Synopsis :
Carole; une jeune femme belge, travaille comme manucure dans un salon de beauté londonien, elle loge chez sa soeur Helen, qui est son opposée.
Dès les premières images, on sent bien que notre héroïne n'a pas la lumière à tous les étages.
Elle est courtisée par un beau jeune homme sérieux mais elle semble plutôt dégoutée par lui, ainsi que par la nourriture.
Hélen, qui entretient une relation avec un homme marié qui dégoute également Carole, part en Italie avec lui pour une dizaine de jours, laissant sa blonde soeur livrée à elle même dans l'appartement dans lequel l'odeur de l'amant est écœurante et surtout à ses fêlures.
Fêlures qui vont s'agrandir encore et encore chez la schizophrène, jusqu'au drame...
Pour son premier long métrage hors de sa Pologne natale, Polanski choisi le thriller psychologique d'appartement mâtiné d'horreur pour ce qu'il sera une sorte de trilogie avec "Rosemary's Baby" et "Le Locataire".
En 1961, Bergman nous offrait l'excellent "Par Delà Le Miroir", explorant le thème de la schizophrénie féminine dans le personnage de Karin.
Plus tard, on aura la Mabel de Cassavetes, la Anna de "Possession" et bien d'autres encore.
Les fissures/fêlures sont ici le point central de l'histoire, s'agrandissant au fur et à mesure que les traumas de Carole remontent à la surface, traumas dont on devinera facilement les origines à la fin avec la photo de famille.
Carole, s'est une alors jeune Catherine Deneuve (Polanski tournera son film suivant avec sa soeur Françoise Dorléac) qui trouve ici un de ses plus grands rôles, très éprouvant et exigeant.
La Deneuve, ça n'a jamais été ma tasse de thé (anglais) dans ses rôles français mais je l'apprécie généralement dans ses rôles internationaux, chez Buñuel ou Risi par exemple, où elle est obligée de sortir de sa zone de confort qui est la femme froide introvertie.
La soeur est jouée par Yvonne Furneaux, comédienne franco/britannique à la beauté à tomber par terre qui fera la majeure partie de sa carrière en Italie ("La Dolce Vita", 'Femmes Entre Elles", "Au Nom Du Peuple Italien").
Le film plonge doucement, tel un corps qui s'immerge dans une baignoire, dans l'horreur pure avec les hallucinations de Carole qui prennent vie (très bon effets spéciaux et aussi Polanski qui nous fait le coup du miroir, une figure imposée du genre) ainsi que le sort des hommes qui osent s'aventurer dans l'appartement.
D'ailleurs, autant vous prévenir tout de suite, ce n'est pas un spectacle pour les enfants ou âmes sensibles.
Polanski frappe ici un grand coup, initiant alors sa première période dorée qui se finira avec le fameux bébé de Rosemary et ensuite le meurtre de Sharon Tate enceinte de son enfant par la famille du nain nazi Charles Manson, adoré de certains progressistes.
Deneuve aurait mérité plus de reconnaissance après sa performance.