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dimanche 30 juin 2024

NAÏS DE MARCEL PAGNOL 1945

 






Synopsis :

Vers Cassis :

Naïs est la fille de Micoulin qui travaille dans la propriété des Rostand, des bourgeois d'Aix-En-Provence.
Ceux-ci ont un fils, Frédéric, un dandy qui fait des études pour être avocat et qui passe ses nuits à jouer et batifoler avec des filles.
Il y enfin Toine, un bossu qui travaille pour Micoulin et également dans une briqueterie. Toine est amoureux de Naïs, avec qui il est toujours fourré, mais à cause de son handicap, ne se fait pas trop d'illusions.
Naïs et Frédéric vont entamer une relation, et même tomber amoureux mais le père Micoulin, fou de jalousie pour sa fille, va tout faire pour se débarrasser du jeune homme, définitivement...








Naïs est une adaptation d'une nouvelle de Zola, que je n'ai pas lu au moment où je rédige cette chronique.
Le film est censé être co-réalisé par Raymond Leboursier mais en fait c'est Pagnol qui a tout fait.
Pagnol, justement nous présente sa nouvelle compagne, Jacqueline, qui hérite bien sûr du rôle titre mais qui a en fait un rôle modeste ici.
L'histoire de cette œuvre, c'est surtout celle du bossu, joué par Fernandel qui vole toute la vedette par des passages dramatiques, émouvants qui resteront dans l'histoire de notre cinéma.
Ici, pas de Raimu (qui décédera accidentellement l'année d'après), ni de Charpin (mort l'année d'avant) mais Fernandel met ici ses bijoux de familles sur la table pour sublimer ce qui aurait pu être une histoire assez fade en étant le vecteur des mots poétiques de Pagnol.
Henri Poupon est l'autre atout du film, dans le rôle à la fois dramatique et antipathique du père fou d'amour pour sa fille, qui fera tout pour tuer l'amoureux de celle-ci.
En somme, sans Fernandel et Poupon, ce film n'aurait aucun intérêt (les deux amoureux de l'histoire sont fades et transparents) mais les fleurs littéraires de Pagnol plus un Fernandel en état de grâce font de ce "Naïs" quelque chose de remarquable.














samedi 29 juin 2024

LA FILLE DU PUISATIER DE MARCEL PAGNOL 1940

 





Synopsis :

Dans les environs de Salon-de-Provence :

Patricia est la fille ainée du puisatier Amoretti, élevée à Paris.
Elle rencontre un bellâtre aviateur qui la convoite âprement.
De cette courte idylle l'héroïne se retrouvera pleine mais l'aviateur est mobilisé pour combattre le régime socialiste allemand.
Amoretti va chez la famille de l'aviateur pour régler l'affaire mais se fait rembarrer par l'acariâtre mère.
Patricia en est réduit à élever son fils comme une paria, chassée également par son père. 
Peu de temps après, l'aviateur est porté disparu, puis décédé alors tout va changer, que ce soit du côté d'Amoretti que de la belle famille...










L'histoire est assez simple et ressemble à celle de "Fanny" (une fille-mère abandonnée, convoitée par le meilleur ami de son père).
En 1940, Pagnol s'est séparé de Orane Demazis et s'est mis à la colle avec Josette Day donc c'est elle qu'on retrouve dans le rôle féminin principal dans lequel elle est plutôt bonne.
Le film est encore l'occasion de nous offrir de la part de Raimu un véritable festival : la scène de colère, la scène d'émotion, la scène un peu plus tendre. Raimu est un genre de film à lui tout seul.
Fernandel est très juste, un peu en retrait face au charisme de Raimu qui prend toute la lumière.
Charpin est bon comme du bon pain, au propre comme au figuré et on y apprend à quoi ressemble son nez.
Il y a surtout la poésie de Pagnol et quelques répliques mémorables comme celle du vendeur d'outils.
Et enfin, cette "Fille Du Puisatier" est une œuvre filmée presque en temps réel pendant la déroute de 1939/40 qui ressemble tant à la débâcle de 1870, la chute d'un monde, d'un système.
Un excellent Pagnol, salé-sucré comme souvent.















 



vendredi 28 juin 2024

EVERYTHING BUT THE GIRL : EASY AS SIN 1984

 


Morceau de la version internationale de leur premier album sorti en 1984.
Un titre dominé par des arpèges en son clair, très aériens .






jeudi 20 juin 2024

JOHN COLTRANE : NAIMA 1959

 


Un des standards de Coltrane, tiré de l'album "Giant Steps", qui est le chefs-d'œuvre du saxophoniste.
Une ballade dédiée à sa première femme dont le surnom était Naima.






mardi 18 juin 2024

GERVAISE DE RENE CLEMENT 1956

 





Synopsis :

Gervaise est blanchisseuse en couple avec Lantier, un bellâtre oisif qui lui a fait 2 enfants (et même un autre pour les besoins de "La Bête Humaine" mais pas ici).
Lantier la quitte un matin pour une fille facile, laissant la blanchisseuse dans le pétrin.
Quelques années après, on retrouve notre héroïne mariée avec un couvreur, Coupeau, qui lui a fait une fille, Nana.
À force d'économie, Gervaise a la possibilité d'ouvrir sa propre blanchisserie mais au même moment, Coupeau tombe d'un toit et reste alité pendant 6 mois.
Elle réussit quand-même à monter son affaire, grâce à l'argent prêté par un forgeron amoureux d'elle, mais la haine d'une ancienne connaissance, le retour de Lantier et les alambics de "L'assommoir" vont s'occuper des espoirs de Gervaise...








Adapter un des meilleurs romans de l'histoire de la littérature n'est pas une mince affaire : "L'assommoir" est un des rares vrai romans naturalistes de Zola avec "La Terre" et "Germinal", violent, sans compromissions, sans fard.
Dans le roman, on se fout des calottes, des gnons, on s'insulte, on vomit, une fille fouetté par son père agonise et l'héroïne finit très mal, à l'instar de deux de ses fils, sa fille et son mari.
Le film de Clément est beaucoup plus montrable et familial, on est plus dans le drame social que le portrait d'alcooliques à la manière Strip Tease.
Maria Schell, qui a la même voix et le même accent que Romy (c'est troublant on n'a l'impression que c'est elle) joue une Gervaise assez convainquante mais si on regrette l'absence de transformation physique de Gervaise dans sa déchéance expédiée un peu vite.
La fameuse scène de la bagarre entre Gervaise et Virginie est un des grands moments du film, Suzy Delair (à laquelle je voue un culte) est sensationnelle tant elle est la garce qu'elle interprète.
François Perrier compose admirablement bien ce Coupeau, sympa et travailleur au début, qui finira dans un asile à cause de la boisson.
Ce "Gervaise" est un très bon film, même si très inférieur à la cruauté du roman, qui a donné un de leur meilleurs rôles à Schell, Delair et Perrier.

À voir sans modération.





 












EVERYTHING BUT THE GIRL : SHOOT ME DOWN 1985

 


Un titre du deuxième album, "Love Not Money" du duo/couple britannique qui est revenu l'année dernière, après 20 ans de pause, avec leur album "Fuse" que je n'aime pas trop.
À l'époque, le groupe était influencé par les "Smiths" même si sur ce titre, c'est du jazz dont il s'agit.







lundi 17 juin 2024

JEUX INTERDITS DE RENE CLEMENT 1952

 





Synopsis :

1940, pendant l'exode :

Les avions allemands pilonnent la France. Les parents de la petite Paulette se font tuer par une bombe ainsi que le chien de la gamine.
Elle erre avec le cadavre de son chien dans ses bras jusqu'à rencontrer Michel, le fils d'un fermier du coin.
Paulette va être recueillie chez eux, les Dollé, plus par jalousie envers leur voisin dont le fils est en train de se battre pour la France.
Michel enterre le cadavre du chien de Paulette et battissent un cimetière à côté de la tombe pour ne pas laisser le chien s'ennuyer.
Ils en viennent à voler des croix pour les mettre sur les sépultures...





 


Cette adaptation du très court roman de Jean Boyer est un peu notre "Love Story" nationale due bien sûr à l'interprétation de Georges Poujouly (11 ans alors) et Brigitte Fossey (5 ans alors).
Le message de l'histoire n'est pas très compliqué : les enfants sont plus dignes que les adultes dans leur innocence.
Je n'ai jamais été fan de Brigitte Fossey adulte, comme de Marie France Barrault ou même Catherine Deneuve mais forcément dans "Jeux Interdits", on n'a d'yeux que pour la blondinette extraordinaire qui nous subjugue à chaque instant.
Le cinéphile pensera peut-être au néoréalisme italien en vogue à l'époque et à des films comme "Sciuscià" de De Sica ou "Allemagne Année Zero" de Rossellini en ce qui concerne notamment l'emploi de comédiens non professionnels.
Ce classique, hautement recommandable a été gratifié de nombreux prix dont le Lion d'Or, et à l'époque il y avait de la concurrence.

















dimanche 16 juin 2024

LA FEMME DU BOULANGER DE MARCEL PAGNOL 1938

 





Synopsis :

Aimable, qui porte bien son nom, est un boulanger nouvellement installé dans un petit village sur les hauteurs de Manosque.
Tout le monde veut être témoin de la première fournée, en être de la première bouchée. Les villageois repartent conquis et convaincus.
Aimable fait son pain avec amour, celui-là même qu'il éprouve pour Aurélie, sa belle épouse qui à l'air de s'ennuyer.
Ce matin même du premier jour d'ouverture, un marquis entre commander, suivi de son aide : un italien fort bien bâti, aussi chaud et tendre que le pain d'Aimable.
Ce qui devait arriver arrive donc : Aurélie s'enfuit avec le rital.
Quand Aimable s'en rend compte le lendemain matin, il essaie de nier d'abord puis sombre dans le désespoir, refusant de travailler.
Le village n'a plus de pain, même les cigales ne chantent plus...





   


"La Femme Du Boulanger" est probablement l'œuvre la plus connue de Pagnol (avec la trilogie marseillaise) qui adapte ici vaguement un écrit de Giono.
Le film dure deux heures et pas une seule seconde de celui-ci n'est à enlever.
Pourquoi ?
Aimable est Raimu qui est Aimable, certaines scènes ne reposent que sur lui, sa présence, son épaisseur, on ne voit que lui, il est le soleil du récit.
Ginette Leclerc, une de nos garces préférées avec Vivianne Romance ou Suzy Delair, joue une Aurélie qui pense avec son cul et communique avec son regard, d'ailleurs elle ne dit quasiment rien avant la dernière séquence du film.
Les autres acteurs, la bande à Pagnol comme le fidèle Charpin, sont à la hauteur du monstre, composant une garniture pour la pièce de résistance qu'est Raimu.
Il y a les mots de Pagnol, tellement travaillés qu'on dirait une pièce de théâtre, chaque mot est grandiose, chaque réplique est une épitaphe.
De toutes manières, comment décrire ce film organique, charnel ?
Peut-on dessiner un pain avec des mots ?
"La Femme Du Boulanger", ça se vit, ça se goute, ça se joui.






Un film comme ce classique, un de plus dans cette décennie 30, les réalisateurs français d'aujourd'hui pourraient s'y mettre tous qu'ils n'arriveraient même pas au niveau du générique du début.
 















samedi 15 juin 2024

LE SCHPOUNTZ DE MARCEL PAGNOL 1938

 





Synopsis :

Dans un petit village de Provence, Irénée est un employé d'épicerie pas très doué et encore moins motivé.
Il a une seule passion, le cinéma, et il est persuadé qu'un jour il y réussira. 
Une équipe de tournage parisienne fait halte dans la région, rencontre notre fada et voit assez vite en lui un "schpountz", c'est-à-dire un idiot suffisant persuadé qu'il a du talent.
L'équipe se moque de lui en lui faisant passer un casting et lui signant un contrat bidon.
Malgré les avertissements de son oncle, Irénée monte à Paris son "contrat" dans les poches pour tourner et percer.
Arrivé dans les studios et malgré les avertissements d'une monteuse, il va se faire humilier encore plus...








Le "Schpountz" consacre Fernandel comme acteur de premier plan et est surtout un film bien plus noble que son titre ne laisserait penser.
La poésie de Pagnol se mêle avec une ironie au service d'une mise en abîme, une des premières de l'histoire de cet Art qui rappelle les futurs "Valse Des Pantins" et "Diner De Con".
Tiré d'une expérience qu'aurait vécu Pagnol sur le tournage de "Angèle" avec Fernandel et Demazis réunis alors pour la première fois, ce "Schpountz" permet à l'acteur marseillais au physique chevalin de montrer les différences nuances de sa palette de composition.
Je n'ai jamais été un grand fan de Fernandel mais il faut reconnaitre qu'il peut être assez convainquant dans des scènes plus dramatiques comme dans certains moments ici.
Orane Demazis est plus à son aise quand elle ne joue pas les femmes du peuple comme ici avec son rôle de monteuse vieille fille, d'autant que l'osmose avec Fernandel, au bout de trois films ("Angèle", "Regain" et celui-ci), commençait alors à porter ses fruits.
Les dialogues sont très intelligents, parfois même pétris de philosophie, Charpin est solide comme d'habitude, Henri Poupon est excellent dans le rôle de l'acteur suffisant et cabot.
Ce "Schpountz" est une réussite à la hauteur de sa réputation.

















vendredi 14 juin 2024

REGAIN DE MARCEL PAGNOL 1937

 





Synopsis :

Dans les Alpes De Haute-Provence,

Aubignane est un hameau habité par trois habitants : une toute récente veuve nommée la Mamèche, un vieux forgeron du nom de Gaubert et Panturle, un célibataire un peu sauvage vivant de braconnage. Gaubert, trop vieux, décide d'aller vivre chez son fils ce qui fait le hameau en ruine encore plus abandonné.
En ville, le rémouleur itinérant Gédémus vient de perdre son âne qui tirait sa charrette. Il "secoure" une chanteuse en train de se faire besogner par des ouvriers et lui propose de l'emmener sur les routes, remplaçant de fait sa bête.
La route va les mener à Aubignane, Panturle va voir le belle que le rémouleur a surnommé Arsule et là...








Pagnol adapte une fois de plus Giono avec ce "Regain" qui réunit une fois de plus le duo Fernandel/Demazis (et Poupon) du film "Angèle".
La cambrousse montagnarde des Alpes De Haute-Provence, d'où était originaire Giono sert de décor à cette comédie rurale et provençale mâtinée de poésie.
Les dix premières minutes sont particulièrement réussis, très "Pagnolesque" et puis Fernandel, qui commençait doucement à être connu arrive et on passe du naturalisme à une sorte de comédie maîtrisée grâce à aux mots de Giono/Pagnol et à un rôle plutôt gris.
Orane "Fanny" Demazis joue l'héroïne, je n'en ai jamais été fan (c'est le problème quand on engage sa compagne au lieu de faire passer un casting) et c'est toujours pareil ici.
Et puis il y a les autres : Gabriel Gabrio, qui a peu tourné mais qui est excellent dans le rôle du sauvage/héros de l'histoire (à part le fait qu'il ne parle pas avec l'accent du crû), Henri Poupon bon comme du bon pain, Edouart Delmont qui joue le forgeron, peut-être le personnage le plus touchant, l'actrice qui joue la vieille Mamèche (une scène seulement mais quelle scène) et tout les autres.
Ce que je reproche au film c'est son côté un peu naïf, conte de fée, récit de noël qui s'impose au fur et à mesure et une fin qui ressemble un peu à un film soviétique sur les paysans mais bon, Giono et  Pagnol ne vont pas faire une œuvre juste pour ma pomme qui n'était même pas née.
"Regain" a néanmoins et, surtout, de toutes manières le charme de la plupart des Pagnol, un temps où on avait le temps de voir passer la vie qui allait moins vite à l'époque.














dimanche 9 juin 2024

CESAR DE MARCEL PAGNOL 1936

 





Synopsis :

20 ans après les évènements de "Marius" et "Fanny",

Panisse est sur son lit de mort, il se confesse mais fait jurer à Fanny de ne pas dire de son vivant la vérité sur Césariot, le fils de Marius et Fanny qu'il a élevé et aimé.
Après les obsèques de Panisse, Fanny dit la vérité à son fils qui cherche ensuite à rencontrer Marius, devenu mécanicien à Toulon.
Il le rencontre incognito pour découvrir si ce qu'on dit sur Marius est vrai...







Quatre ans après "Fanny", Pagnol clos lui-même la trilogie marseillaise avec ce "César" qui continue l'aspect psychologique du film précité en ajoutant un côté plus social et dramatique ("Marius" était plus centré sur la comédie).
Charpin/Panisse est au centre de la première demi-heure et ensuite, c'est le trio César, Césariot, Marius qui prend le relais.
L'autre grande scène est celle du règlement de compte/explication, vers la fin qui renvoie d'ailleurs à celle de la confession de Panisse.
"César" est le seul volet de la trilogie à ne pas avoir été d'abord une pièce de théâtre (elle l'a été par la suite) et ça se sent un peu car les dialogues sont un peu en dessous. Autre reproche, la fin un peu facile, pour faire plaisir aux familles mais bon c'est comme ça.
Raimu est sensationnel comme d'habitude, loin au dessus de la mêlée avec son collègue Charpin.
Pour résumer, cette trilogie suit un peu la plupart des films à épisodes (ce qu'on a appelé franchise ensuite) qui suivront : le premier est le meilleur, puis le deuxième et ainsi de suite.

Cette trilogie marseillaise reste quelque chose d'unique, ancrée au plus profond de notre patrimoine, témoin d'un temps différent où on savourait un peu plus les choses de la vie : un coin dans lequel on peut se réfugier pour un peu de confort.


















samedi 8 juin 2024

UN IDIOT À PARIS DE SERGE KORBER 1967

 





Synopsis :

Dans un petit village de l'Allier, Goubi est l'idiot (pardon imbécile) du coin. Il est amoureux de Berthe, la fille du maire qui est à peine plus futée que lui.
Deux collègues villageois lui  font une farce en le soulant et l'amenant à Paris, lui qui voulait tant voir la tour Eiffel.
Goubi s'y perd et rencontre monsieur Dessertine, l'empereur de la viande, de l'assistance comme lui, qui va le prendre sous sa protection...








Je connaissais les meilleurs moments de cette comédie depuis plus de 20 ans (surtout la tirade de Blier pendant la grève et celle de Dalban sur les conneries) mais j'ai toujours snobé le film, au départ à cause de son titre et de son interprète principal.
C'est vrai que sans Blier, Dalban, Carrel et même Lefebvre finalement et bien sûr les dialogues d'Audiard, ce métrage n'aurait été probablement qu'un nanar (le réalisateur y fera d'ailleurs la plupart de sa carrière).
Lefebvre a le premier rôle, Dalban a son moment lors de la confrontation du début (ce gars aurait dû avoir sa chance car il était pétri de talent) et la fameuse tirade des conneries, Dany Carrel est un petit bijou et une friandise pour les yeux, Yves Robert est gratifié d'une scène mémorable, les second rôles sont joués par la crème des seconds couteaux (ici plus des Laguioles que des Opinels) et enfin il y a Blier.
Bernard Blier, meilleur interprète des mots d'Audiard et peut-être de son fils, avec Dewaere, Depardieu et Miou-Miou mais je m'égare on parlait de Audiard, a ici un rôle modeste mais légendaire dans le rôle du héraut du patronat qu'est Dessertine.
Cette farce est une des dernières réussites du dialogiste qui a donné le meilleur de lui-même entre la fin des années 1950 jusqu'au milieu des années 1960 avec quelques rares fulgurances tardives dans les années 1970.










Le chômage, mmh ? Y-Avez-vous pensé ?







FANNY DE MARC ALLEGRET 1932

 





Synopsis :

Marius est finalement parti sur un navire, laissant Fanny toute seule ainsi que son père César plongé dans le désespoir.
Un peu plus tard, Fanny découvre qu'elle a un polichinelle dans le tiroir dont l'auteur est Marius.
Panisse redemande la main de Fanny malgré son état et les deux finissent par se marier.
La vie suit son cours pendant deux ans, sur le vieux port, le gamin grandit et il est joli.
Mais un beau jour, Marius revient...








La suite de "Marius" arrive un an après et c'est Marc Allégret qui a l'honneur de s'y coller, il était alors encore relativement vert.
Le film laisse un peu plus de place à la psychologie des personnages de César, Panisse et Fanny, par rapport au premier plus porté sur la comédie.
Le rôle de "Escartefigue" change ici d'interprète avec l'arrivé de Auguste Mourriès.
Raimu et Charpin s'y taillent ici la part du lion, chaque scènes avec le duo de monstres étant hypnotisantes. On peut d'ailleurs constater que certains moments ont l'air d'être improvisés tant leur jeu est naturel et fluide.
Orane Demazis est toujours le maillon faible pour ma part, jouant "Fanny" comme elle jouerait du Molière, avec un style ampoulé.
Pierre "Marius" Fresnay arrive dans le dernier quart-d'heure dans une variation un peu plus sombre que dans le premier épisode de la trilogie.
Un bon film, assez différent de "Marius", toujours très bien écrit par Pagnol qui nous gratifie de quelques belles répliques.
Le Marcel réalisera le troisième volet en 1936, ayant franchi le rubicon en 1933.
 


















vendredi 7 juin 2024

MARIUS DE ALEXANDER KORDA 1931

 





Synopsis :

Sur le vieux port de Marseille, César tient un bistro avec son fils Marius. À côté, il y a Panusse, veuf lui aussi et maître voilier, enfin devant le bar se trouve la marchande de fruits de mer Fanny.
La jeune fille est amoureuse de Marius qui lui ne pense qu'au grand large, à partir sur un navire pour voir les îles.
Panisse tente sa chance avec Fanny malgré la différence d'âge, attisant la jalousie de Marius qui finalement a des sentiments pour la belle.
Mais le va-et-vient des navires est constant, attisant les désirs du jeune homme...





 


"Marius" est l'adaptation de la pièce de Pagnol, pas encore réalisateur, et ça se voit assez vite par l'unité d'espace et par les dialogues travaillés encore et encore jusqu'à atteindre la perfection.
"Marius", c'est la révélation de grands acteurs, de monstres comme Raimu dont le rôle de "César" lui collera à la peau comme celui du boulanger par la suite, Pierre Fresnay qui sera l'idole des dames avant Gabin et qui est charismatique et enfin le marseillais pur jus Charpin qui sera un fidèle de Pagnol.
Mention également à Alida Rouffe, très convaincante dans le rôle de la mère de Fanny.
Quand à Orane Demazis, compagne alors de Pagnol, je la trouve assez bonne dans les scènes légères mais un peu guindée et limitée sur les scènes dramatiques, surtout celles de fin.
La poésie se mêle ici au burlesque des situations et des personnages, joués avec un dépouillement proche du naturalisme.
De nombreux dialogues sont entrés dans le patrimoine, surtout dans les premières 90 minutes c'est assez impressionnant, un humour qui fait penser à ce que sera plus tard celui de Audiard.
"Marius" est peut-être un des premiers classiques du parlant français avec "La Chienne" de Renoir, de ce que l'on appelle l'âge d'or de notre cinéma (1920 à 1939).















jeudi 6 juin 2024

CIGALON DE MARCEL PAGNOL 1935

 





Synopsis :

Cigalon tient un restaurant un peu particulier dans lequel il ne sert pas à manger, ayant une haute opinion de lui-même et de son art, ne cuisinant ses chefs-d'œuvre que pour lui et sa soeur.
Une voisine blanchisseuse décide d'ouvrir un restaurant traditionnel, ce qui va ulcérer Cigalon et déclarer une guerre entre les deux.
Un jour un "conte" débarque dans le restaurant de Cigalon, décidé (un peu forcé par les circonstances) de servir ses clients, mais rien ne va se passer comme prévu...








Sur un scénario et des dialogues de Pagnol, dans une unité de lieu et d'une utilisation de plan-séquence qui rappelle le théâtre filmé, cette comédie culinaire est proprement stupéfiante.
Les dialogues et certaines situations sont savoureuses, cet Arnaudy, qui joue Cigalon et que je ne connaissais point avant est sensationnel, portant le film presque entièrement sur ses épaules, si ce n'était Marguerite Chabert qui joue sa rivale en lui donnant le change avec brio.
Une comédie de compétition, peut-être une des premières réussites du genre depuis la naissance du parlant.