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dimanche 14 septembre 2025

TRAITEMENT DE CHOC DE ALAIN JESSUA 1973

 





Synopsis :

Hélène a 39 ans et a beaucoup gagné d'argent dans la mode, seulement elle vient de se faire plaquer par son amant pour une femme plus jeune.
Voulant se ressourcer, elle décide de suivre une cure dans un institut privé à Belle-Île, tenu par le mystérieux docteur Devilers.
Les curistes, des habitués formant presque une famille, accueillent chaleureusement la nouvelle. Le personnel est composé de jeunes Portugais.
Son traitement consiste notamment à de curieuses injections, sensées rendre plus jeune.
Petit à petit, les Portugais, l'un après l'autre, se trouvent mal et finissent par disparaître. L'ami d'Hélène, qui l'a accompagné et qui est un habitué finit même par se "suicider".
Hélène finit par trouver ça bizarre et décide de mener son enquête, bien mal lui en a pris...







"Traitement De Choc" est un bien curieux film, presque plus célèbre par sa séquence ou on voit la distribution complète dans le plus simple appareil (Girardot et Delon compris) batifolant dans l'Atlantique, son final horrifique et sanglant (tourné à l'époque où le Giallo triomphait) que pour sa qualité purement cinématographique.
On est ici en présence d'un film de genre, le thriller horrifique, presque une histoire de vampire, un pur produit d'exploitation mais avec une distribution prestigieuse : La Girardot, Delon et son service trois pièces de compétition (voir la fameuse scène) dans le rôle du docteur maboule Devilers, Michel Duchaussoy dans le rôle de l'assistant et Robert Hirsch dans celui de l'ami homosexuel d'Hélène qui finira dans un ravin.
Le pire dans tout ça, c'est que le film est en fait plutôt pas mal, avec d'autres acteurs, ça aurait surement tourné au navet (au pire), au nanar au mieux mais, et surtout, grâce à la prestation de la grande Annie qui réussit à donner ici une certaine colonne vertébrale à ce récit loufoque, enfant déformé de l'imagination du réalisateur..
Jessua a finalement réussi son coup en douce avec ce thriller iodé et ses popols et nénés aérés, sans parler de tripes.
















samedi 13 septembre 2025

Un Condé De Yves Boisset 1970

 





Synopsis :

Dans une ville de province, 

Un truand ayant des activités légales, le Mandarin, règne sur la ville, intimidant quiconque lui résiste comme le bar tenu par Roger Dassa qui finit d'ailleurs par se faire repasser par les nervis du truand au début du film.
L'inspecteur Barnero mène l'enquête, rejoint par un vieil ami, l'inspecteur Favenin (le "condé" et antihéros de l'histoire).
Les hommes de Dassa, depuis remplacé par sa soeur Hélène, sont sur la trace de ceux qui ont tué le Roger.
Lors d'un guet-apens des gars de Dassa pour tuer le Mandarin, ce qu'ils mènent à bien, les trois camps se rencontrent et Barnero se fait tuer.
Favenin est fou de rage et de douleur, il va tout faire pour venger son ami, quitte à employer des méthodes pires que celles des truands...








Boisset était très à gauche, au niveau d'un Godard ou Costa Gavras à l'époque : le genre on s'est trompé sur tout, on a soutenu les pires salopes de l'histoire, mais on s'en fout, on continue à la ramener car nous sommes le camp du bien et si vous n'êtes pas d'accord c'est que vous êtes un fasciste.

Cette adaptation d'un roman de Pierre Vial-Lesou, "Mort D'un Condé" distille un propos assez limpide, les flics sont des pourris.
L'histoire est assez rudimentaire, celle d'une vengeance mais malgré tout ce préambule ce "Condé" est un film assez marquant.

Michel Bouquet tout d'abord, qu'on a vu dans les films de Chabrol, dont "La Femme Infidèle" ou "Juste Avant La Nuit", hautement recommandables et remarquables incarne ici un flic assez radical, sombre, qui pourtant va tendre légèrement vers la lumière, ou disons une nuance, vers la fin. Un flic qui décide d'entrainer tout le monde dans sa chute, en une sorte de suicide collectif.
Son personnage est le pivot de la narration, le moteur, une sorte de syphon dans lequel chaque personnage s'engouffre.
Son utilisation rappelle celle de Dufilho dans "Une Journée Bien Remplie" de Trintignant sorti en 1973.
Le fort en gueule Fresson joue l'ami sympathique, à l'opposé de bien de ses rôles, dont la mort va déchaîner le loup Bouquet.
Françoise Fabian, au sommet de sa beauté, ce qui a tendance à occulter la comédienne de premier ordre qu'elle est par ailleurs, joue un des rares personnages tempérés de l'histoire.
Adolfo Celi, sorte de Bruno Crémer sicilien, surtout connu pour avoir été un méchant dans un Bond (il a fait certaines comédies italiennes pas terribles pour les avoir vu) joue le chef du ripou, bien ou pas on ne sait pas puisqu'il est ici doublé.
De part un suspens solide, une noirceur de tout les instants, une absence de concession et de vouloir plaire, le métrage touche le spectateur droit au cœur

















LE GITAN DE JOSE GIOVANNI 1975

 




Synopsis :

La police est sur la trace de deux malfrats :

Le premier est un as du cambriolage, un orfèvre du coffre-fort, Yan Kuq, qui mène une vie tranquille la journée, préparant ses coups minutieusement. Après un coup réussi, il découvre que sa femme le trompe, un dispute s'ensuit et son épouse chute fatalement du balcon de son appartement.

Le deuxième est Hugo Senart, un gitan qui vient de s'évader de prison avec deux malfrats. Solitaire, en rébellion contre la société qui méprise sa race, il passe de casse en casse dans différents endroits de France, ne dormant jamais dans le même lit, n'étant jamais chez lui.

Le destin de ces deux criminels vont souvent se croiser, jusqu'à la fin se mêler...







Giovanni adapte comme d'habitude son roman, ici "Histoire De Fou", avec la star Delon qui produit le film.
La distribution est impressionnante : Paul Meurisse dans le rôle de l'as du casse, les époux séparés Girardot et Salvatori, Marcel Bozzuffi dans le rôle du commissaire, Maurice Biraud, un jeune Bernard Giraudeau dans le rôle du flic amant de la femme du truand et quelques autres visages bien connus du cinéma.
On voyage aussi pas mal, ainsi que le font les gitans.
L'histoire se suit sans ennui mais sans passion aussi, on est ici face à un divertissement solide sans plus, sans trouver la qualité "à la Giovanni" d'un gars dans son jus, qui sait de quoi il parle.
















vendredi 12 septembre 2025

Violette Et François De Jacques Rouffio 1977

 





Synopsis :

Violette et François habitent ensemble en une sorte de couple libre et ont un bébé ensemble.
Ils passent de petits boulots en petits boulots, Violette étant la plus responsable des deux. François est cleptomane, étant assez doué dans son domaine.
Face aux galères financières, François affranchi sa belle sur sa passion du vol et finissent par passer leur temps libre dans les grands magasins.
Au début, c'est comme au casino, on gagne on continue à jouer et puis...







Dans ce Rouffio qui rappelle Sautet (le titre/Dutronc/Reggiani/Léa Massari/le style/Philippe Sarde/la France Giscardienne), Adjani a une fois de plus l'occasion de décliner son rôle de toquée dans quelques scènes de pétage de plomb.
Dutronc est ici lui-même : cigare, anar, guitare, il joue ici un homme qui ne veut pas grandir, ayant élevé l'art du cleptomane au rang de la prestidigitation. C'est intéressant de voir qu'à partir du moment où le personnage a décidé de se marier/foutre en l'air, tout ira de mal en pis pour lui. Le mariage est un lent suicide, une sorte de sédation profonde.
Le film comporte certains plans assez inspirés, surtout au début, qui rappelle encore Sautet dans sa narration.
"Violette Et François" sert aussi de carte postale d'une France qui n'existe plus, à mon grand regret : les commerces dans les villages, les journalistes de gauche qui mangent des sandwichs sociflard avec une bière et en général une certaine idée de la vie.
Presque aussi bien qu'une séance de diapositives.








 







mercredi 10 septembre 2025

LE TESTAMENT D'ORPHEE DE JEAN COCTEAU 1960

 






Dans ce testament de l'artiste protéiforme, produit par l'acteur russe polyglotte chauve Yul Brynner qui y interprète un huissier, on retrouve tout l'univers de Cocteau, dont les comédiens du film précédent "Orphée" et quelques célèbres amis.
Trois ans avant son départ du monde charnel, il fait donc son bilan, passant devant le tribunal incarné par "Heurtebise" et "La Princesse", elle même incarnée par celle qui avec Silvia Monfort ce qui se faisait de mieux à l'époque en matière de comédienne, Maria Casarès.







On retrouve les truc(age)s de Cocteau, inspirées par le magicien pictural Méliès, de nombreuses scènes diffusées à l'envers (ça coute rien et fait toujours son effet), les paupières peintes, quelques saillies poétiques et surréalistes.
Le début et la fin, quand Cocteau erre lentement dans un paysage étrange, est assez remarquable. Paysage hanté par les fantômes de ses créations. On voit aussi un personnage de professeur dans différents âges (Jean Pierre Doinel/Antoine Léaud jouant le personnage adolescent, Truffaut étant du financement).
Le passage du tribunal demande un certaine concentration, étant la plus fournie en dialogues/vers parfois brumeux au premier abord.







Une œuvre assez remarquable, concluant ainsi la trilogie du poète. Cocteau, comme la plupart des artistes de l'époque, est plutôt destinée à être apprécié par des esthètes d'une certaine sensibilité, appréciant une certaine idée de la poésie.

Le pauvre, lui qui a évoqué et esquissé la mort si souvent verra la sienne éclipsée par celle de la môme en un sombre jour d'octobre 1963.






 





mardi 9 septembre 2025

PROFESSION : REPORTER DE MICHELANGELO ANTONIONI 1975

 





Synopsis :

En Afrique, le journaliste David Locke fait un reportage sur une guérilla. On le sent un peu perdu, ses contacts et lui ne parlant pas la même langue, il se retrouve finalement en panne en plein désert.
Rentré à pied à son hôtel, dégouté et découragé, il se rend compte que son voisin de chambre avec qui il a sympathisé, est mort.
Il décide de prendre son identité et donc de se faire passer pour mort.
Désormais il est Robertson, un marchant d'arme voyageant dans le monde entier.
Il va suivre l'agenda de son nouveau lui, de Londres à l'Andalousie en passant par Munich, Barcelone et Madrid.
Les contacts de Robertson, qui ne l'ont jamais vu, sont d'abord satisfait de lui mais d'un autre côté, la femme du reporter décédé décide de mener l'enquête en recherchant le Robertson qui est son mari. Elle va finir par mettre la puce à l'oreille des employeurs de Robertson/Locke qui dès lors sera en danger...








L'histoire est assez iconoclaste, reprenant certains thèmes du cinéaste dont l'incommunicabilité, mais aussi l'abandon de soi-même en changeant d'identité, de vie.
Se perdre pour se trouver, sauf qu'ici...
On voyage beaucoup, comme le personnage : le début en Afrique est presque sans dialogues, l'incommunicabilité, puis la dernière heure en Espagne, les courbes déstructurées de Gaudi soulignant les méandres du reporter/marchant d'armes.
On a plus l'impression d'un film du Nouvel Hollywood que d'un film européen, Nicholson oblige.
L'acteur, qui n'a tourné presque que des chefs d'œuvre dans ces années-là, traine sa carcasse solitaire dans les citées européennes, à la recherche d'une vérité.
Maria Schneider, et son physique androgyne, est la compagne d'infortune de notre héros.
Le film est connu aussi pour sa dernière séquence, un plan-séquence justement, de sept minutes qui fait une sorte de circularité dans la narration mais aussi dans le mouvement, passant de la chambre du personnage au dehors puis revenant au départ. Les amateurs du plan de début de "La Soif Du Mal" apprécieront.

Un film d'une grande beauté, loin des pompeux "Eclipse" et "Désert Rouge".















lundi 8 septembre 2025

MES CHERS VOISINS DE ÀLEX DE LA IGLESIA 2000

 






Synopsis :


Madrid : 

Julia est un agent immobilier assez médiocre, entichée d'un compagnon aussi mal loti.
Le plafond d'un appartement dans un immeuble décrépi, qu'elle a décidé de squatter pendant quelques jours, fuit et laisse s'échapper des bestioles peu ragoutantes.
Les pompiers forcent l'appartement du dessus et trouve le propriétaire mort depuis des mois.
Julia y trouve ce qui semble une sorte de carte au trésor écrit par le décédé et effectivement elle tombe sur un impressionnant magot.
Mais ses nouveaux voisins, tous semblant être sortis d'un asile mais néanmoins sympathiques vont tout à coup être très collants...








L'iconoclaste, devenu icône, Alex de l'église nous pond ici cette comédie rouge et noire qui rappelle immédiatement "Petits Meurtres Entre Amis" de Danny Boyle où des quidams s'entretuent pour quelques billets d'oseille. On pense aussi à "La Nuit Des Morts-Vivants" de Romero, mais sans le côté politique du film de 1968.
C'est sympathique dans l'ensemble, avec un peu de gore à la fin mais toujours au troisième degré.
Carmen Maura donne de sa jolie personne pour le rôle principal assez physique, et sexy au début. Elle pousse le film vers le haut mais les comédiens qui jouent les voisins ne sont pas en reste.
Je ne suis pas un spécialiste du réalisateur mais j'ai beaucoup aimé son "Crime Farpait", ça s'écrit comme ça, de 2004 que je recommande chaudement.
















samedi 6 septembre 2025

LE SANG D'UN POETE DE JEAN COCTEAU 1930

 







Dans ce moyen métrage onirique, surréaliste et poétique, Cocteau nous narre les aventures d'un peintre esquissant un visage dont la bouche s'anime soudainement, terrifiant l'artiste.
Celui-ci tente d'effacer son dessin avec la main mais la bouche se transfère sur sa paume. Au bout d'un moment et d'un sommeil, il a maille à partir avec une statue sans bras sur laquelle il appose sa main buccale qui change d'hôte.
La statue lui demande de traverser le miroir de la pièce...







Un moyen qu'on peut mettre en parallèle avec le fameux "Chien Andalou" de Buñuel. 
En 1930, le Parlant était encore un nourrisson et on sent bien l'influence de Méliès et de l'Expressionisme allemand.
On trouve certains thèmes que reprendra Cocteau plus tard comme les paupières supérieures peintes de telle sorte que fermées, elles évoquent ainsi des yeux ouverts.
Cocteau commente ci et là son poème pictural, ce qui de mon point de vue, nuit à la qualité de l'œuvre.
Ce premier jet de Cocteau est de toutes manières le genre d'œuvre qui ne s'explique pas mais qui se vit, se ressent, comme bien plus tard les fulgurances d'un David Lynch.















vendredi 5 septembre 2025

LE SEPTIEME JURE DE GEORGES LAUTNER 1962

 





Synopsis :

Un dimanche d'été, au bord d'un lac près de Pontarlier,

Un pharmacien se balade après un bon repas pendant que sa femme et ses deux enfants font un tour en barque.
Il voit une jeune femme nue, tente de la violer mais devant la résistance de celle-ci finit par l'étrangler.
Quelques jours après, le petit ami de la victime est arrêté et vite inculpé pour le crime, simplement par conviction de culpabilité, les preuves étant inexistantes.
Le pharmacien est désigné comme juré dans le procès.
Rongé par la culpabilité, il avouera même son crime en confession, il va tout faire pour disculper l'innocent...








Cette adaptation d'un roman de Francis Didelot est l'occasion pour un Lautner encore vert de faire une critique des notables et de la bourgeoisie, à la Chabrol ou Buñuel, avec un Bernard Blier dans un rôle sérieux, du genre comme il en avait avant la guerre ou dans les années 1940, je pense notamment à "L'école Buissonnière" qui était le film dont il était le plus fier.
Le propos du récit est limpide : le pharmacien est dessus de tout soupçons donc on ne le croira jamais. Le coupable est forcément le voyou, le marginal, même si on n'a aucune preuve.
Le film "Enquête Sur Un citoyen Au Dessus De Tout Soupçons" de Elio Petri reprendra ce biais avec un policier comme sujet.
Blier joue le rôle d'un notable pas à sa place, "affligé d'une famille d'anthropophages", le début en voix-off nous permet de plonger dans la psychologie du personnage ainsi que dans le film de manière admirable.
Daniele Delorme est parfaite dans l'épouse/garce/castratrice du pharmacien.
Mi-film de procès, mi-études de mœurs, ce Lautner (avec le fiston Bertrand Blier en tant qu'assistant réalisateur) est remarquable.
















jeudi 4 septembre 2025

L ' ALPAGUEUR DE PHILIPPE LABRO 1976

 






Synopsis :

Dans ce polar, Bébel est une sorte de mercenaire, mi-flic, mi-voyou, travaillant dans l'illégalité pour arrêter des gros bonnets, son nom "L'alpagueur".
En parallèle sévit "L'épervier" qui commet des braquages à l'aide de jeunes complices qu'il recrute chez les paumés et qu'il prend bien soin d'éliminer ensuite.
Il commet néanmoins une erreur car l'un de ses "cocos" survit et se retrouve en taule.
L'alpagueur se voit donner comme mission de prendre contact avec le jeune pour obtenir des informations dans le but d'arrêter le malfrat...








Labro et Lanzmann ont concocté ce polar tout à la gloire de notre Bébel national qui en a dans le futal, ici rejoint par le pote du conservatoire, Bruno Cremer.
Cremer justement qui est le principal atout de ce divertissement en incarnant un steward homosexuel qui a comme loisir les braquages et le meurtre. Un bon film est entre autre une œuvre avec un méchant mémorable et le contrat est rempli ici grâce à Cremer.
L'autre atout est la relation père/fils entre le "coco" joué par Patrick Fierry et Bébel.
Ensuite il y a les invraisemblances comme par exemple les deux héros qui sortent d'une cuve à vin complètement secs (ces conneries devraient être réservées au cinéma américain) ou le fait que l'alpagueur se retrouve comme par hasard dans la cellule du jeune.
Ce polar n'est pas franchement le meilleur "Bébel", ni le meilleur Labro mais rien que pour la prestation de Bruno Cremer, il vaut quand même son coup d'œil.






 











mercredi 3 septembre 2025

MATADOR DE PEDRO ALMODOVAR 1986

 





Synopsis :

Àngel est élève chez le matador Diego Montes. Sa mère est une catholique intégriste et il est toujours vierge malgré son âge.
Solitaire, il souffre de vertiges fréquents (en regardant les nuages notamment) et est obsédé par sa voisine mannequin.
Un soir il décide de la suivre et de la violer mais éjacule avant d'arriver à faire quoi que ce soit.
Rongé par le remords et influencé par sa mère, il se dénonce à la police mais sa voisine refuse de porter plainte.
Il finit par s'accuser de quatre meurtres survenus dans le coin.
Très vite, on sent bien que Àngel est innocent alors que son avocate, qu'on a vu au début du film tuer un amant, et son maître Montes ne sont pas tout à fait nets...




 

Après quatre films plutôt trash et de qualité plutôt variable, des œuvres plus faites pour provoquer le bourgeois dans l'Espagne post Franquiste en fait, Almodovar nous propose ici une histoire un peu plus structurée, professionnelle en quelque sorte.
Le réalisateur nous présente Antonio Banderas (ou pas comme ici) qui n'était pas encore l'acteur espagnol le plus connu (avec Javier Bardem) et qui deviendra une sorte de double du maître.
Le propos est de faire un parallèle entre la mise à mort du taureau et l'orgasme ultime, sexe et mort, sang et fluide, le rouge étant la couleur dominante : rouge de la cape, rouge sang, rouge de l'éclipse finale.
L'histoire est un peu tordue, on est chez Almodovar, mais on sent bien que le réalisateur a appris à structurer son récit.
Les actrices fétiches font leur défilé : Julieta Serrano joue la mère castratrice avec ses yeux bleu froid, Carmen Maura joue une psychiatre qui va s'enticher du jeune homme, la trans Bibi Àndersen a un petit rôle et on retrouve la rigolote Chus Lampreave (qui me fait penser à notre Laurence Badie) dans le rôle de la mère du mannequin.

Almodovar a depuis un peu renié ce "Matador" mais pour ma part, je trouve que plus qu'une mise à mort on est plutôt ici en présence de la naissance d'un cinéaste original, une sorte de Fellini hispanique.

















mardi 2 septembre 2025

L ' AMOUR À LA VILLE 1953

 





Cet "Amore In Città" est en fait une sorte de documentaire fictionnalisé à sketches, réalisé par des réalisateurs divers comme Fellini, Antonioni et Risi qui en étaient à leur début ainsi que Carlo Lizzani, Francesco Maselli et Alberto Lattuada qui eux feront une carrière plus en dessous des radars.
Cezare Zavattini adapte ici de vraies histoires de femmes dans la Rome d'après guerre, les rôles étant interprétés par des acteurs la plupart non professionnels car en 1953 nous étions encore à l'époque du Néoréalisme dont le Zavattini fut une épée en matière de scénario.
Certains sketches sont traités plus de manière Comédie à l'italienne comme celui de Risi dans celui du bal, celui final d'Alberto Lattuada sur les italiens qui reluquent les jolies pépées ou celui de Fellini qui passe du comique à quelque chose de plus sérieux.
Le sketch le plus mémorable et le plus Néoréaliste nous est présenté par Maselli, narrant l'histoire d'une sicilienne qui se retrouve avec un gosse (le "père" étant parti sans laisser d'adresse), sans travail dans Rome et son administration spéciale, celle-ci devant abandonner son gamin puis finalement être poursuivie par la justice pour cet acte.
Le sketch sur le suicide, réalisé par Antonioni est assez sombre également.







Une œuvre assez bien ficelée, de valeur plus documentaire, sociale, sur les femmes, car il est question d'elles ici plus que d'amour, étant bien souvent obligées de se prostituer pour pouvoir manger et/ou nourrir leur gamins dans l'Italie encore ravagée par la guerre (voir la trilogie romaine de Rossellini pour plus d'information).
Un film féministe, avant l'heure, les hommes n'ayant ici franchement pas le bon rôle sauf dans le sketch de Fellini.
















lundi 1 septembre 2025

REPULSION DE ROMAN POLANSKI 1965

 





Synopsis :

Carole; une jeune femme belge, travaille comme manucure dans un salon de beauté londonien, elle loge chez sa soeur Helen, qui est son opposée.
Dès les premières images, on sent bien que notre héroïne n'a pas la lumière à tous les étages.
Elle est courtisée par un beau jeune homme sérieux mais elle semble plutôt dégoutée par lui, ainsi que par la nourriture.
Hélen, qui entretient une relation avec un homme marié qui dégoute également Carole, part en Italie avec lui pour une dizaine de jours, laissant sa blonde soeur livrée à elle même dans l'appartement dans lequel l'odeur de l'amant est écœurante et surtout à ses fêlures.

Fêlures qui vont s'agrandir encore et encore chez la schizophrène, jusqu'au drame...


 



Pour son premier long métrage hors de sa Pologne natale, Polanski choisi le thriller psychologique d'appartement mâtiné d'horreur pour ce qu'il sera une sorte de trilogie avec "Rosemary's Baby" et "Le Locataire".
En 1961, Bergman nous offrait l'excellent "Par Delà Le Miroir", explorant le thème de la schizophrénie féminine dans le personnage de Karin.
Plus tard, on aura la Mabel de Cassavetes, la Anna de "Possession" et bien d'autres encore.
Les fissures/fêlures sont ici le point central de l'histoire, s'agrandissant au fur et à mesure que les traumas de Carole remontent à la surface, traumas dont on devinera facilement les origines à la fin avec la photo de famille.
Carole, s'est une alors jeune Catherine Deneuve (Polanski tournera son film suivant avec sa soeur Françoise Dorléac) qui trouve ici un de ses plus grands rôles, très éprouvant et exigeant.
La Deneuve, ça n'a jamais été ma tasse de thé (anglais) dans ses rôles français mais je l'apprécie généralement dans ses rôles internationaux, chez Buñuel ou Risi par exemple, où elle est obligée de sortir de sa zone de confort qui est la femme froide introvertie.
La soeur est jouée par Yvonne Furneaux, comédienne franco/britannique à la beauté à tomber par terre qui fera la majeure partie de sa carrière en Italie ("La Dolce Vita", 'Femmes Entre Elles", "Au Nom Du Peuple Italien").
Le film plonge doucement, tel un corps qui s'immerge dans une baignoire, dans l'horreur pure avec les hallucinations de Carole qui prennent vie (très bon effets spéciaux et aussi Polanski qui nous fait le coup du miroir, une figure imposée du genre) ainsi que le sort des hommes qui osent s'aventurer dans l'appartement.
D'ailleurs, autant vous prévenir tout de suite, ce n'est pas un spectacle pour les enfants ou âmes sensibles.

Polanski frappe ici un grand coup, initiant alors sa première période dorée qui se finira avec le fameux bébé de Rosemary et ensuite le meurtre de Sharon Tate enceinte de son enfant par la famille du nain nazi Charles Manson, adoré de certains progressistes.
Deneuve aurait mérité plus de reconnaissance après sa performance.