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samedi 6 septembre 2025

LE SANG D'UN POETE DE JEAN COCTEAU 1930

 







Dans ce moyen métrage onirique, surréaliste et poétique, Cocteau nous narre les aventures d'un peintre esquissant un visage dont la bouche s'anime soudainement, terrifiant l'artiste.
Celui-ci tente d'effacer son dessin avec la main mais la bouche se transfère sur sa paume. Au bout d'un moment et d'un sommeil, il a maille à partir avec une statue sans bras sur laquelle il appose sa main buccale qui change d'hôte.
La statue lui demande de traverser le miroir de la pièce...







Un moyen qu'on peut mettre en parallèle avec le fameux "Chien Andalou" de Buñuel. 
En 1930, le Parlant était encore un nourrisson et on sent bien l'influence de Méliès et de l'Expressionisme allemand.
On trouve certains thèmes que reprendra Cocteau plus tard comme les paupières supérieures peintes de telle sorte que fermées, elles évoquent ainsi des yeux ouverts.
Cocteau commente ci et là son poème pictural, ce qui de mon point de vue, nuit à la qualité de l'œuvre.
Ce premier jet de Cocteau est de toutes manières le genre d'œuvre qui ne s'explique pas mais qui se vit, se ressent, comme bien plus tard les fulgurances d'un David Lynch.















vendredi 5 septembre 2025

LE SEPTIEME JURE DE GEORGES LAUTNER 1962

 





Synopsis :

Un dimanche d'été, au bord d'un lac près de Pontarlier,

Un pharmacien se balade après un bon repas pendant que sa femme et ses deux enfants font un tour en barque.
Il voit une jeune femme nue, tente de la violer mais devant la résistance de celle-ci finit par l'étrangler.
Quelques jours après, le petit ami de la victime est arrêté et vite inculpé pour le crime, simplement par conviction de culpabilité, les preuves étant inexistantes.
Le pharmacien est désigné comme juré dans le procès.
Rongé par la culpabilité, il avouera même son crime en confession, il va tout faire pour disculper l'innocent...








Cette adaptation d'un roman de Francis Didelot est l'occasion pour un Lautner encore vert de faire une critique des notables et de la bourgeoisie, à la Chabrol ou Buñuel, avec un Bernard Blier dans un rôle sérieux, du genre comme il en avait avant la guerre ou dans les années 1940, je pense notamment à "L'école Buissonnière" qui était le film dont il était le plus fier.
Le propos du récit est limpide : le pharmacien est dessus de tout soupçons donc on ne le croira jamais. Le coupable est forcément le voyou, le marginal, même si on n'a aucune preuve.
Le film "Enquête Sur Un citoyen Au Dessus De Tout Soupçons" de Elio Petri reprendra ce biais avec un policier comme sujet.
Blier joue le rôle d'un notable pas à sa place, "affligé d'une famille d'anthropophages", le début en voix-off nous permet de plonger dans la psychologie du personnage ainsi que dans le film de manière admirable.
Daniele Delorme est parfaite dans l'épouse/garce/castratrice du pharmacien.
Mi-film de procès, mi-études de mœurs, ce Lautner (avec le fiston Bertrand Blier en tant qu'assistant réalisateur) est remarquable.
















jeudi 4 septembre 2025

L ' ALPAGUEUR DE PHILIPPE LABRO 1976

 






Synopsis :

Dans ce polar, Bébel est une sorte de mercenaire, mi-flic, mi-voyou, travaillant dans l'illégalité pour arrêter des gros bonnets, son nom "L'alpagueur".
En parallèle sévit "L'épervier" qui commet des braquages à l'aide de jeunes complices qu'il recrute chez les paumés et qu'il prend bien soin d'éliminer ensuite.
Il commet néanmoins une erreur car l'un de ses "cocos" survit et se retrouve en taule.
L'alpagueur se voit donner comme mission de prendre contact avec le jeune pour obtenir des informations dans le but d'arrêter le malfrat...








Labro et Lanzmann ont concocté ce polar tout à la gloire de notre Bébel national qui en a dans le futal, ici rejoint par le pote du conservatoire, Bruno Cremer.
Cremer justement qui est le principal atout de ce divertissement en incarnant un steward homosexuel qui a comme loisir les braquages et le meurtre. Un bon film est entre autre une œuvre avec un méchant mémorable et le contrat est rempli ici grâce à Cremer.
L'autre atout est la relation père/fils entre le "coco" joué par Patrick Fierry et Bébel.
Ensuite il y a les invraisemblances comme par exemple les deux héros qui sortent d'une cuve à vin complètement secs (ces conneries devraient être réservées au cinéma américain) ou le fait que l'alpagueur se retrouve comme par hasard dans la cellule du jeune.
Ce polar n'est pas franchement le meilleur "Bébel", ni le meilleur Labro mais rien que pour la prestation de Bruno Cremer, il vaut quand même son coup d'œil.






 











mercredi 3 septembre 2025

MATADOR DE PEDRO ALMODOVAR 1986

 





Synopsis :

Àngel est élève chez le matador Diego Montes. Sa mère est une catholique intégriste et il est toujours vierge malgré son âge.
Solitaire, il souffre de vertiges fréquents (en regardant les nuages notamment) et est obsédé par sa voisine mannequin.
Un soir il décide de la suivre et de la violer mais éjacule avant d'arriver à faire quoi que ce soit.
Rongé par le remords et influencé par sa mère, il se dénonce à la police mais sa voisine refuse de porter plainte.
Il finit par s'accuser de quatre meurtres survenus dans le coin.
Très vite, on sent bien que Àngel est innocent alors que son avocate, qu'on a vu au début du film tuer un amant, et son maître Montes ne sont pas tout à fait nets...




 

Après quatre films plutôt trash et de qualité plutôt variable, des œuvres plus faites pour provoquer le bourgeois dans l'Espagne post Franquiste en fait, Almodovar nous propose ici une histoire un peu plus structurée, professionnelle en quelque sorte.
Le réalisateur nous présente Antonio Banderas (ou pas comme ici) qui n'était pas encore l'acteur espagnol le plus connu (avec Javier Bardem) et qui deviendra une sorte de double du maître.
Le propos est de faire un parallèle entre la mise à mort du taureau et l'orgasme ultime, sexe et mort, sang et fluide, le rouge étant la couleur dominante : rouge de la cape, rouge sang, rouge de l'éclipse finale.
L'histoire est un peu tordue, on est chez Almodovar, mais on sent bien que le réalisateur a appris à structurer son récit.
Les actrices fétiches font leur défilé : Julieta Serrano joue la mère castratrice avec ses yeux bleu froid, Carmen Maura joue une psychiatre qui va s'enticher du jeune homme, la trans Bibi Àndersen a un petit rôle et on retrouve la rigolote Chus Lampreave (qui me fait penser à notre Laurence Badie) dans le rôle de la mère du mannequin.

Almodovar a depuis un peu renié ce "Matador" mais pour ma part, je trouve que plus qu'une mise à mort on est plutôt ici en présence de la naissance d'un cinéaste original, une sorte de Fellini hispanique.

















mardi 2 septembre 2025

L ' AMOUR À LA VILLE 1953

 





Cet "Amore In Città" est en fait une sorte de documentaire fictionnalisé à sketches, réalisé par des réalisateurs divers comme Fellini, Antonioni et Risi qui en étaient à leur début ainsi que Carlo Lizzani, Francesco Maselli et Alberto Lattuada qui eux feront une carrière plus en dessous des radars.
Cezare Zavattini adapte ici de vraies histoires de femmes dans la Rome d'après guerre, les rôles étant interprétés par des acteurs la plupart non professionnels car en 1953 nous étions encore à l'époque du Néoréalisme dont le Zavattini fut une épée en matière de scénario.
Certains sketches sont traités plus de manière Comédie à l'italienne comme celui de Risi dans celui du bal, celui final d'Alberto Lattuada sur les italiens qui reluquent les jolies pépées ou celui de Fellini qui passe du comique à quelque chose de plus sérieux.
Le sketch le plus mémorable et le plus Néoréaliste nous est présenté par Maselli, narrant l'histoire d'une sicilienne qui se retrouve avec un gosse (le "père" étant parti sans laisser d'adresse), sans travail dans Rome et son administration spéciale, celle-ci devant abandonner son gamin puis finalement être poursuivie par la justice pour cet acte.
Le sketch sur le suicide, réalisé par Antonioni est assez sombre également.







Une œuvre assez bien ficelée, de valeur plus documentaire, sociale, sur les femmes, car il est question d'elles ici plus que d'amour, étant bien souvent obligées de se prostituer pour pouvoir manger et/ou nourrir leur gamins dans l'Italie encore ravagée par la guerre (voir la trilogie romaine de Rossellini pour plus d'information).
Un film féministe, avant l'heure, les hommes n'ayant ici franchement pas le bon rôle sauf dans le sketch de Fellini.
















lundi 1 septembre 2025

REPULSION DE ROMAN POLANSKI 1965

 





Synopsis :

Carole; une jeune femme belge, travaille comme manucure dans un salon de beauté londonien, elle loge chez sa soeur Helen, qui est son opposée.
Dès les premières images, on sent bien que notre héroïne n'a pas la lumière à tous les étages.
Elle est courtisée par un beau jeune homme sérieux mais elle semble plutôt dégoutée par lui, ainsi que par la nourriture.
Hélen, qui entretient une relation avec un homme marié qui dégoute également Carole, part en Italie avec lui pour une dizaine de jours, laissant sa blonde soeur livrée à elle même dans l'appartement dans lequel l'odeur de l'amant est écœurante et surtout à ses fêlures.

Fêlures qui vont s'agrandir encore et encore chez la schizophrène, jusqu'au drame...


 



Pour son premier long métrage hors de sa Pologne natale, Polanski choisi le thriller psychologique d'appartement mâtiné d'horreur pour ce qu'il sera une sorte de trilogie avec "Rosemary's Baby" et "Le Locataire".
En 1961, Bergman nous offrait l'excellent "Par Delà Le Miroir", explorant le thème de la schizophrénie féminine dans le personnage de Karin.
Plus tard, on aura la Mabel de Cassavetes, la Anna de "Possession" et bien d'autres encore.
Les fissures/fêlures sont ici le point central de l'histoire, s'agrandissant au fur et à mesure que les traumas de Carole remontent à la surface, traumas dont on devinera facilement les origines à la fin avec la photo de famille.
Carole, s'est une alors jeune Catherine Deneuve (Polanski tournera son film suivant avec sa soeur Françoise Dorléac) qui trouve ici un de ses plus grands rôles, très éprouvant et exigeant.
La Deneuve, ça n'a jamais été ma tasse de thé (anglais) dans ses rôles français mais je l'apprécie généralement dans ses rôles internationaux, chez Buñuel ou Risi par exemple, où elle est obligée de sortir de sa zone de confort qui est la femme froide introvertie.
La soeur est jouée par Yvonne Furneaux, comédienne franco/britannique à la beauté à tomber par terre qui fera la majeure partie de sa carrière en Italie ("La Dolce Vita", 'Femmes Entre Elles", "Au Nom Du Peuple Italien").
Le film plonge doucement, tel un corps qui s'immerge dans une baignoire, dans l'horreur pure avec les hallucinations de Carole qui prennent vie (très bon effets spéciaux et aussi Polanski qui nous fait le coup du miroir, une figure imposée du genre) ainsi que le sort des hommes qui osent s'aventurer dans l'appartement.
D'ailleurs, autant vous prévenir tout de suite, ce n'est pas un spectacle pour les enfants ou âmes sensibles.

Polanski frappe ici un grand coup, initiant alors sa première période dorée qui se finira avec le fameux bébé de Rosemary et ensuite le meurtre de Sharon Tate enceinte de son enfant par la famille du nain nazi Charles Manson, adoré de certains progressistes.
Deneuve aurait mérité plus de reconnaissance après sa performance.















samedi 30 août 2025

CHANTAGE DE ALFRED HITCHCOCK 1929

 







Synopsis :

Frank est jeune un détective de la Scotland Yard. Il sort avec la jolie Alice qui est assez libérale question relations.
C'est ainsi qu'un soir, elle n'hésite pas à planter Frank pour un peintre.
Celui-ci l'invite chez lui et tente de la violer, Alice se défend et tue le malotru.
Elle erre hagarde dans les rues de Londres puis rentre chez elle. Elle a essayé d'effacer son passage sur le lieu du méfait mais a oublié un de ses gants.
Frank est sur l'affaire et découvre vite le gant en question.
Un témoin, pas vraiment un jeune communiant et bien connu de la justice, va essayer de faire chanter Alice et Frank...







Nous avons affaire ici à un tout premier Parlant européen, tourné à l'époque où les salles n'étaient mais pas équipées pour l'alors nouvelle technologie.
D'ailleurs les cinq premières minutes sont tournées sans dialogues, à la "Muet". Il en est de même pour la scène de la poursuite au  British Museum. Certains codes du Muet demeurent ici aussi, maquillage des comédiens dont les hommes, recours à la pantomime et un certains savoir faire avec les jeux d'ombres et de lumière.
L'histoire est assez conventionnelle, on est pas ici dans "Le Grand Sommeil" de Huston, dont je n'ai jamais réussi à comprendre la trame.
Hitchcock était encore un débutant, même pas 30 ans, mais c'est peut-être son premier bon film, d'une maîtrise qui irradie l'écran et un talent pour la mécanique du suspense.
L'actrice qui joue Alice, Anny Ondra, est l'atout principal du métrage, captivante, passant de la gourde allumeuse à la petite nana traumatisée après le meurtre (l'errance du personnage après le crime est le meilleur moment et peut-être le premier cri du talent d'Alfred), agissant tel un miroir des émotions diverses de l'héroïne.
Le gars qui interprète le maître chanteur/escroc est très bon également.

Certains Hitchcock britanniques m'ont ennuyés tels "La Taverne De La Jamaïque" ou "Numéro 17" mais celui-ci fait figure de monument historique : la naissance d'un géant, du maître du suspens, celui qui enfilera les chefs-d'œuvre dans les années 1950 (et certains dans les années 1940).