeville qui ne vaut finalement que pour la qualité de ses interprètes : Jean-Pierre Cassel dans le rôle de l'amant, Micheline Presle dans le rôle de Madeleine, Jean Seberg avec son sensuel accent dans le rôle de Claire et François Perrier dans le rôle du cocu, sorte de Charles Bovary un peu concon mais qui cache bien son jeu.
Quelques belles répliques comme "la peau est l'habit qui te va le mieux" et une réalisation qui laisse entrevoir de belles choses.
En regardant ces 85 minutes pendant lesquelles je me suis un peu ennuyé, je me demandais ce qu'en aurait fait Sacha Guitry en rêvant un peu...
Un produit destiné avant tout au genre féminin, pas mauvais mais le boulevard et moi, ça fait deux généralement.
Louise a la quarantaine, divorcée, est professeur de dessin et vient d'enterrer sa mère avec laquelle elle vivait à Dieppe. Elle vient d'être mutée à Annecy et c'est l'occasion pour elle de commencer une autre vie.
Luigi est un jeune homme italien qui vient de débarquer dans la préfecture de la Haute-Savoie et qui vient d'être dépouillé de ses biens par un compatriote. À la rue et obligé de mendier, une femme li donne la pièce...c'est Louise.
Le sujet de la femme mature qui a une liaison avec un jeune homme était en vogue à l'époque, on se souvient de "Mourir d'Aimer" de André Cayatte sorti l'année d'avant avec la grande Girardot.
Annecy sert de cadre à cette romance vouée à l'échec, avec son lac, ses canaux, son Pont des Amours qui me font penser à une Venise des Alpes.
De Broca traite son sujet de manière un peu plus austère que Cayatte, filmant Annecy souvent sous la brume ou la pluie et surtout le fait que jeanne Moreau n'est pas Annie Girardot, jouant à peu près tout de la même manière, détachée, en dedans. Ici elle joue une amante/mère qui voit en ce jeune homme comme une éclaircie entre deux nuages.
Le jeune homme est joué par un gars pas très connu, qui ressemble à un jeune Gian Maria Volonté et qui est plutôt doué.
"Chère Louise" reste un Broca mineur mais loin d'être un navet, assez bien fichu au final, méritant un coup de mirettes.
Edouard est un pianiste reconnu, la cinquantaine fringante, deux fois marié et père de quatre filles dont une adolescente.
Il a tout pour lui mais vit comme un jeune homme, butinant ci et là les demoiselles qui se présentent à lui et parfois cela lui rend la vie un peu compliquée entre son ex femme, son épouse actuelle, sa maîtresse actuelle et la prochaine qu'il ne connait pas encore...
"Le Cavaleur" permet de servir notre Grand Duc cavalier, plat principal de cette comédie douce amère accompagné de sa julienne d'actrices plus ou moins confirmées telle la Girardot ou la Darrieux, Nicole Garcia qui joue ce qu'elle était dans la vraie vie et donc quelques jouvencelles.
Les dialogues d'Audiard sont plutôt bons, surtout dans la première partie du récit, celle baignant dans la comédie. C'est appréciable, surtout que le meilleur d'Audiard se situe dans les années 1950 et 60.
Rochefort promène son visage de Droopy qui veut se faire pardonner, la moustache frétillante et l'œil malicieux, incarnant un picoreur qui finit par tout dévorer et se retrouver sans rien à becqueter, ayant fait le vide autour de lui.
Le film fait penser à certains Joël Séria avec son ami Marielle, les "Galettes De Pont-Aven" surtout, le cadre breton y fait penser et bien sûr on pense au personnage d'Etienne que joue Rochefort dans le diptyque de Yves Robert.
"Le Cavaleur" est un excellent Philippe De Broca, fortement recommandable.
Nicolas, 10 ans, est un garçon assez réservé, qui fait toujours pipi au lit, angoissé et mal dans sa peau.
Il est conduit par son père à une classe de neige en Haute-Savoie car un accident de car meurtrier s'est produit récemment.
Son père est un être autoritaire, assez bizarre, on apprendra plus tard qu'il a essayé de se suicider.
En arrivant, Nicolas découvre que son père à oublié son sac dans sa voiture, contenant ses vêtements, ce qui le met encore plus mal à l'aise.
Les jours passant, le père et le sac ne reparaissent pas, Nicolas fait des cauchemars et finit par tomber malade en se retrouvant enfermé dehors sous la neige après avoir uriné dans son lit.
Un enfant disparait et est retrouvé ensuite mort.
Nicolas pense qu'un commando de trafic d'organes sévit dans la région, surtout après une histoire que lui a raconté son père quelques mois auparavant...
Miller nous propose un thriller à la limite de l'horreur, le film se passe pas loin d'Avoriaz par ailleurs, avec de grosses touches de scènes oniriques.
Cette adaptation du livre de Emmanuel Carrère, qui apparait au début du film, est plutôt original, porté presque entièrement par le débutant Clément Van Den Bergh qui arrive à faire passer beaucoup d'émotions en ne faisant pourtant pas grand chose.
Le récit cache bien son jeu, progresse à couvert à coup de scènes oniriques qui déstabilisent le spectateur, le suspens est bien amené d'autant plus qu'on ne sait pas de quoi on doit avoir peur.
Cette "Classe De Neige" est une œuvre qui marque, définitivement originale qui fait penser au futur film suédois "Morse" de 2008 (les enfants, la neige, l'atmosphère un peu poétique et le fantastique).
En 1947, trois touristes américains débarquent à Oran pour un séjour de découverte de la région du Sahara et même au-delà.
Deux d'entre eux est un couple d'artistes, mariés depuis dix ans et sont accompagnés d'un bellâtre mondain qui n'est pas insensible aux charmes de l'épouse.
Les touristes vont faire des rencontres plus ou moins heureuses, l'époux va contracter la typhoïde jusqu'à en mourir et ce n'est que le début...
Bertolucci adapte le roman de Paul Bowles, qui apparait dans le film, et nous raconte cette histoire dramatico-érotico-philosophique dont les qualités photographiques sont de loin le meilleur côté de l'œuvre.
La première heure a ses qualités, distillant une certaine tension sexuelle entre les trois protagonistes mais à partir de la mort du personnage joué par Malkovich, le récit se perd et devient un mirage, en quelque sorte.
Debra Winger, qui joue en fait le personnage principal de l'histoire, fait une prestation intéressante mais ne sauve pas la deuxième moitié du récit.
À voir pour l'atmosphère, les paysages et la photographie (de belles scènes filmées à l'heure magique) mais ceux qui s'attendent à voir un "Casablanca" ou un "Lawrence d'Arabie" en seront pour leur frais.
Dans le désert des Moyaves, entre la Californie et Las Vegas, un couple de bavarois a une dispute. L'épouse prend sa valise et quitte son mari.
Livrée à elle-même, Jasmin échoue dans un motel au bord de la route, le Bagdad Café, tenu par une femme, Brenda, et ses deux enfants qui vient d'être quittée par son mari. D'autres personnages sont les habitués du lieu comme un peintre bizarre, une tatoueuse et le serveur indien avec un poil dans la main.
Jasmin la sculpturale bavaroise et la toujours en rogne Brenda vont essayer de s'apprivoiser et reconstruire leurs vies...
L'œuvre la plus connue d'un réalisateur allemand qui l'est moins, une sorte de comédie poétique et surréaliste à propos de deux femmes que tout sépare à part leur misère.
Ce "Bagdad Café" ne ressemble a rien qu'on ait vu auparavant : le réalisateur nous présente sa muse, une bavaroise plus vraie que nature qui trouve là le rôle de sa vie et qui est de beaucoup dans la qualité du film.
Nous avons Jack Palance dans un rare rôle de gentil et enfin CCH Pounder, qui fera carrière dans des séries comme "Urgences" ou "The Shield", qui joue ici la tenancière acariâtre du café désert de ce désert.
C'est difficile de décrire cet OFNI qui se vit plus qu'il ne se regarde ou se décrit et qui influencera un certain cinéma dans les années 1990, on pense à Lynch mais aussi "Arizona Dream" de Kusturica ou même certains Kitano de l'époque comme "Sonatine".
1969, Jack Crabb a 120 ans et est interviewé par un historien, en tant que dernier rescapé de la bataille de Little Bighorn en 1876.
Il raconte donc sa jeunesse en commençant par le massacre de ses parents par une horde de Pawnees, son adoption par une tribut Cheyenne qui va l'éduquer à l'indienne, son retour chez les visages pales dans une famille bigote dans laquelle se trouve une femme frustrée, sa rencontre avec le tireur Wild Bill Hickok, son retour dans sa famille cheyenne...jusqu'à cette fameuse bataille dirigée par un général Custer à moitié fou.
Le film le plus connu de Penn, avec "Bonnie And Clyde", qui est une pierre angulaire de la nouvelle vague du western américain réhabilitant l'image des indiens et dénonçant le génocide des natifs américains après la guerre de sécession, puis le parcage des survivants dans des réserves misérables.
Le ton est néanmoins léger, dans l'ensemble, Penn traitant son sujet tiré du roman de Thomas Berger sur le thème de la comédie parsemée de scènes plus violentes à base de femmes et enfants massacrés.
Penn a probablement voulu faire un parallèle avec la guerre du Vietnam alors en cours en montrant quelques atrocités ci et là.
Faye Dunaway est mémorable en bigote frustrée et nymphomane qui finira putain.
Dustin Hoffman, alors une des plus grandes stars (enfin, pas physiquement) fait un impeccable boulot comme on peut s'y attendre.
La surprise et l'atout de l'œuvre est l'interprétation du chef/grand-père/manitou Old Lodge Skins (Peau de la vieille hutte) par Chief Dan George, alors 70 ans et seulement son second film, qui irradie les deux heures de "Petit Grand Homme" par une sagesse et humanité non dénué de pointes d'humour (les hommes noirs qu'il appelle les hommes blancs noirs, à peine mieux que les blancs).
Pour ceux qui ne l'on pas encore vu, deux heures qui passent vite et ne s'oublient pas.
En cet honneur, et en une sorte d'hommage tardif au fiston Blier, j'ai l'honneur de présenter un modèle de progressisme, d'inclusion (comme ces cons de milléniums disent) et en somme de célébration de la grue, de la poule, pépée, morue et autres espèces exotiques qu'est cet extrait de "Calmos" avec deux des grands ducs, rejoints par Claude Piéplu :
Giuseppe était tailleur de pierre dans une carrière mais n'a plus de boulot après avoir perdu son œil dans un accident du travail.
C'est sa femme Angela qui le fait vivre, lui et leur fils Anto.
Un jour, Angela ne revient pas car elle meurt au travail.
Giuseppe promet à Anto qu'il ramènera Angela. Après les obsèques le père et le fils se retrouvent bien vite sans le sou, obligés de dépendre des aides sociales.
Giuseppe arrive à se faire employer là où travaillait sa femme : une ferme dirigée par des sortes d'esclavagistes payant des migrants et des loqueteux au noir, employant la violence si nécessaire.
La vérité sur la mort d'Angela va bientôt s'imposer à leur trois yeux...
Le deuxième long métrage des frères De Sério est un drame social particulièrement sombre et violent dans sa deuxième moitié.
Salvatore Esposito, un des deux personnages principaux de l'excellente série "Gomorra" incarne le père de famille enveloppé et handicapé qui va se sacrifier pour son fils.
Le film est tourné dans les Pouilles, région au bord de l'Adriatique, très pauvre où sévit la Sacra Corona Unita, une des quatre mafias principales d'Italie.
Un drame violent donc, dont la seule lumière est représentée par la figure du gamin qui reste toujours positif et qui devient presque figure de père pour le sien, il est le héros de l'histoire.
Douze jurés doivent décider à huis clos de la culpabilité ou non d'un jeune homme de 18 ans accusé d'avoir poignardé à mort son père qui le battait.
Au début, onze d'entre eux croient en la culpabilité du prévenu.
Néanmoins, petit à petit, le juré qui doute va réussir à semer le sien dans la tête des autres...
Pour son premier long métrage, Lumet adapte la pièce de Reginald Rose avec l'aide de l'auteur lui-même.
Mètre-étalon du film de procès et du film de huis clos, tourné presque uniquement dans une même pièce, à part le tout début et la toute fin, ainsi qu'une scène dans les toilettes jouxtantes.
Le nom des personnages sont inconnus, représentant des américains d'âge, de conviction et condition diverses.
Se basant sur un matériau de tout premier ordre, comme la plupart du temps avec les adaptations de pièce de théâtre, Lumet arrive à faire du spectateur le treizième juré du récit, instillant un suspens progressif qui pourrait d'ailleurs s'apparenter à un match de boxe.
Fonda joue bien entendu le héros blanc progressiste qui va s'évertuer à diffuser son doute dans ses collègues plus primitifs, tandis que Lee J. Cobb joue le salaud violent de droite qui veut voir le gamin griller sur la chaise électrique.
Ce "Douze Hommes" est une œuvre à la hauteur de sa réputation, tourné à l'époque où le cinéma américain de studio était encore en pleine gloire, produisant des guimauves manichéennes que le Nouvel Hollywood s'évertuera à faire disparaître, finalement sans succès.
Lumet peut d'ailleurs être considéré avec, Cassavetes entre autres, comme un pionnier de cette nouvelle vague de réalisateurs qui suivront comme Penn, Nichols, Schatzberg, Boorman, Bogdanovich, Jewison, Peckinpah, Scorsese, Schlesinger, Cimino, Lucas, Spielberg, De Palma, Coppola, Pollack, Friedkin, Pakula et on va s'arrêter là.
Un classique que tout cinéphile se doit de savourer.
Il est à noter qu'en France sortira "Marie-Octobre" de Duvivier, un peu dans le même genre en 1959.
Un des albums de jazz les plus vendus de l'histoire, Magnum Opus du saxophoniste qui présente quatre morceaux où chaque instrumentiste de son quartet a la part belle.
Des titres de tempo et ambiances diverses, le troisième "Pursuance" étant le plus enlevé.
À Busan, Hae-joon est un flic insomniaque qui ne voit sa femme que le weekend pour cause de distance.
Il enquête sur la mort suspecte d'un sexagénaire qui semble un suicide de prime abord mais qui pourrait être un meurtre au vu du comportement de sa jeune épouse chinoise, aide soignante chez des personnes âgées.
À force de fréquenter la veuve, il finit par en tomber amoureux et même de dissimuler les preuves de plus en plus évidentes de la culpabilité de la belle...
Ce policier du réalisateur de "Old Boy" qui en fait est une fable romantique et poétique traitée de manière surréaliste, un peu comme les films de Kim Ki-duk à l'époque est surtout remarquable par un montage original dispersé façon puzzle où chaque plan est très recherché.
C'est du cinéma asiatique, et ici coréen par le plus grand de son époque, c'est-à-dire de l'Art, de l'esthétisme et pas un tract de propagande comme le cinéma européen l'est bien souvent.
Un film exigeant, pour cinéphiles et amateurs gourmets de cinéma asiatique qui veulent s'évader pendant deux heures.
La vie de fiction du vrai comique de stand-up Jerry Seinfeld.
Dans cette sitcom, on peut suivre les aventures de l'humoriste et de ses amis :
Le petit, rondouillard, dégarni et insécure George.
L'ex petite amie Elaine, sexy, un peu fofolle et ambitieuse.
Le voisin Kramer, grand maladroit qui fait tout tomber même lui-même et qui passe ses journées à bouffer ce qu'il y a dans le frigo de Jerry.
La sitcom est écrite principalement par Seinfeld et Larry David qui partira au bout de la septième saison qui tombera alors dans quelque chose de plus surréaliste.
J'ai décidé il y a quelques temps de regarder enfin cette sitcom légendaire qui a révolutionné ce genre un peu idiot qui sert surtout généralement de bouche-trou et d'aspirateur à réclames dans les programmes de télévision.
Jerry Seinfeld est tout autant un excellent auteur et humoriste qu'il est mauvais acteur, jouant tout de la même manière, avec un sourire benêt. C'est d'ailleurs tout à son honneur de ne pas avoir cherché à faire carrière au cinéma et d'être retourné ensuite à ses spectacles.
Au contraire du héros, les trois autres rôles principaux sont incarnés par des épées, comme aurait dit Audiard père, dont surtout les excellents Jason Alexander (George) et la demi-française Julia Louis Dreyfus (Elaine) qui subliment l'excellent matériel écrit par Seinfeld et David.
L'œil acéré des deux auteurs, qui s'inspirent de leur vécu, fait pour la plupart du temps mouche en un humour très "Saturday Night Live", ironique et irrévérencieux qui fait du bien dans cette époque sinistre dans laquelle nous vivons.
La première saison est en fait une sorte de grand pilote de deux heures et cinq épisodes servant à introduire les personnages, leurs caractéristiques et surtout leurs névroses.
À partir de la deuxième saison et jusqu'au départ de Larry David à la fin de la septième, on serait bien en mal à trouver de mauvais épisodes, on se régale la plupart du temps.
Les deux dernières saisons voient la sitcom virer dans quelque chose de plus surréaliste, avec des histoires qui n'ont souvent aucun sens, peut-être plus clivant, moins familial.
Le dernier épisode voit le retour de Larry David qui décidera de choquer les fans avec un biais assez radical, vu à l'époque comme moraliste.
"Seinfeld" reste, plus de trente ans après très impressionnant, influençant les sitcoms qui suivront comme bien sûr "Friends" ou "How I Met Your Mother" qui se passent également à New York (mais tournées en Californie).
En France à l'époque, on avait les Nuls qui étaient dans la même veine mais qui n'écrivaient que peu leur sketchs au contraire des deux auteurs américains.
La série a été peu diffusée chez nous, au contraire des "Amis", ce qui participe au culte entourant la sitcom.
À Narbonne, ville d'enfance de Jean Eustache, Daniel rêve de se payer un duffle coat mais est plutôt du genre à avoir un poil à la main.
Ses journées consistent à glander et draguer des filles.
Comme c'est la période de Noël, un photographe lui propose de se grimer en père Noël pour poser avec des enfants ou des femmes.
Ce moyen métrage de Noël marxiste (se revendiquer d'une classe sociale qu'en fait on déteste car appartenant à celle qui lui est supérieure, c'est-à-dire celle de la bourgeoisie), il en faut, donne l'occasion à Jean-Pierre Doinel de proposer une variation du personnage d'Antoine Léaud et inversement.
Notre Léaud national incarne ici une sorte de Jean-Claude Dusse occitan mais sans l'"assent" dans ce film typique de la Nouvelle Vague qui parle donc de la jeunesse, de la fête et des pépées comme dans la moitié des films des réalisateurs fétiches des Cahiers du Cinéma.
C'est du bon travail dans l'ensemble mais inférieur aux premiers Chabrol, on sent quand-même que Eustache est l'homme d'un film, celui qu'il fera avec le même Léaud, plus une maman et une putain également.
"Rabbits" est présenté en de courts épisodes de durée variable se passant en décor unique, un salon, et traité à la manière d'un sitcom, si on peut dire ainsi.
Trois personnages de léporidés humanoïdes (Naomi Watts, Laura Elena Harring et Scott Coffey dans des costumes de lapin) dialoguent de manière décousue (répondant à une question posée par un personnage en ayant au préalable parlé d'autre chose sans relation directe) puis arrive une sorte d'identité démoniaque éructant des paroles incompréhensibles ainsi qu'un appel téléphonique tout aussi inquiétant par la suite.
Certains épisodes présentent un des trois protagonistes récitant une sorte de mantra parlant de chien, de sourire maléfique et d'autres réjouissances.
Le personnage joué par Laura Harring est doublé pendant son monologue par la chanteuse Rebekah Del Rio.
Le récit se termine par l'arrivé d'un personnage invisible (un homme en costume vert) et les trois personnages se blottissant dans le canapé.
Lynch, dont ceci constitue un hommage à l'un des derniers vrais artistes du cinéma, a présenté ces épisodes, neuf en tout, sur son site internet.
"Rabbits" est du Lynch, donc le seul sens qu'on peut trouver à cet OVNI se trouve uniquement en chacun de nous.
Expérimenter du Lynch, c'est un peu comme prendre de l'acide, le cinéaste prend son pied à bousiller notre inconscient et la musique d'ambiance de Badalamenti rythmée à d'inquiétantes sirènes de bateau (et pas de locomotives comme le disent ces crétins de WOKIpédia) n'arrangent rien à l'affaire.
Le cinéaste invente le sitcom d'horreur : une sorte de public riant à certains dialogues alors qu'il n'y a pas de quoi et applaudissant à chaque entrée de personnages, le personnage joué par Naomi Watts (la ménagère en robe de chambre qui repasse le linge) semblant faire partie du problème maléfique selon moi.
Si vous n'avez jamais vu de Lynch, ces "Lapins" ne sont peut-être pas conseillés, il vaut mieux commencer par "Une Histoire Vraie" ou "Sailor Et Lula" parce que ça risque de vous faire bizarre.
On est plus ici dans le ton d'un "Eraserhead" ou de l'épisode 8 ("Gotta Light ?") de la troisième saison de Twin Peaks, à la rigueur de certains moments de "Lost Highway" ou "Mulholland Drive".
Merci monsieur Lynch pour avoir été le serrurier de nos consciences.
La "série" est disponible, pour l'instant, sur Youtube avec les épisodes réunis en un moyen métrage en VO :